Trailokyavijaya
Ce Vidyârâja « roi vainqueur des trois mondes » est, à l’est, la manifestation terrible d’Akshobhya. Il est parfois appelé Vajrahûmkara (jap. Un-kara Kongô) et est alors une des formes des Ni-ô. Il est également appelé au Japon Shôzanze Myô-ô, Funnugatsu-enson et Sonba Myô-ô. Comme son nom l’indique, il triomphe des « trois poisons », avarice, ignorance et colère et des « trois mondes » ou passions symbolisés par ses trois yeux. Dans le Vajradhâtu Mandata il est représenté entouré de flammes, portant un diadème précieux et tenant un vajra à la main. Dans le Garbhadhâtu Mandala il est assis sur un lotus sur un fond de flammes ; il est nu jusqu’à la ceinture et orné de colliers et de bracelets ; il possède quatre visages furieux avec trois yeux chacun ; ses deux crocs dévorent l’ignorance et le péché, et sa chevelure est hérissée. Il est bleu-noir ou noir. Sa mudrâ distinctive est appelée « des deux ailes » (jap. Niwa-in) ou encore Gôzanze-in : elle symbolise à la fois le vajra à une pointe qui brise le pouvoir des trois poisons et son vœu principal . Il a aussi parfois les mains croisées sur la poitrine en Krodhamushti- mudrâ (jap. Funnu-ken-in).
Ses images se rencontrent rarement en Inde ( Foucher en signalait une à Bodh-Gâyâ, Bihâr) et à Java, et il semble avoir été très peu connu dans le reste du Sud-Est asiatique. Il ne fut guère vénéré et représenté en Chine. En revanche, ce Vidyârâja connut une certaine popularité au Japon.
Les images de Trailokyavijaya le représentent généralement debout, dans une posture dynamique, posant le pied gauche sur Ma- heshvara-Shiva (jap. Daijizai-ten) qui représente les passions humaines, et le pied droit sur l’épouse de celui-ci (Pârvatî, Umâ ; jap. Daijizai-tennyo, Umahî) qui symboliserait l’obstacle (Jneyâvarana) représenté par les objets de la Connaissance. Il rejoindrait ainsi Achalanâtha (Fudô) dans sa lutte contre ces deux divinités du panthéon brahmanique, mais pour des raisons différentes toutefois.
Trailokyavijaya est généralement représenté avec huit bras, dont les deux mains principales réalisent sa mudrâ spécifique. De ses autres mains droites il agite une sonnette, tient une flèche et un glaive ; avec ses mains gauches, il tient un trident ou un angkusha (croc à éléphants), un bâton, un arc, une corde (ou parfois une roue).
Sa couronne de flammes exprimerait sa colère contre les « trois poisons ». Il arrive enfin que Trailokyavijaya soit représenté assis sur un lotus blanc. D’autres formes de cette divinité terrible sont également décrites dans les textes, mais elles ne sont pratiquement jamais représentées. Au Népal et au Tibet, il fut surtout montré sous l’aspect de Vajrapâni.