La magie
La magie est vieille comme l’humanité. Son nom est lié aux mages de l’ancienne Perse. Elle a pour objet de mobiliser des forces occultes, démons ou esprits, pour changer le cours naturel des choses : obtenir l’amour ou la mort de quelqu’un, acquérir richesse ou puissance, faire tomber la pluie, etc.
Les techniques employées sont souvent sinistres et effrayantes ; elles suivent des rites rigoureux comportant la récitation de formules étranges ou des invocations sataniques ; elles font appel à des supports matériels divers et inattendus, tels que mèches de cheveux ou rognures d’ongles, crapauds desséchés, corne de cerf ou de rhinocéros, venin de serpent, poupées et aiguilles… Les cimetières et la nuit constituent l’environnement privilégié de ces pratiques inquiétantes.
Pourquoi évoquer ici ce qui paraît bien être un mélange de charlatanisme et de superstition ? Simplement parce que la magie est encore associée à nombre de religions encore bien vivantes de la famille animiste. La persistance de telles pratiques se comprendrait mal si personne ne croyait à leur efficacité.
Comment se faire une opinion objective sur des activités qui veulent demeurer secrètes et sont réservées à des initiés ? Cette dissimulation est a priori suspecte, mais suspecte de quoi ? Que reprochent à la magie la science et les religions qui la condamnent ?
La magie s’oppose fondamentalement à la science : le savant agit en s appuyant sur les lois de la nature, le sorcier prétend les contourner. A l’analyse, il semble que la magie ne soit le plus souvent qu’un habillage volontairement mystérieux de techniques relevant de l’intimidation et de la prestidigitation, avec ou sans l’aide de plantes médicinales.
La magie s’oppose également à la religion dans la mesure où c’est le sorcier qui détient le pouvoir, même s’il déclare que ce pouvoir est surnaturel : c’est sa technique qui lui permet d’obtenir ce qu’il veut. Dans les religions, le pouvoir est entre les mains de Dieu et c’est par la prière qu’on peut obtenir une faveur, jamais automatiquement.
La persistance de pratiques magiques dans certains religions traditionnelles, comme l’existence de croyants dans toutes les religions qui sont prêts à s’y livrer, repose sur la conviction qu’on peut agir sur le monde de l’inconnu. Il y a beaucoup de naïveté à penser que des gestes rituels, des sacrifices d’animaux, le port de talismans ou de gris-gris peut avoir une efficacité. Pourtant, si la magie ne produit pas l’effet escompté, le sorcier ne se laissera pas décontenancer, il dira qu’une autre influence magique plus forte s’est exercée en sens inverse de son action. Les dieux seraient ainsi ballottés entre les pouvoirs des sorciers, ce qui revient à dire que les dieux n’ont ni pouvoir ni liberté. Une telle contradiction conduit à conclure à la supercherie.
L’efficacité de la magie, si elle existe, est fonction de la crédulité et de l’autosuggestion de celui qui la subit1.