Les lamas tibetains
Des différences notables peuvent exister selon les écoles dans l’organisation des monastères bouddhistes du Grand Véhicule. L’exemple que nous avons retenu concerne les lamas de la population Sherpa du Népal plus précisément du monastère de Tengboche, situé à quelques kilomètres de Namche Bazar, au pied de l’Everest.
Fondé vers les années 1925, le monastère se rattache au bouddhisme tibétain, dit aussi tantrique, lamaïque ou du Véhicule du Diamant (Vajrayana). Il appartient au rite de l’ordre Nyingmapa. Ses effectifs comptent un abbé et une trentaine de moines. Un monastère d’une vingtaine de nonnes existe à proximité.
On entre au monastère soit vers 12 ou 13 ans pour y recevoir une éducation solide, soit plus tard en réponse à une vocation. Les parents riches n’encouragent pas cette vocation chez leurs fils uniques pour des raisons d’argent. La considération sociale dont sont entourés les lamas facilite cependant le recrutement, dont la motivation principale reste indubitablement le désir d’acquérir des mérites spirituels.
L’entrée au monastère s’accompagne de vœux prononcés devant le supérieur : ils consistent en l’engagement de rester célibataire et de s’abstenir de toute activité agricole ou commerciale, sauf au profit du monastère. L’admission exige également d’être dégagé de toute obligation, de n’avoir tué ni son père, ni sa mère, ni un lama et de ne pas avoir encore de cheveux blancs. Le postulant accepte d’avoir la tête rasée et de porter un nouveau nom. L’ancien nom est écrit sur un papier qui est symboliquement brûlé.
Chaque lama habite dans une petite maison qu’il construit ou fait construire auprès du monastère. Moines et nonnes doivent pouvoir subvenir pécuniairement à leurs besoins.
La rupture d’un vœu entraîne l’expulsion du monastère mais on peut parfois y être admis à nouveau en tant que laïc, ce qui ne permet pas de participer aux offrandes et cérémonies.
Le supérieur du monastère est soit un lama réincarné, soit un lama réputé. Il est assisté d’un moine conseiller de ses confrères. Un autre moine, plus jeune, est chargé de l’organisation des prières et récitations. On trouve aussi un moine responsable de la discipline interne et un ou deux administratifs élus pour un an et non rééligibles. Dans les couvents de femmes, il n’y a pas d’équivalent de lama réincarné, la supérieure est élue. Les vœux prononcés sont les mêmes que pour les hommes.
La vie quotidienne des moines comporte la participation à l’office du temple, généralement le matin, l’étude et l’enseignement, ou encore la pratique d’un art sacré. Les moines doivent savoir confectionner des offrandes qui symbolisent les dieux ; on les fabrique avec de la pâte d’orge
et du beurre. Il faut également savoir jouer d’un des instruments liturgiques, cymbale, tambour, trompette ou flageolet, qui servent à appeler les divinités. De nombreuses fêtes, dont la durée peut atteindre 15 jours, émaillent l’année. Elles ont pour but d’écarter les mauvais esprits, de protéger les récoltes, de demander le pardon de fautes, etc. Il s’y ajoute la célébration des événements de la vie, et surtout de la mort.
Quand il n’y a pas de monastère à proximité, les habitants font appel à un « lama » de village, souvent un ancien lama expulsé de son monastère pour manquement à la chasteté, souvent aussi un simple laïc qui ne prononce pas de vœux mais se sent attiré par l’exercice du culte. Cette activité, contrairement à celle des moines, est compatible avec une vie professionnelle et familiale normale.