Le catholicisme : Le contrôle des naissances
Suivant la théologienne catholique Uta Ranke-Heinemann (1990), la haine séculaire de l’Église envers la sexualité n’est pas issue du judaïsme mais plutôt du paganisme : le monde gréco- romain voyait dans l’acte sexuel un exercice dangereux, incontrôlable et dépensant inutilement l’énergie. La sexualité a été considérée de plus en plus sévèrement au cours des deux premiers siècles de notre ère, marquée par le triomphe du stoïcisme déjà ennemi de l’hédonisme. Très tôt les penseurs chrétiens s’appuyèrent sur cette philosophie pour élaborer leur théorie de la sexualité privilégiant l’abstinence et valorisant le célibat.
Ce pessimisme vis-à-vis de la vie, de la sexualité est tout à fait étranger à la pensée juive originelle. Toutefois sous l’influence de la Gnose, doctrine venue d’Orient, pour qui le corps n’est qu’un cadavre doué d’intelligence, le philosophe juif Philon d’Alexandrie, contemporain du Christ, élabora une conception du mariage, de la
sexualité, qui est pratiquement encore celle de l’Église actuelle. Pour Philon la relation conjugale ne se justifie que par la procréation et en aucun cas par la jouissance ; aussi s’oppose-t-il violemment à la contraception et, bien sûr, à l’homosexualité. En matière de morale sexuelle, Jean-Paul II emprunte davantage à Philon qu’au Christ. Le sentiment de supériorité des « chastes » était tel, à l’époque du Christ et dans les siècles suivants, que l’empereur Domitien, décédé en 96, dut prendre des mesures répressives à l’encontre des hommes qui, dans un souci de pureté, de renoncement, se castraient. Hadrien, décédé en 138, punit même de mort, fj ceux qui, sans autorisation administrative, pratiquaient ou recouraient à la castration. C’est en voulant se montrer à la hauteur des « païens » que les chrétiens développèrent alors un idéal de pureté, de virginité, de célibat n’émanant ni de l’ancien ni du nouveau testament mais toujours d’actualité chez les hauts dignitaires de l’Eglise catholique.
Le passage de St Matthieu (19, 10) concernant les eunuques qui se sont rendus tels en vue du Royaume des Cieux – et dont Jean-Paul II s’inspire toujours pour maintenir le célibat des prêtres – n’est-il pas un simple constat du Christ vis-à-vis d’une réalité bizarre mais que l’on retrouve dans diverses sectes religieuses, en Inde et en Russie notamment ? L’Eglise adopta une solution très ambiguë vis-à-vis de ces paroles bibliques : comme l’Empereur, elle interdit à ses clercs de se rendre eunuques mais, au cours des temps, elle les condamna à vivre comme tels, ce qui leur créa quelques problèmes existentiels. Toute l’histoire de la sexualité vue par les Pères de l’Église et par les théologiens est imprégnée de cet état particulier.
Il n’est pas possible de développer, ni même de résumer les errances, les horreurs, les crimes qu’entraînèrent, au cours des siècles, les phobies de ces « eunuques pour le Royaume des Cieux ». Que ce soit par les attaques contre les juifs « lubriques » ou par les bûchers allumés pour les hommes ou les femmes ayant eu commerce avec les succubes ou les incubes chers à Saint Thomas d’Aquin, on retrouve continuellement, au cours des âges, chez les clercs de l’Église, la haine du sexe, de la femme, de l’amour. Et malheureusement les résultats de ces phobies en cette fin du XXe siècle sont encore dramatiquement présents.
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