La liberté
On
voit
par
ces
exemples
que
le
mot
de
liberté
couvre
des
notions
très
différentes.
En
fait,
être
libre,
c’est
pouvoir
choisir.
Mais
on
ne
peut
pas
rester
sans
choisir
et
dès
que
le
choix
est
fait,
on
perd
une
partie
de
sa
liberté.
La
liberté
est
volatile
et
insaisissable.
Si
la
liberté
est
la
condition
primordiale
de
la
dignité
de
l’homme,
elle
n’est
rien
sans
éducation,
non
pas
une
éducation
imposée
de
l’extérieur
qui
serait
contrainte,
mais
une
éducation
que
l’on
acquiert
par
l’expérience,
la
réflexion
ou
la
conscience.
L’exercice
de
la
liberté
n’est
pas
innocent
:
il
faut
faire
des
choix,
mais
les
choix
n’ont
pas
les
mêmes
conséquences.
En
fait,
la
nature
humaine
est
telle
que
certains
choix
lui
sont
néfastes
et
d’autres
indifférents
ou
profitables.
Rien
d’étonnant
à
cela
:
à
bord
d’une
voiture,
nous
sommes
libres
d’enclencher
la
troisième
vitesse
pour
démarrer,
nous
y
arriverons
peut-être
mais
le
moteur
souffrira.
Notre
mécanique
ne
supporte
pas
non
plus
n’importe
quel
traitement
:
certains
choix
sont
catastrophiques,
chacun
en
fait
un
jour
l’expérience.
L’éducation
de
la
liberté
est
donc
encore
plus
importante
que
la
liberté
elle-même.
On
croit
trop
souvent
à
la
neutralité
ou
à
l’indifférence
des
choix
:
rien
n’est
plus
dangereux.
Il
y
a
un
mode
d’emploi
de
la
vie
à
trouver
pour
chacun
de
nous
qui
évite
un
maximum
de
déboires,
comme
il
y
a
des
choix
qui
nous
conduisent
à
l’abrutissement,
à
l’asservissement
où
à
l’autodestruction.
Nous
sommes
d’autant
plus
libres
que
les
choix
que
nous
exerçons
vont
dans
le
sens
de
notre
nature.
A
cet
égard,
rien
d’étonnant,
dans
l’hypothèse
où
un
Dieu
a
créé
le
moins
de,
à
ce
que
notre
mécanique
marche
mieux
si
nous
en
observons
le
mode
d’emploi.
Pour
le
croyant,
rechercher
la
volonté
de
Dieu
est
la
source
de
sa
liberté.
Le
croyant
est
un
être
souverainement
libre.
Cela
semble
paradoxal
puisque,
vu
de
l’extérieur,
il
se
soumet
aux
règles
de
sa
religion.
Mais
pour
lui,
c’est
précisément
là
qu’il
trouve
sa
liberté,
un
peu
comme
un
poisson
qui
choisirait
d’être
dans
l’eau
plutôt
que
de
s’essayer
à
vivre
au
sec.
La
prière,
en
particulier,
est
avant
tout
l’expression
de
ce
choix
:
on
ne
parle
pas
à
un
Dieu
que
l’on
refuse
de
reconnaître.
Ce
dialogue
est
lui-même
éducation
de
la
liberté.
Par
la
prière,
nous
comprenons
mieux
les
avantages
et
les
inconvénients
des
choix
qui
s’offrent
à
nous.
Curieusement
d’ailleurs
les
croyants
constatent
qu’en
demandant
conseil
à
Dieu,
ils
s’orientent
vers
des
choix
auxquels
ils
n’avaient
pas
pensé
et
qui
s’avèrent
beaucoup
plus
épanouissants.
La
liberté
fondée
sur
Dieu
est,
à
l’expérience,
autrement
plus
large
que
celle
que
l’on
croit
avoir
en
se
passant
de
Lui.
La
grande
liberté
des
enfants
de
Dieu
n’est
pas
un
vain
mot
:
placé
dans
les
circonstances
les
plus
pénibles,
le
croyant
qui
garde
par
la
prière
le
contact
avec
Dieu
se
sent
profondément
détaché
de
ce
que
d’autres
jugeraient
insupportable.
Qu’on
songe
au
père
Kolbe
réussissant
à
chanter
dans
la
chambre
à
gaz
des
Nazis
et
à
faire
chanter
ses
compagnons
de
supplice
alors
que,
bien
évidemment,
on
n’entendait
habituellement
que
des
hurlements
d’horreur.
Cette
liberté
suprême
transcende
la
notion
commune
de
liberté
au
point
que
les
libertés
auxquelles
on
pense
généralement
n’en
sont
que
des
sous-produits.
Pourquoi
Dieu,
qui
donne
à
ceux
qui
croient
en
Lui
de
telles
libertés,
aurai
t-il
des
réticences
à
l’égard
de
libertés
plus
limitées
ou
plus
partielles
?
On
peut
donc
s’étonner
de
ce
que
beaucoup
de
religions
attribuent
à
Dieu
le
souci
de
réglementer
des
détails
aussi
dérisoires
que
la
nourriture
que
nous
devons
prendre
ou
la
façon
de
nous
habiller.
L’un
des
objectifs
des
religions
devrait
être,
au
contraire,
de
nous
aider
à
mieux
nous
servir
du
don
précieux
de
la
liberté
que
Dieu
nous
a
fait…
Rares
sont
les
religions
qui
en
sont
à
ce
point.
Mais
plus
on
a
de
liberté,
plus
les
choix
à
faire
sont
complexes.
Le
corollaire
de
la
liberté
est
de
disposer
des
moyens
d’appréciation
pour
en
faire
un
bon
usage.
A
cet
égard,
on
perçoit
bien
à
quelle
faillite
conduisent
des
systèmes
d’éducation
qui,
par
souci
de
ne
pas
contraindre
la
liberté
des
élèves,
ne
leur
proposent
aucun
système
cohérent
de
valeurs.
Un
délicat
équilibre
reste
à
trouver
pour
que
l’éducation
de
la
liberté
s’accompagne
de
propositions
pour
son
bon
usage.
Les
religions
disposent
d’un
fil
conducteur
pour
nous
aider
dans
nos
choix
:
c’est
l’interprétation
qu’elles
donnent
de
la
volonté
divine
à
notre
endroit.