Les Séfévides de perse ( 1499-1722)
La dynastie séfévide qui s’appuya sur le nationalisme persan fonda le premier État iranien vraiment indépendant, vivant en marge du monde arabe musulman avec le shiisme comme religion officielle et le persan comme langue.
L’histoire de la dynastie
L’origine
Un ordre religieux est à l’origine de l’Empire séfévide, celui fondé par un ascète, le cheikh Safi ed Din 11252-1334), qui se proclamait descendant du Prophète et d’Ali. Il groupa des disciples à Ardebil en Adher-baïdjan et son sixième descendant, Ismaïl (1499-1524), chef d’une tribu nomade, prit le titre de Shah à Tabriz.
Il établit peu à peu son pouvoir sur la Perse occidentale et sur l’Irak, mais se heurta à l’ouest au sultan ottoman Selim Ier. Il institua le shiisme comme religion d’État. Ses descendants eurent à lutter contre les Turcs et les Ouzbeks et furent affaiblis par des rivalités intestines.
Le règne de Shah Abbas le Grand (1587-1628)
En 1587, fut élu un jeune Séfévide, Shah Abbas, qui trouva le royaume dans un état lamentable. Il signa d’abord en 1590 une paix désastreuse avec les Otto- mans pour se consacrer à la lutte contre les Ouzbeks qu’il repoussa au nord de l’Amou Daria. Il réorganisa l’armée, se constitua une garde d’élite formée d’hommes recrutés dans toutes les tribus et se lança dans une politique conquérante. Il reprit l’Adherbaïdjan et ^ Irak aux Turcs, enleva Ormuz aux Portugais et Kan-dahar au Grand Mogol de l’Inde. Il utilisa des Européens, comme les frères Shirley, qui lui créèrent une artillerie moderne. Ce fut l’âge d’or de la dynastie. Il fit un gros effort pour créer une administration centralisée et pour doter son pays d’un bon réseau de communication. Il choisit comme capitale Ispahan et fit de Meshshed un grand lieu de pèlerinage destiné à remplacer La Mecque. Il fut aussi un despote cruel et sanguinaire, n’hésitant pas à éliminer ses propres fils. Il s’appuya sur les tribus nomades tandis que les paysans sédentaires étaient durement exploités.
La fin de la dynastie
Après Shah Abbas, la dynastie connut un déclin rapide. Dès 1638, les Ottomans reprirent Bagdad et l’Irak. Les shahs, débauchés et faibles, perdirent leur autorité ; la vénalité s’installa dans la fonction publique ; les impôts rentrèrent mal, et de ce fait, l’armée fut mal payée. Les populations afghanes sunnites chassèrent les Séfévides en 1722 et la Perse fut successivement dominée par les Turkmènes et les Qadjars.
Une civilisation originale
Le shiisme s’implanta solidement et contribua à »développer ches les Persans un patriotisme qui se nourrissait du Livre des rois de Firdawsi et des poésies de Saadi et Hafidh. Les poètes persans comme Kachani (mort en 1588), Wakhchi (mort en 1583), Sahabi (mon en 1601) et Tabrizi (mort en 1677) se firent les chantres des imams shiites.
La grandeur des Séfévides s’exprime dans l’art et c’es à Ispahan que se reflète la gloire du règne de Shal Abbas. Celui-ci aménagea sa capitale en fonction d’un véritable plan d’urbanisme : les monuments encadrent la magnifique esplanade de la place royale. C’est uni suite ininterrompue d’arcades à deux étages. Les grands portails se font face comme ceux du palais d’Ali Kapou et de la Grande Mosquée royale : Masd jid-i-shah (1612-1613). « Un siècle avant que fussent conçues les orgueilleuses perspectives de Versailles cet oriental avait rêvé et créé des symétries grandie ses, des déploiements d’avenues que personne après lui n’a su égaler », écrit Pierre Loti. Les monuments s’harmonisent admirablement avec leurs merveilleux jardins. La mosquée Masdjid-i-shah reprend le plan traditionnel des quatre iwams autour d’une couple autonome. Le palais Ali Kapou est un élégant dont l’étage supérieur, s’appuyant sur des tes de bois, servait de tribune au shah pour aux parties de polo qui se déroulaient sur la s autres palais et pavillons dispersés dans les t Palais des quarante colonnes », Chagar Bagh Satun, ont comme Ali Kapou des toits soute- de fines colonnes de bois. Les peintures qui l’intérieur sont merveilleuses. Tous les monuments recouverts d’un éclatant décor émaillé où le bleu outremer. « Tout ici est couleur, délicatesse harmonie. L’architecture donne le ton à tous les arts. Le travail du métal montre une recherche et une invention nouvelles dans le domaine des for- textiles sont magnifiques et d’une extraordinaire virtuosité technique, les faïences décoratives t toute leur splendeur… », Note D. Talbot-Rice.
Les potiers créèrent des demi-faïences imitant le plus les modèles de porcelaine chinoise. Les XVIe siècles eurent de grands peintres de peintures ou de miniatures : Riza-i-Abbasi, son fils Muhamed Shafi et son disciple Muin Musaffar. irt du tapis ainsi que celui du velours atteignirent des sommets.