Les Frères moraves
Cette Eglise de sensibilité luthérienne est l’une des plus anciennes du protestantisme : ses fidèles sont les héritiers des disciples du théologien tchèque Jan Hus (1371-1415), brûlé comme hérétique un siècle avant les débuts de la Réforme (d’où leur nom de hussites).
Le mouvement hussite connut près de deux siècles de succès en Europe centrale mais la plupart de ses membres se rallièrent au luthéranisme, au calvinisme ou au catholicisme après les épreuves de la guerre de Trente Ans (1618-1648). Le noyau des irréductibles s’organisa en Eglise en 1735 et adopta les principes luthériens de la Confession d’Augsbourg. Ouverts à l’œcuménisme, c’est-à-dire au dialogue des Eglises chrétiennes, les moraves pratiquent le baptême des enfants, sans immersion ; leur liturgie est d’une grande beauté mais la participation des fidèles n’est pas obligatoire. On célèbre l’eucharistie (Lord’s supperen anglais) six fois par ans.
L’Eglise est gouvernée par des synodes provinciaux, les évêques n’ayant qu’un rôle spirituel et administratif.
Les moraves montrent un grand zèle missionnaire. Ils ne sont que quelques centaines de milliers (170 000 aux Etats-Unis) mais ils se développent en Afrique et en Amérique latine. Ils ont notamment contribué à l’évangélisation des Indiens Miskitos du Nicaragua, ce qui les a fait accuser par le gouvernement sandiniste de l’époque d’être des agents de la C.I.A.
Le calvinisme
En 1536, Calvin (1509-1564), intellectuel picard, publie à Bâle L’Institution de la religion chrétienne, livre de référence fondamental de la Réforme, et la même année, il est accueilli à Genève qui devient bientôt la Rome du protestantisme. Il y instaure un régime austère que l’un de ses collaborateurs John Knox, transposera dans son Ecosse natale sous le nom d’Eglise presbytérienne Guillaume Ier d’Orange-Nassau adoptera en 1573 le calvinisme comme religion des Provinces-Unies, aujourd’hui les Pays- Bas. Ainsi, avec ses trois places fortes, la Suisse, l’Ecosse et la Hollande, le calvinisme fut en mesure d’imprimer fortement sa marque à l’ensemble de la Réforme.
La doctrine de Calvin insiste particulièrement sur la souveraineté absolue de Dieu, à la fois créateur et rédempteur. L’homme, fondamentalement pécheur et dépravé, est incapable de se sauver sans Dieu. Celui-ci donne sa grâce de façon gratuite. L’homme ne mérite rien et Dieu sauve qui il veut. Il donne à ses élus la foi, signe d’acceptation de sa grâce. C est cette foi qui sauve, qui justifie l’homme, mais elle est, comme la grâce, un don de Dieu.
Ainsi, Calvin pense que les hommes ont leur destin fixé par Dieu à avance, ils sont prédestinés au Ciel ou à l’enfer et leurs œuvres n y changent rien. Cependant les élus, du fait qu’ils sont sauvés, témoignent e leur foi par un comportement de grande rigueur, le puritanisme.
Cette conception du christianisme n’est guère encourageante : D¡e serait justice pour les uns (ceux qui sont mauvais sont condamnés juste ment) et amour pour les autres (qui sont sauvés malgré leur indignité) En fait les chrétiens associent en Dieu justice et amour et la concepti0n rigide de Calvin a été critiquée au sein du protestantisme dès la fin du XVI siècle. C’est l’une des raisons pour lesquelles on ne parle plus tant aujourd’hui d’Eglise calviniste, mais plutôt d’Eglise réformée.
L’influence doctrinale de Calvin déborde cependant le cadre de cette Eglise. C’est essentiellement elle qui est à l’origine des positions protestantes sur Marie et les saints, les sacrements et la hiérarchie que nous avons vues précédemment.
Des précurseurs des calvinistes, les vaudois
Au XII siècle, le comportement du clergé était bien souvent éloigné de l’idéal évangélique et le midi de la France se laissait entraîner par l’hérésie cathare, l’une des dernières vagues de l’arianisme et du manichéisme qui avaient ébranlé l’Eglise des premiers siècles. C’est alors qu’un marchand lyonnais, Pierre Valdo, préoccupé de la pureté de l’Eglise mais opposé aux thèses cathares, lança un mouvement de rénovation dont la doctrine sera, quatre siècles plus tard, largement reprise par Calvin. Les vaudois, ainsi appelés d’après le nom de leur maître à penser, recherchent un idéal de pureté et tirent leur enseignement des seules Ecritures que chacun peut interpréter personnellement. Ils rejettent le sacerdoce et toute hiérarchie, prient dans leur langue et non en latin, dénient tout intérêt aux sacrements, refusent de vénérer la croix et de rendre un culte aux saints. En revanche, ils croient que le salut peut être obtenu par une vie exemplaire, ce que niera plus tard la théorie de Calvin de la prédestination. Les vaudois furent condamnés par l’Eglise dès 1179 mais bon nombre d’entre eux, plutôt que de renoncer à leurs convictions, s’isolèrent dans de hautes vallées des Alpes.
Les thèses du tchèque Jan Hus, au XV siècle, s’inspirèrent largement de celles des vaudois. En 1532, les Vaudois se rallièrent à la réforme calviniste, mais en gardant certains particularismes. Ils sont encore aujourd’hui environ 20000 en Italie.
Le rayonnement du calvinisme n’implique pas l’uniformité des nombreux mouvements qui s’en réclament. C’est par leur différence de structures que se distinguent principalement les Eglises issues du calvinisme.Une hiérarchie contraignante, justifié par la capacité de chaque Le r, .L’interpréter personnellement l’Ecriture sainte, conduit à deux chrees d’organisation, presbytérienne et congrégationaliste. les deux cas, l’autorité est entre les mains des fidèles et de leurs 1rs mais les presbytériens admettent des organes de coordination et H’ concertation, les conciles, tandis que les congrégationalistes gardent totale autonomie de chaque communauté locale : les fidèles sont une riétaires de leur église et fixent le salaire de leur pasteur.
P ç>est peut-être sur l’anglicanisme, et plus précisément sur la Basse- E lise que le calvinisme a exercé l’influence la plus profonde. C’est du uritanisme que sont issus des mouvements aussi divers que les quakers ou les darbystes (voir les textes qui leur sont consacrés), mais le plus important d’entre eux est incontestablement celui des baptistes.
Le mouvement baptiste est né au début du XVII siècle en Hollande et en Angleterre. Il s’est beaucoup développé à l’époque de Cromwell.
Sa principale originalité, déjà exprimée par les anabaptistes, réside dans l’invalidité du baptême des enfants : on n’entre dans l’Eglise baptiste qu’après avoir décrit son expérience de Dieu devant une sorte de jury qui prononce un «jugement de charité ». On accède alors, si l’on est reconnu digne, au baptême qui s’effectue par immersion totale. Ainsi l’Eglise baptiste veut être visiblement une « Eglise de saints » dont les membres ont été cooptés pour leur foi et leur vertu.
Chaque communauté jouit d’une grande liberté religieuse et les pasteurs ne sont que des chrétiens parmi leurs frères. La théologie est proche du calvinisme. Le culte est simple : chants, prières, lecture de l’écriture et sermon ; l’eucharistie n’est qu’une simple commémoration de la Cène. On ne célèbre ni la fête de Noël, ni celle de Pâques.
Parmi les baptistes célèbres, citons Martin Luther King, le prêcheur Bill Graham et l’ancien président des Etats-Unis Jimmy Carter.
Le pentecôtisme, issu du baptisme, insiste sur les dons du Saint-Esprit donnés à profusion aux fidèles et à leur église.