Le couran
C’est l’archange Gabriel – Djibril en arabe, messager d’Allah, qui a transmis à Mahomet le texte divin du Coran. Cette révélation a été progressive et elle s’est faite par fragments sur une période de 23 ans, 13 ans à La Mecque et 10 ans à Médine. Il est même arrivé que certains versets soient annulés et remplacés par une version ultérieure.
C’est oralement que ce message de Dieu a été transmis et le prophète le dictait alors à un secrétaire. Chaque année au mois de ramadan, le prophète récitait à l’archange Gabriel ce qui lui avait été révélé jusque-là.
On ne sait pas exactement dans quel ordre les différents chapitres du texte ont été révélés. Le troisième calife, Othman, par crainte de divergences entre copistes, décida la rédaction d’un texte de référence unique sur la base des documents que détenaient ses prédécesseurs. C’est ce Coran qui fait aujourd’hui autorité. Ainsi, le prophète n’a jamais effectue
de son vivant une vérification et une compilation des textes écrits de la révélation.
La forme officielle du Coran, admise par tous les musulmans, comprend 114 chapitres, les « sourates », composés d’un nombre variable de versets, dits « ayat » Dans le Coran, les sourates sont classées en commençant par les plus longues et en finissant par les plus courtes. Seule fait exception la première sourate, la fatiha, le « prologue », dont le texte est le suivant :
« Au nom de Dieu, clément et miséricordieux, louange à Dieu, maître des deux mondes, clément et miséricordieux, souverain du jour du Jugement dernier, c’est Toi que nous adorons, Toi dont nous implorons l’aide ; guide nous dans la voie droite, la voie de ceux que Tu as comblés de Tes bienfaits et non de ceux qui ont encouru la colère ni de ceux qui se sont égarés.
La seconde sourate est la plus longue avec 286 versets ; elle s’intitule « la vache » car on y mentionne l’ordre donné par Dieu à Moïse d’immoler une vache ; la plupart des prescriptions concernant la pratique du culte s’y trouvent rassemblées.
La troisième sourate, « la famille d’Imran », comprend 200 versets ; la quatrième, « les femmes », 175 versets et ainsi de suite jusqu’à la 114e, « les hommes », qui n’a que 6 versets.
Le lecteur occidental qui lit le Coran dans une traduction ne peut manquer d’être surpris par l’impression chaotique du texte qui mélange sans aucun lien logique, comme l’Ancien Testament de la Bible, des exhortations morales, des dispositions juridiques, des récits édifiants, etc. Cependant, une bonne part de l’attrait du Coran provient de la beauté poétique de la langue. Le Coran est donc inimitable et constitue un véritable miracle.
Certaines dispositions du Coran, qui constituaient sûrement un progrès pour la société arabe du VI siècle, paraissent aujourd’hui anachroniques, au moins pour un esprit occidentalisé. Par exemple, le Coran codifie certains rapports entre maître et esclave et admet
l’application de la loi du talion (« œil pour œil, dent pour dent »). Quant aux règles relatives à la femme, elles sont conçues pour la protéger au sein d’une société dominée par l’homme : elles paraissent évidemment rétrogrades si l’on se place dans une optique d’égalité de l’homme et de la femme.
1. Sourate serait lié à la racine sur qui signifie « muraille », « rempart » ; on pense qu’il s’agit d’une analogie avec un rempart protégeant un bien précieux ou, ce qui revient au même, de la séparation entre les différents chapitres de la révélation. Le mot aya (pluriel ayat) a le sens de « signe », signe de Dieu. Les 114 sourates totalisent 6 236 versets.
L’application stricte du Coran à l’époque actuelle se heurte donc fatalement à l’évolution moderne des mœurs. C’est pourquoi les fondanien’ talistes musulmans rejettent la société occidentale qui pervertit l’humanité, du fait même qu’elle l’éloigne de la pratique coranique.
Pourtant l’Islam reconnaît que le Coran n’a pas tout réglé des détails de la vie en société : ce qui n’est ni interdit ni recommandé est laissé à la libre appréciation de chacun. C’est donc par analogie avec les dangers de l’alcool que, par exemple, on condamnera l’usage de la drogue. Cette inévitable part d’interprétation pourrait conduire à une lecture « moderniste » de l’ensemble du Coran, ce à quoi le monde musulman ne semble pas, dans son ensemble, encore préparé.
Sans un tel effort, on imagine mal comment l’Islam pourrait s’étendre à l’ensemble de l’humanité, comme c’est sa vocation déclarée.