Le bouddhisme : Le mysticisme
La démarche de Bouddha, dans son retour vers la fusion originelle, loin du signe, est mystique. Il recommande « Quand tu bois, bois ; quand tu manges, mange ». Il faut vivre ici et dans le présent. Les Japonais, dans l’adaptation zen du bouddhisme, développeront des pédagogies du mysticisme. Le mystique attaque l’ordre du signe, son décalage par rapport à la réalité, à la présence. Il réduit les articulations mises en place par le signe : dans le bouddhisme, la séparation animiste « nous — les étrangers » disparaît, l’incommunicabilité des castes brahmaniques est dissoute. Par contre, l’opposition « hommes – femmes » est maintenue, Bouddha accroissant les contraintes sur les femmes qui veulent entrer dans sa religion. Dans le christianisme, l’articulation « hommes – femmes » ne disparaîtra pas, par contre les articulations sociales seront remises en question : le publicain, collaborateur des Romains, sera relevé de même que la prostituée.
Les mystiques saperont le signe et les différences qu’il crée entre les individus, pour glorifier le corps de l’autre, dans une démarche opposée à la cruauté. Le mystique ne répond pas à une question, il y oppose une parabole. Il pratique l’aphorisme, le paradoxe, le discours décousu, le discours poétique… pour sortir du signe, pour retourner à un silence animal, pour redescendre dans le corps. Pour rejoindre le fondu originel, l’acte ultime étant la mort et la décomposition. Les Grecs, déjà, avaient réagi de cette façon à la trop prégnante culture : Empédocle s’était jeté dans la fournaise de l’Etna, abandonnant ses sandales d’airain – le signe – au bord du cratère, et Platon, à la fin du « banquet », introduit la dimension mystique en plongeant ses hôtes dans l’ivresse et dans le sommeil !