Le confucianisme japonais: confucianisme japon
Venu de la Chine dès le VIe siècle, le confucianisme se transforma quelque peu au contact de l’identité japonaise. Très tôt des différences essentielles apparurent dans le gouvernement des deux empires. Tandis que la Chine ne parvint jamais à résoudre de manière harmonieuse le délicat problème de la succession impériale, le génie japonais y apporta une solution originale en séparant le pouvoir temporel du symbolique pouvoir impérial. En général l’empereur confiait la gestion politique de l’empire à des sortes de maires du palais, des premiers ministres, les shoguns qui eux ne manquaient pas de s’entre-tuer pour prendre le pouvoir. Mais l’empereur restait au-dessus de la mêlée. Ce système a permis à l’actuelle dynastie d’être la plus ancienne famille régnante du monde. Les empereurs issus de cette remarquable lignée furent, dans l’ensemble, beaucoup plus sobres, beaucoup plus sages que leurs homologues chinois : il n’y eut jamais à la cour impériale japonaise de harems et d’eunuques dont les intrigues combinées perdirent tant d’empereurs chinois.
Pour Hjdéo Kamata (1993) ces variations dynastiques proviennent bien d’une orientation un peu différente du même confucianisme. En Chine, c’est le côté philosophique de la doctrine qui s’est développé pour aboutir au système bureaucratique des dynasties chinoises. Tandis qu’au Japon, la théorie de l’empereur « père de la nation » a été prise au pied de la lettre. Cette relation de type familial, donc émotive, sentimentale, se retrouve dans toutes les relations « sociales » japonaises et forcément dans celles qui existent au sein des sociétés industrielles. Elle explique sans doute en partie le caractère particulier de ces sociétés et leurs hautes performances.
Pour Michio Morishima (1987), les grandes différences entre les confucianistes chinois et japonais portent sur le nationalisme et la conception de la bonté. Maître Kong était un humaniste qui, habitant le dominant Empire du Milieu, ne vit jamais la nécessité de défendre des idées nationalistes. Tandis que les Japonais, face à leur puissant voisin, développèrent quelques complexes d’infériorité qui entraînèrent très normalement des réactions nationalistes, une militarisation développée et un isolationnisme poussé. Sans doute cette réaction de peur fit que, parmi les vertus confucéennes, la bonté fut un peu oubliée. L’accent fut plutôt mis sur le courage, la confiance, la frugalité, la loyauté, qui, au cours des temps, devint la vertu première. Encore faut-il préciser que le terme loyauté n’est pas interprété exactement de la même façon dans les deux empires. A l’origine, pour le Maître, être loyal signifiait surtout être honnête avec soi-même, avec sa conscience et cette honnêteté pouvait entraîner un désaccord avec le pouvoir, avec l’autorité supérieure. C’est d’ailleurs cette haute vertu qui valut à de purs confucéens d’être brûlés par le pouvoir. Au Japon, être loyal signifiait surtout être fidèle à son seigneur ou à son empereur, quitte à oublier la voix de sa conscience. En ce sens les kamikazes représentèrent l’exemple extrême de sujets loyaux.
Vidéo : Le confucianisme japonais
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