Divinités syncrétiques du Japon : Sogyo Hachiman – shin
Ce Kami religieux « aux huit bannières » est au Japon une forme « bouddhisée » du Kami de la guerre Hachiman (ou Yahata, Yawata) qui fut intronisé comme divinité protectrice, avec le titre de « Grand Bodhisattva », au temple du Tôdai-ji, à Nara, en 749. Par la suite, il devint la divinité protectrice particulière (Ujigami) de la branche de la famille Minamoto (Genji), descendant de l’empereur Seiwa. Ce Hachiman Daimyôjin serait à l’origine le Kami de l’empereur Ojin, quinzième selon la liste traditionnelle, et qui serait devenu dieu de la guerre sous le nom de Yawata (autre prononciation des caractères sino-japonais formant le nom de Hachiman). On voit dans le Taiheiki l’empereur Go-Daigo sur le chemin de l’exil s’arrêter devant un sanctuaire dédié à Hachiman et prier « le Bodhisattva Hachiman » qui aurait fait le vœu d’accorder la paix et la sécurité aux générations des empereurs. Il est généralement représenté en moine bouddhiste, assis en tailleur, les pieds cachés par sa robe, le crâne rasé, avec un halo rond derrière la tête ; il tient un khakkhara dans la main gauche, la main droite reposant sur son genou (il est alors parfois confondu avec Kshi- tigarbha). Les sanctuaires qui lui sont dédiés, appelés Hachiman-gû, et qui sont les plus célèbres sont ceux de Usa-Hachiman-gû en Higo, Otoko-yama en Yamashiro et Tsurugaoka à Kamakura. Cependant certaines représentations montrent cette divinité en position assise, vêtue comme un noble guerrier, armée d’un arc et de flèches, peut-être par confusion avec les Zuishin (nobles guerriers assis) qui parfois gardent les portes des temples bouddhiques ou des sanctuaires shintô. Nombre de divinités bouddhiques chinoises ont également un aspect syncrétique et sont parfois confondues avec des divinités des panthéons taoïque ou confucéen. Elles sont représentées sous leurs aspects taoïque ou confucéen et ornent les temples chinois appartenant à ces deux courants de pensée. Mais il est rare de les trouver dans les temples bouddhiques. Il est cependant une catégorie de divinités syncrétiques populaires qui connut, tant en Chine qu’au Japon, une grande faveur dans le peuple : ce sont les divinités « donneuses d’enfants ». Appelées au Japon Koyasu, les divinités « donneuses d’enfants » sont des aspects populaires d’Avalokiteshvara et de Kshitigarbha, mais en réalité ce ne sont que des aspects particuliers que les Japonais et les Chinois ont attribué à certaines statues de ces Bodhisattva plutôt qu’à d’autres. Ce sont donc des aspects populaires de divinités bouddhiques plus que des divinités proprement dites. Mais, en raison de leur grande popularité et de leur appartenance au panthéon bouddhique vivant du Japon et de la Chine, nous nous devions de les signaler ici. Ce sont principalement, en dehors de l’aspect « donneur d’enfants » de Kshitigarbha, ceux de Koyasu attribués à Avalokiteshvara et à une divinité appelée Kishimojin ou Karitei-mo (Hârîtî).