Yamantàka
C’est une manifestation terrible d’Amitâbha, émanée de Manjushrî, et située à l’ouest. Ce Vidyârâja, souvent considéré comme un Dharma- pâla, est censé combattre les maux, les poisons et, ayant vaincu le dieu des morts, Yamarâja (jap. Enma-ô), il est appelé pour cette raison (au Japon) Gôenmason ou encore Enmatokukainu-ô. On le nomme également, eu égard à ses six visages et ses six jambes, Rokumenson (le Vénérable aux six faces) et Rokuson Myô-ô (roi de Science magique aux six jambes).
Il est mentionné comme étant l’un des Bodhisattva faisant partie du cortège d’Amitâbha lors de l’accueil des fidèles dans son paradis. On le représente généralement assis sur un bœuf blanc (ou sur un buffle blanc), les jambes pendantes de chaque côté de l’animal, ou deux jambes en Padmâsana sur le dos de l’animal, les autres pendantes de chaque côté (au Daigo-ji, à Kyôto), ou encore, mais plus rarement, assis sur un rocher. En peinture, le buffle est parfois montré couché sur une grande feuille de lotus. Yamântaka est vêtu d’une robe monastique et est décoré de bracelets et de colliers. Son corps est de couleur noire (ou bleu foncé, ou vert foncé). Il possède six visages à trois yeux chacun, six bras et six jambes. Ses visages (lorsque celui-ci apparaît unique, les autres se trouvent placés dans sa coiffure) ont un aspect féroce. Ses bouches sont entrouvertes pour dénoncer ce qui fait obstacle à l’illumination. Ses six têtes, ses six bras et ses six jambes symboliseraient les six Gati ou « voies de la transmigration », accomplissant les six perfections (Pâramitâ) et exerçant les six pouvoirs magiques. Il est toujours entouré de flammes.
Dans le Garbhadhâtu Mandala, sous le nom de Enmatokukai Kongô, il est situé au sud-ouest : son corps est alors bleu-noir et il est assis sur un buffle ou un bœuf de même couleur : dans ses mains droites il a un glaive, une flèche et un bâton ; dans ses mains gauches un trident, un arc et une corde. Sa position la plus commune est les deux jambes croisées en Padmâsana, les deux autres reposant à terre à droite, les deux dernières repliées sur le flanc de l’animal. Il a alors trois têtes de face (celle du centre ayant l’aspect d’un Bodhisattva, une image d’Amitâbha la surmontant parfois).
Dans certains cas, Yamântaka peut ne posséder qu’une seule tête et deux bras ; il tient alors un angkusha ou un trident de la main droite, et un vajra de la main gauche. Dans d’autres, Yamântaka est représenté debout sur un buffle courant : il a ses trois jambes droites levées, les trois gauches étant posées sur le dos de l’animal. De deux de ses bras il tire une flèche terminée par un triple vajra. Il possède alors six visages.
Au Népal et au Tibet, il peut avoir l’une quelconque de ces formes, ou bien une tête de buffle couronnée de crânes, avec un troisième œil sur le front, deux bras dont les mains tiennent à droite un couperet (tib. grigug) et à gauche un crâne humain (kapâla).
Cependant certains textes tantriques tels que le Shrîmahâvajrabhairava Tantra le décrivent comme ayant seize jambes, trente-quatre bras, neuf têtes, le corps nu et noir. L’image de Manjushrî apparaît parmi ses têtes (et aussi celle d’un buffle). Ses pieds droits piétinent des animaux et ses pieds gauches des oiseaux (ou des démons). Ses mains tiennent des attributs tantriques.
Sur la plupart des peintures tibétaines, il a un diadème de crânes, une ceinture de crânes et parfois porte une dépouille humaine. Il est souvent représenté en Yab-yum avec sa Shakti.
Sous le nom de Yamâri, il est seul et tient un bâton surmonté d’une tête humaine et une calotte crânienne. Il piétine du pied droit un cadavre ou un buffle .Il est considéré comme l’équivalent de Bhairava, et est également un des Yi-dam de la secte tibétaine des Dge-lugs-pa (Bonnets jaunes).