Le confucianisme : les pays confucianistes
Les pays confucianistes (Chine, Corée du Nord et du Sud, Hong Kong, Japon, Singapour et Taïwan) sont aussi dissemblables par leur climat que par leur superficie ou par leur poids démographique. Le seul élément commun est culturel : ils sont « sinisés », ayant tous subi la forte influence de la très ancienne et très précoce civilisation chinoise, ce qui s’est traduit par un « fond culturel commun établi plus profondément qu’au niveau de la religion » nous dit Léon Vandermeersh (1986). En effet ce qui caractérise ce monde sinisé, c’est avant tout l’emploi des caractères chinois. Ceux- ci ne sont pas neutres comme ceux de l’alphabet latin ou arabe mais sont « idéographiques » c’est-à-dire qu’ils véhiculent non pas des sons mais directement des idées. Cette particularité de l’alphabet a sans doute contribué à donner une grande homogénéité culturelle à l’ensemble des peuples sinisés malgré la pratique de différentes religions, parfois simultanément. Ainsi le Japonais a souvent deux religions, l’une étant familiale et l’autre personnelle. Cette dernière peut d’ailleurs être un syncrétisme de diverses religions telles que le shintoïsme et le bouddhisme, le taoïsme et le confucianisme, par exemple.
L’une des « religions » qui a le plus influencé l’Extrême-Orient est le confucianisme qui, précisément, n’en est pas une telle que l’Occident la définit : pas de révélation, pas de lien privilégié avec Dieu, pas de Tables de la Loi ou de lois transcendantes. En Chine, au cours des siècles, le confucianisme s’est imbriqué avec, d’une part, le taoïsme, religion vitaliste aimant tellement la vie d’ici-bas qu’elle s’est distinguée par la recherche de l’immortalité physique
et, d’autre part, avec le bouddhisme qui lui n’a qu’un objectif : permettre au fidèle d’arrêter la roue de la réincarnation pour quitter définitivement notre vallée de larmes. Fait remarquable, les trois fondateurs de ces religions. Bouddha, Confucius, et Lao-Tseu ont tous vécu aux environs du Ve siècle avant J.-C. ; les deux derniers se seraient même rencontrés.
Est-ce le résultat de ces trois naissances concomitantes ? Ou le fait que chacune de ces religions ait choisi un champ spécifique du domaine philosophico-religieux ? Toujours est-il que ces trois idéologies se sont développées en interaction permanente, parfois d’une façon conflictuelle, mais jamais l’une d’elles n’a supplanté les autres comme l’a fait le christianisme ou l’islam vis à vis du paganisme ou du judaïsme. En Occident les religions sont exclusives : un croyant est chrétien ou musulman mais pas les deux à la fois ! En Orient rien n’empêche d’être confucianiste et bouddhiste tout en pratiquant certains rites taoïstes. L’œcuménisme en quelque sorte…
Cette différence dans la perception du phénomène religieux explique pourquoi l’homme chinois ou japonais a l’impression que sa religion actuelle est toujours celle de ses plus lointains aïeux. Le monde religieux oriental n’a pas connu les ruptures radicales créées en Occident par les trop nombreuses révélations et interprétations, ce qui lui a valu l’incontestable avantage d’éviter les impitoyables guerres religieuses : l’Orient n’a pas subi les épuisantes luttes confessionnelles de l’Occident. Mais ce système, trop tôt parfait, a peut-être entraîné une stagnation, une routine peu favorable au changement, à l’imagination : après tout la ruche n’évolue pas. Encore convient-il de relativiser les choses : la Chine a longtemps été en avance sur l’Europe et a pratiquement tout inventé avant elle, que ce soit la poudre à canon, l’imprimerie ou la boussole. Mais jamais la technique n’y a remplacé l’homme.
Vidéo : Le confucianisme : les pays confucianistes
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