Les rites alimentaires
Il serait assez raisonnable de ne considérer la nourriture que comme un carburant nécessaire à notre vie. La plupart des religions ne l’entendent pas ainsi et y mettent leur grain de sel :
– Certaines d’entre elles, comme le judaïsme et l’Islam, interdisent expressément des aliments qui seraient, par nature, impurs et dont la consommation serait contraire à la loi morale.
– L’hindouisme pousse le respect de la vie jusqu’à prescrire une nourriture purement végétarienne. Cette exigence est liée à la croyance que l’âme humaine peut, après la mort, se réincarner dans un animal si les actes du défunt ne lui ont pas mérité un meilleur sort. Le bouddhisme, pourtant dérivé de l’hindouisme, n’a pas la même rigueur, bien que les moines suivent le plus souvent un régime végétarien.
– Presque toutes les religions considèrent le jeûne volontaire comme une technique pour fortifier la volonté et une marque de solidarité avec les plus pauvres. L’excès de nourriture, en qualité ou en quantité, est considéré comme une offense à l’égard des affamés.
– Les religions primitives considéraient fréquemment que la consommation de la chair d’un animal permettait d’en acquérir la force ou les qualités. Nous disons encore : « Il a mangé du lion. » Dans cette ligne de pensée le cannibalisme rituel est encore parfois pratiqué aujourd’hui : il est supposé permettre d’acquérir les vertus du mort, qu’il s’agisse d’un ennemi ou d’un parent très cher.
– La nourriture prend aussi parfois un caractère sacré, soit qu’on l’offre aux dieux pour qu’ils s’en repaissent et accordent leur bonnes grâces, soit qu’elle leur soit simplement présentée pour être bénie. Dans l’hindouisme de Bali, les processions de femmes portant au temple sur leur tête des monceaux de fruits et de gâteaux sont un spectacle quotidien.
– Dans la plupart des religions chrétiennes, la commémoration du dernier repas que le Christ prit avec ses apôtres, plus précisément la consécration du pain et du vin par le prêtre, constitue le point culminant du culte.
Quelques exemples plus détaillés illustreront cet intérêt étonnant des
religions pour notre nourriture.