Akàshagarbha
C’est « l’embryon de l’espace », le grand Bodhisattva de sagesse et de compassion, le « gardien des trésors infinis ». Au Japon, il fut syncrétiquement identifié au Kami du mont Asama (préfecture de Shizuo-ka), Asama Daimyôjin. Le texte du Kokûzô Bosatsu-kyô décrit ce Bodhisattva comme étant venu détruire tous les obstacles, aider les êtres à sortir de leurs erreurs et leur enseigner à pratiquer les « six sagesses » (Pâramitâ ; jap. Haramitsu). Surtout vénéré par les sectes ésotériques, en Chine comme au Japon, Âkâshagarbha est représenté dans les mandala du Garbhadhâtu et du Vajradhâtu comme une divinité unique, dont les formes peuvent être diverses. Ce Bodhisattva, autrefois très vénéré, est maintenant presque totalement tombé dans l’oubli. Sauf sur certains mandala, il n’est plus jamais représenté. Seule la secte Shin- gon lui rend encore un culte, mais comme celui-ci est la plupart du temps tenu secret, les fidèles généralement l’ignorent.
Représentations d’Akâshagarbha
Il ne semble pas qu’il y ait eu de représentations d’Akâshagarbha en Inde ou en Asie du Sud-Est. En Chine et au Tibet, il est montré assis, la main droite en Varada-mudrâ, la main gauche en Vitarka-mudrâ. Sa coiffure porte les effigies des Cinq Jina et parfois un ornement en forme de stûpa. Il est considéré comme l’un des deux gardiens (avec Acha- lanâtha) de Vairochana, et fait partie des huit Bodhisattva qui entourent les divinités importantes du Mahâyâna.
Selon le Gumonjihô, traduit en 717 par le moine Subhakarasimha, Akâshagarbha est ainsi décrit : « il doit avoir un corps de couleur orangé.Il est assis les jambes à demi croisées sur une précieuse fleur de lotus et son genou droit couvre son pied gauche (Vajrâsana). Son visage est extrêmement beau et exprime les délices et la joie. Sur sa précieuse couronne se voient les images des Cinq Jina assis en Vajrâsana. La main gauche du Bodhisattva tient une fleur de lotus blanche avec une légère teinte rouge, et sur ce lotus repose un chintâmani couleur de béryl vaidûrya et émettant des rayons jaunes. Sa main droite est en Varada-mudrâ avec les cinq doigts pendants et la paume en avant. » Dans ce même sûtra il est appelé le « Bouddha de la pleine lune » : il doit être peint au centre de celle-ci.
Selon le Dai-Kokûzô Bosatsu Nenjuhô, « Rite sur la pensée et la récitation de la Dhârani (formule sacrée) au grand Bodhisattva Âkâshagarbha », et le Himitsu Jirina, il doit tenir dans la main droite un Jotus bleu supportant un « trésor rouge » et de la main gauche réaliser une Abhaya-mudrâ.
Dans le Vajradhâtu Mandala, il prend cinq formes différentes qui sont les aspects contemplatifs des Cinq Jina : ce sont les cinq grands Bodhisattva d’Âkâshagarbha (jap. Godai Kokûzô Bosatsu64). Ils sont représentés comme des Bodhisattva, l’épaule droite nue, avec une haute couronne, des colliers et des bracelets. Ils sont assis en Vajrâsana, les deux pieds cachés par la robe. Selon les textes considérés, les animaux-supports (vâhana) de ces cinq grands Akâshagarbha (jap. Godai Kokûzô) varient. Ce sont généralement le cheval, le lion, le paon, l’éléphant et le faisan doré (ou un Garuda), animaux qui correspondent à ceux des Cinq Jina. Bien que ces formes soient presque toujours représentées dans leurs aspects contemplatifs, on trouve cependant des images d’Àkâshagarbha qui varient, selon les mandala sur lesquels ils sont représentés, et où ils assument souvent des noms différents.
Aspects normaux dans le Vajradhâtu Mandala
- Debout, vêtu en Bodhisattva, l’épaule droite nue, avec une couronne des Cinq Jina assis sur des pétales de fleur de lotus, un chignon en forme de stûpa, les mains en Abhaya-Varada-mudrâ ou bien tenant un soleil et un livre.
- Assis sur un lotus, avec une haute couronne et une coiffure cylindrique, vêtu d’une robe monastique ornée de bracelets et de colliers, l’épaule droite dénudée, la main droite tenant un lotus, la main gauche un crochet à éléphants (angkusha) vertical.
- Assis en Râjalîlâsana sur un lotus (forme appelée au Japon Gumonji Kokûzô Bosatsu), la main droite tenant une tige de fleurs de lotus en boutons, la main gauche en Varada-mudrâ ou tenant un chintâmani ou un lotus blanc.
- Assis sur un lotus (parfois posé sur le dos d’un animal), avec une haute couronne, la main droite tenant un chintâmani, la main gauche serrant une lance69; ou bien la main droite en Varada-mudrâ sur le genou, la main gauche tenant un chintâmani (forme appelée Fukûichi- man Kokûzô Bosatsu au Japon) ; ou encore la main droite tenant un glaive vertical entouré de flammes ou un chasse-mouches (châmara), la main gauche tenant un lotus ou un chintâmani.
Aspects d’Akâshagarbha dans le Garbhadhâtu Mandala
Dans ce mandala, Akâshagarbha est vêtu de blanc et brandit dans sa main droite un glaive entouré de flammes posé sur un lotus, symbole de sagesse rayonnante. De la main gauche il tient un chintâmani posé sur un lotus. Il est coiffé d’un diadème portant les images des Cinq Jina ou des « cinq sapiences » (Panchapâramitâ ; jap. Go-haramitsu). Il a un teint couleur de chair, est entouré de nombreuses divinités qui représentent ses vertus de sagesse.