Les différentes formes de l'Islam
Quoique la référence au Coran donne à tout l’islam son unité, à laquelle les musulmans sont très attachés, il y existe, comme dans les autres grands courants spirituels, des variantes, divergences et divisions internes dont l’origine est souvent bien plus la rivalité d’intérêts politiques ou d’ambitions personnelles que proprement religieuse.
L’islam a, plus que beaucoup d’autres religions, l’ambition de régir l’ensemble du comportement de la société et il se trouve naturellement davantage impliqué dans la vie politique.
Enfin, l’égalité des musulmans devant la loi du Coran permet, peut-être davantage que dans des religions plus hiérarchisées, des interprétations multiples concernant les points non explicitement traités dans le Coran ou la tradition.
On constate en tout cas, au cours de l’Histoire, une prolifération de conflits où se mêlent inextricablement le politique et le religieux sans qu’on puisse toujours déterminer le facteur prépondérant. Une rivalité politique est ainsi le plus souvent justifiée et expliquée par des raisons religieuses qui persistent après la disparition du problème politique et laissent des traces souvent profondes dans l’islam lui-même.
Il est cependant possible de clarifier la description de ces différents courants et tendances en les regroupant en trois grands groupes d’importance très inégale :
– le sunnisme ;
– le chiisme ;
– le kharidjisme.
Le premier, le sunnisme, comprend l’écrasante majorité, près de 90 %> des musulmans.
Le chiisme en compte environ 10 % et le kharidjisme pourrait être passé sous silence s’il n’illustrait assez bien comment a pu naître, dès les débuts de l’islam, ce que certains appellent une secte.
Ce qui différencie fondamentalement ces trois grands groupes, c’est, à l’origine, la question de la légitimité du calife, celui qui est appelé à diriger la communauté musulmane en remplacement du prophète Mahomet.
Pour les sunnites, la légitimité est celle des compagnons du prophète. Leurs successeurs ont été désignés selon divers modes, allant jusqu’à un califat héréditaire de fait.
Pour les chiites, elle s’attache aux descendants au prophète par le sang, par son gendre Ali.
Pour les kharidjites, n’importe quel croyant de vertu irréprochable peut diriger la communauté si celle-ci tout entière le désigne.
Cette querelle de la légitimité date des premières années de l’islam, au moment de la bataille de Siffin en 657, quand s’opposèrent les partisans d’Ali, gendre du prophète Mahomet et quatrième calife, à Muawiyya, gouverneur de Syrie désigné par le troisième calife Othman, et qu’Ali voulait desdtuer. Au cours de la bataille qui tournait à l’avantage d’Ali, les partisans de Muawiyya sollicitèrent une trêve en attachant à leurs lances des versets du Coran. Un arbitrage eut lieu qui fut défavorable à Ali.
Certains partisans d’Ali reprochèrent à celui-ci d’avoir accepté cet arbitrage, tout en continuant de récuser Muawiyya qui avait osé combattre Ali : ils devinrent les kharidjites. D’autres restèrent partisans d’Ali, ce sont les chiites (chi’a signifie « parti »). Les autres sont les sunnites (de sunna, « tradidon »).