Le catholicisme : L’encyclique Casti Connubii
Tandis qu’en 1928 la contraception est reconnue comme moralement licite par l’Église anglicane, Pie XI s’y oppose radicalement et le déclare en 1930 dans l’encyclique Casti Connubii afin d’informer « l’Église du Christ, et même le genre humain tout entier, de la nature du mariage chrétien, de sa dignité, des avantages et bien
faits qui s’en répandent sur la famille et sur la société humaine elle- même, des très graves erreurs contraires à cette partie de la doctrine évangélique ; des vices contraires à la vie conjugale, enfin des principaux remèdes auxquels il faut recourir ». Tout un programme.
Après avoir rappelé l’enseignement du Créateur : « Croissez et multipliez-vous et remplissez la terre », Pie XI parle de l’absolue unité conjugale du premier de tous les mariages, celui d’Adam et d’Eve avant de déclarer : « Et bien que, ensuite, le Suprême Législateur divin ait, pour un temps, relativement relâché la rigueur de cette loi primitive, il est absolument certain que la loi évangélique a restauré en son intégrité cette parfaite unité primitive et qu’elle a aboli toute dispense : les paroles du Christ et l’enseignement constant de l’Église comme sa constante façon d’agir le montrent à l’évidence ». Pie XI feint d’ignorer les hésitations de l’Eglise en la matière suscitées notamment par les paroles du Christ suivant Saint Matthieu (19, 9). Heureusement que les papes sont là pour pallier aux relâchements du « Suprême Législateur ».
L’encyclique rappelle, bien sûr, l’ordre de l’Amour suivant Saint Augustin : « Cet ordre implique et la primauté du mari sur sa femme et ses enfants, et la soumission empressée de la femme ainsi que son obéissance spontanée, […] ». Difficile de concevoir un amour plus macho. Il est vrai que la femme n’est, par rapport au mari, que « la chair de sa chair, et l’os de ses os » ! Enfin arrive la condamnation solennelle de l’erreur : « Puisque l’acte du mariage est par sa nature même destiné à la génération des enfants, ceux qui, en l’accomplissant, s’appliquent délibérément à lui enlever sa force et son efficacité, agissent contre la nature, et ils font une chose honteuse et intrinsèquement déshonnête ». Et de raconter l’histoire d’Onan, revue et corrigée par Saint Augustin, pour conclure que Dieu punit parfois de mort ce « forfait abominable ». L’encyclique recommande ensuite aux confesseurs « de ne point laisser dans l’erreur touchant cette grave loi de Dieu les fidèles qui leur sont confiés, […] ».
Les éminents théologiens et le pape lui-même, hommes informés, intelligents et compatissants s’il en est, ont bien compris que cette dure loi divine d’amour pourrait entraîner quelques difficultés matérielles pour les pauvres trop féconds : « Pareillement nous touchent-ils au plus intime du cœur les gémissements de ces époux qui, sous la pression d’une dure indigence, éprouvent la plus grande difficulté à nourrir leurs enfants. Mais il faut absolument veiller à ce que les funestes conditions des choses extérieures ne fournissent pas l’occasion à une erreur bien plus funeste encore ». Bref, pour être clair, il est plus grave d’éviter de mettre au monde un enfant que de le laisser mourir de faim. Pour pallier à une telle
solution, la dernière partie de l’encyclique est consacrée aux remèdes. Ils sont simples pour ne pas dire simplistes ; et de renvoyer à Rerum Novarum prescrivant que « le régime économique et social soit constitué de façon à ce que tout père de famille puisse gagner ce qui […] est nécessaire à son entretien et à celui de sa femme et de ses enfants ». Enfin l’encyclique recommande « que les époux eux-mêmes […] s’appliquent à pourvoir d’avance aux charges et aux besoins de leur avenir » et en appelle à la charité chrétienne pour compenser ce qui manque aux indigents.
Cette encyclique, non seulement affligeante, est criminogène. Les seules excuses dont peuvent se prévaloir leurs auteurs sont d’être des mâles célibataires (jamais des mères de famille n’auraient écrits tant d’inepties à propos de la contraception) et d’être entretenus : ces hommes ne vivent que par la charité chrétienne et s’imaginent que celle-ci peut résoudre tous les problèmes de la pauvreté. Par contre, et c’est plus curieux, ces hommes de Dieu en principe instruits, ne semblent avoir aucune connaissance démographique ou simplement mathématique. Sinon ils auraient dû savoir que toutes les civilisations ont toujours pratiqué un certain malthusianisme sous peine d’exploser. En 1930 la mortalité avait déjà très nettement régressé et, sans contrôle des naissances, l’accroissement démographique annuel aurait pu atteindre 5 % et même plus au fur et à mesure que la part de la population en âge de procréer augmentait. A ce rythme nous serions déjà 37 milliards actuellement et en 2130, soit deux cents ans seulement après l’encyclique, il y aurait 34 322 milliards d’humains prêts à engendrer à nouveau pour augmenter le nombre d’invités au banquet céleste ; ils seraient, un petit siècle plus tard, 4496182 milliards d’individus, soit 284 par m2 de terres émergées, glaciers et déserts compris.
Pour Pie XI cette densité ne pose aucun problème car : « Dieu ne commande pas de choses impossibles ». Dieu non, mais les papes oui. Tellement impossibles que Rome fut contraint de rapidement revoir sa position. Se posa alors pour le Vatican le redoutable problème de dire le contraire de ce qui a été proclamé solennellement sans donner l’impression de se contredire. En effet un pape peut admettre un relâchement divin mais certainement pas celui de l’Église et encore moins celui d’un pape infaillible.
Vidéo : Le catholicisme : L’encyclique Casti Connubii
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