Traits principaux de l’hindouisme
Peter B. Clarke (1995) dégage les caractéristiques essentielles de l’hindouisme. Des premiers textes, les Veda, aux plus récents, Brahmana et les Upanishads, le concept suprême évolue : l’ord naturel du monde, la loi cosmique, devient l’âme universelle, pure énergie sans limite. L’objectif final de tous les hindous est le dépassement de soi, en vue de l’accession à cette réalité ultime.
L’âme individuelle de chacun est soumise à une longue chair de naissances, morts et renaissances, celles-ci s’effectuant dans une caste nouvelle (ou dans un être biologique tel qu’un animal) fonction des actes réalisés au cours des existences passées. La délivrance finale s’obtient en se plaçant, lors des réincarnations successives, dans des états de conscience de plus en plus élevés jusqu’à niveau supérieur où l’âme individuelle rejoint enfin l’âme universelle. Cette progression peut se faire par l’une des quatre voies traditionnelles : la dévotion, la bonne conduite, la connaissance et yoga.
La dévotion est une démarche personnelle : sans gourou : rituel, le fidèle parvient à la fusion par la seule force de l’amour d divin. La voie de la bonne conduite consiste à réaliser des actes bons
et à éliminer les mauvais puisqu’ils sont capitalisés d’une existence à l’autre. Autrement, l’aide d’un gourou peut conduire l’initié à la connaissance de la relation entre l’homme et l’univers et à la compréhension transcendantale de l’unité de l’âme individuelle et de l’âme universelle. Enfin, le yoga est une discipline physique et mentale qui permet d’atteindre cette fusion par l’oubli de soi- même.
La finalité de la démarche hindoue est la fusion dans l’absolu. L’hindou traditionnel est déjà sur la voie de la fusion. Dans la maisonnée, il existe en tant qu’élément de la grande famille, parmi le père, les fils, leurs épouses et leurs enfants, les filles jusqu’à leur mariage et souvent des cousins ou des tantes et cousines veuves… A l’intérieur de la caste, il est protégé par le groupe, ses pratiques, ses coutumes, sa solidarité. Loin de ressentir une concurrence, il est parfaitement assimilé et pratique une manière d’être qui le met en accord avec son environnement et avec l’univers. Le dharma est l’ordre divin, le principe d’harmonie dans laquelle chaque élément doit s’intégrer, quel qu’il soit, jusqu’aux simples gestes de la vie de tous les jours. Ceux-ci sont en effet rassemblés dans les prescriptions du devoir de caste. La fusion et l’harmonie sont sans doute les deux termes qui expriment le mieux le fond de cette civilisation. Contrairement à l’Occident qui procède par l’aménagement de son environnement, l’hindou s’aménage lui-même ; à l’Avoir, il préfère l’Etre. La rencontre des deux mondes risque cependant d’altérer sa manière de voir…