Un phénomène purement japonais
Si l’adhésion à une religion consiste à se reconnaître comme créature de Dieu, on peut dire qu’être shintoïste, c’est se sentir membre de la communauté japonaise.
Rares sont les mouvements d’inspiration philosophique ou religieuse qui soient aussi nettement et exclusivement rattachés à un peuple que le shinto. Le shinto est avant tout l’expression profonde de la culture ancienne des japonais. Il peut à cet égard se comparer à beaucoup de religions animistes d’Afrique Noire dont les pratiques sont limitées à une ethnie déterminée.
Bien sûr, la force du shinto est d’être celle d’un peuple particulièrement développé de plus de 100 millions d’âmes, mais, considéré sous l’angle philosophique ou religieux, le shinto laisse perplexe.
Son origine remonte aux fonds des âges et il s’apparente plutôt aux religions animistes des anciennes populations sibériennes.
Le shinto considère comme divins aussi bien des forces de la nature que des animaux ou des hommes célèbres. Ces divinités s’appellent Kami1 en japonais et leur équivalent chinois est shin. To ou do signifie « voie »ou « méthode » en sino japonais. Ainsi shinto est littéralement la « voie des divinités ». La plus importante divinité est le soleil qui, entre autres vertus, protège contre les invasions. On peut donc dire que le drapeau du Japon est un symbole shinto. Le nom du pays lui-même, Nippon, s’écrit avec deux caractères chinois : ni, « soleil » et pon, « racine » d’où la traduction d’Empire du Soleil levant. Japon est tiré de la prononciation chinoise des mêmes caractères, Je-ben. Cependant le soleil n’a pas un rôle hiérarchique parmi les divinités shinto : chacune a sa place.
Les Kami inspirent le plus souvent une crainte respectueuse. On trouve parmi eux des montagnes, des animaux comme le tigre, le serpent ou le loup ; et l’empereur lui-même. Un ministre impérial du IX siècle est le Kami de la calligraphie. Il y aurait huit cent millions de Kamis et le Japon a pour surnom Shinkoku, « le pays des divinités ».
Le shinto ne connaît pas de Dieu suprême et le ciel, contrairement aux croyances chinoises, n’est pas une divinité mais le séjour des Kamis.
Les Kamis sont supposés intrinsèquement bons mais on trouve de nombreuses exceptions. On prie les Kamis à diverses occasions : pour obtenir la pluie ou de bonnes récoltes, pour le couronnement de l’empereur, etc.
En fait, le shinto ne comporte pas de doctrine établie mais il constitue un ensemble de pratiques qui, à l’origine, variaient sensiblement d’un village à l’autre.