Samantabhadra
C’est « Celui dont la bonté est omniprésente » : il représente la Loi bouddhique et la compassion. Il est souvent adjoint à Manjushrî et est avec celui-ci l’un des acolytes de Shâkyamuni dans le groupe des trois vénérables de Shâkyamuni. Ce Bodhisattva est principalement vénéré par les sectes ésotériques (au Japon par les sectes Tendai et Shingon) ainsi que comme protecteur du Sûtra du Lotus (Saddharmapundarîka- sûtra) par les sectateurs de Nichiren au Japon. Il l’est plus particulièrement encore par les fidèles pratiquant le Hokkesanmai ou « concentration sur le Hoke-kyô », Samantabhadra représentant pour eux « la raison innée et la pratique des exercices et de la concentration».
Dans le Garbhadhâtu Mandata, il est placé au sud-est de Vairo- chana et représente la cause des ascèses dont Ratnaketu représente l’effet. Il est alors l’esprit de la Bodhi et la « Cause excellente » de la « Sapience du grand miroir rond » (Adarshajnâna).
Dans le Vajradhâtu Mandala, Samantabhadra est représenté armé d’un glaive emmanché d’un vajra à trois pointes.
On vénère également, au Japon surtout, Samantabhadra comme « prolongateur de la vie » sous le nom de Fugen Enmei Bosatsu. Il serait alors l’équivalent de Vajrâmoghasamayasattva et serait une interprétation ésotérique de Samantabhadra. Cependant certains auteurs et moines considèrent que ces deux aspects ne représentent pas le même personnage. L’aspect de « prolongateur de vie » trahirait une influence des doctrines taoïques : si cela était, cet aspect serait d’origine chinoise. Il est représenté au Japon sous deux formes principales : assis sur un socle cubique, avec vingt bras, ou assis sur quatre éléphants blancs.
Représentations de Samantabhadra
En Chine il est rarement seul, mais fait plus souvent partie d’une triade. Au Japon, représenté comme un jeune homme (ou un enfant, Chigo Fugen Bosatsu), avec une haute couronne sur laquelle figurent parfois les Cinq Jina, il est réputé être le premier d’entre eux. Il est monté sur un lotus supporté par un éléphant à six défenses. Il peut néanmoins affecter plusieurs formes, tant en peinture qu’en sculpture :
- Assis sur un lotus posé sur le dos d’un éléphant, avec deux bras, les mains en Anjali-mudrâ ou tenant un rouleau des Écritures ; ou bien la main droite tenant un lotus, un sûtra, un sceptre, ou en Abhaya-mudrâ, la main gauche tenant un chintâmani ; ou bien la main droite (paume tournée vers le haut) avec trois doigts allongés sur la poitrine, la main gauche tenant un lotus entouré de flammes (dans le Vajradhâtmj Mandata) ; ou encore la main droite en Varada-mudrâ sur le genou, la main gauche tenant un chintâmani sur la poitrine.
- Avec des bras multiples (surtout en peinture) et assis sur un éléphant couché, la main droite tenant un vajra à trois pointes sur la poitrine, la main gauche tenant une clochette sur la hanche. Il ressemble alors à Vajrasattva.
- Debout sur deux lotus (un pour chaque pied), la main droite en Abhaya-mudrâ, la main gauche paume tournée vers le sol, les doigts légèrement repliés… Dans cette position debout, lorsqu’il fait partie d’un groupe de huit Bodhisattva, il est de couleur jaune et tient une fleur de lotus dans la main droite, la gauche tenant un vajra.
Dans le Saddharmapundarîka-sûtra, on lui assigne dix acolytes féminines gardiennes, les dix Râkshasî (jap. Jû Rasetsunyo). Ces acolytes, des démones géantes et anthropophages converties et passées au service du bouddhisme, ne sont guère représentées que sur des mandala. Dans le Sud-Est asiatique, notamment à Java le stûpa-mandala du Borobudur, Samantabhadra est probablement représenté couronnant la cinquième balustrade. Ses effigies, au nombre de soixante-quatre, regardent tous les horizons. Il a- la main droite en Vitarka-mudrâ, la main gauche reposant sur le creux des cuisses. Ce Bodhisattva est représenté comme un Jina. Mais il se peut que ses ornements de Bodhisattva aient été primitivement peints sur la pierre. Il représenterait donc le Bodhisattva conférant la Sagesse suprême au pèlerin ayant gravi les quatre degrés de la Connaissance, sagesse lui permettant d’appréhender alors les images de Vairochana à demi cachées dans les stûpa ajourés des trois dernières terrasses du monde sans forme (Arûpadhâtu).