Les dieux grecs et latins
Le monde gréco-latin est l’un des rameaux de la civilisation indo-européenne. Aussi n’est-il pas étonnant que les religions antiques de la Grèce et de Rome soient parentes des religions de l’Inde, de la même façon que la plupart des langues pratiquées aujourd’hui en Europe sont de lointaines parentes des langues indiennes du Nord.
Notre culture n’a gardé qu’un souvenir confus de ces religions. Une pléthore de dieux et de demi-dieux se partageait l’Olympe, mais leurs pouvoirs surnaturels ne les empêchaient pas de rester proche des humains par leur comportement.
Ils nous sont d’ailleurs restés familiers puisque leurs noms désignent les planètes de notre système solaire (Mars, Vénus, Saturne, Neptune, Pluton) ou entrent dans la composition des jours de la semaine (mardi, jour de Mars ; mercredi, jour de Mercure ; jeudi, jour de Jupiter ; vendredi, jour de Vénus ; samedi, jour de Saturne)
Si l’on s’en tient aux grandes lignes, la religion grecque et celle de Rome paraissent très voisines. Leur polythéisme les rapproche de la religion védique, ancêtre de l’hindouisme. Toutefois celui-ci s’est débarrassé au cours des siècles d’une conception exagérément anthropomorphique de ses dieux : seules les croyances les plus populaires en ont conservé des traces.
En revanche, la répartition des responsabilités entre les différents dieux évoque davantage l’animisme africain, soulignant ainsi un certain parallélisme entre les religions primitives.
Le tableau ci-après présente les principaux dieux grecs et romains et leurs liens de parenté, quand ils existent.
Les dieux, parmi lesquels on trouve aussi des femmes, se partagent les responsabilités comme le feraient les ministres d’un gouvernement au sein duquel la cohabitation n’est pas facile. Douze dieux constituent le cabinet restreint de l’Olympe. Le plus respecté et redouté est Zeusjupiter1 ; il a pour arme la foudre. C’est en son souvenir que subsiste l’expression « menacer quelqu’un de ses foudres ». Son épouse, Héra-Junon, est la déesse de la condition féminine ; un de ses frères, Poséïdon-Neptune, est le dieu de la mer et l’autre, Hadès-Pluton, dieu des enfers. Le ménage de Zeus et d’Héra a mis au monde deux dieux et deux déesses : Artémis-Diane, déesse de la nature et de la chasse, est, en quelque sorte, ministre de l’environnement ; Hermès-Mercure, ministre du commerce et du tourisme, protège les voyageurs ; Athéna-Minerve, qui a donné son nom à la ville d’Athènes, préside à la pensée, aux sciences et à l’industrie ; son frère jumeau Apollon se consacre aux affaires culturelles.
Cinq dieux importants n’appartiennent pas à la famille. Ce sont Arès-Mars, dieu de la guerre, Héphaïstos-Vulcain, dieu du feu et des forgerons, Hestia-Vesta, déesse du foyer et de la famille, et Déméter- Cérès, déesse de la fertilité, ministre de l’agriculture. Quant à Aphrodite-Vénus, déesse de la beauté et de l’amour, elle n’a plus sa place dans les gouvernements de notre époque et son fils, Eros- Cupidon, ne fait pas partie des grands dieux, l’érotisme ne méritant pas un culte public. Nous passerons sous silence les demi-dieux, secrétaires d’Etat, et les dieux aux fonctions imprécises qui ressemblent à des ministres sans portefeuille. Tous veillent au bonheur du peuple qui, en échange des temples qu’il leur construit et des impôts-offrandes auxquels il est soumis, sollicite des privilèges et le maintien de ses avantages acquis.
La pratique de l’hindouisme
Pour illustrer quelques-unes des innombrables façons dont l’hindouisme est vécu, nous retiendrons, d’une façon un peu arbitraire, les pratiques apparemment les plus contrastées :
– Le culte quotidien, appelé « puja », tel qu’il est célébré dans un temple hindouiste.
– L’ascétisme absolu des sadhus, les sages hindous.
– Les conceptions « modernistes » dont certaines connaissent du succès en Occident. S’y rattachent, entre autres, divers ashrams comme celui de Sri Aurobindo, près de Pondichéry.
Le culte quotidien, la puja
La pratique du culte varie selon la caste du fidèle et la divinité qui a sa préférence. Les brahmanes sont théoriquement astreints à cinq prières par jour qui peuvent s’effectuer à la maison, devant les autels familiaux.
Généralement les hindouistes les plus pieux se rendent au temple deux fois par jour, en début de matinée et en fin de soirée. A titre d’exemple, nous décrirons le culte ordinaire célébré dans un temple shivaïte tamoul.
Avant d’entrer, les fidèles se déchaussent, prennent de l’eau dans un récipient, s’en versent sur les pieds et les mains ainsi que quelques gouttes sur la tête.
Ainsi purifiés, ils peuvent alors pénétrer dans le sanctuaire et se placent en deux rangées parallèles, les femmes à gauche et les hommes à droite, face à trois petites loges dans chacune desquelles se trouve la statue d’un dieu.
Le prêtre, toujours un brahmane, repousse la tenture qui cache habituellement la statue aux yeux du public, puis entre dans le local avec son assistant, offre quelques pétales de fleur au dieu et l’honore en passant à plusieurs reprises une flamme devant sa face.
Pendant ce temps, les fidèles adorent le dieu debout, les mains jointes au-dessus du front. Parfois, ils se tiennent chaque oreille par la main opposée et plient légèrement le genou. Parfois aussi, les femmes se prosternent à genoux sur le sol.
Chacun des trois dieux est successivement honoré, d’abord Ganesh, le dieu à face d’éléphant, puis Murugan et enfin leur père à tous deux, Shiva lui-même. L’ensemble est accompagné d’une musique très forte et, pour l’oreille occidentale, assez criarde, que produisent une longue trompe en bois, un tambour et une cloche. La musique s’interrompt pendant que le prêtre psalmodie d’une voix douce qui fait contraste avec le son des instruments. A la fin des prières, le prêtre distribue aux assistants un petit paquet de riz enveloppé de papier journal ainsi qu’un fruit.
A n’importe quel moment de la journée, un fidèle peut solliciter du prêtre une prière individualisée. En échange d’un ticket acheté à l’entrée, le prêtre demande pour qui son intercession est requise, puis il chante ses prières en projetant sur la statue des cendres et des fleurs. Il apporte ensuite une demi-noix de coco contenant deux feuilles, deux bananes, de petites fleurs et une poudre rouge enveloppée dans un papier. La pulpe de la noix de coco est marquée d’une tache ronde de cette poudre. Après s’être mis un point de cendre sur le front et avoir placé un instant ses mains au-dessus de la lampe à huile du prêtre, le fidèle termine ses dévotions en consommant un peu de riz au curry et de riz gluant sucré qu’il prend dans sa main droite.
Selon les croyances hindouistes habituelles, une parcelle de la divinité habite la statuette qui la représente. On s’explique mieux ainsi les rites du culte rendu à la statuette, considérée comme un être vivant qu’on doit lever le matin, nourrir dans la journée et coucher le soir.
Les sadhus
Sur toutes les routes de l’Inde, et particulièrement dans les lieux sacrés des pèlerinages, on rencontre de curieux personnages, quasi-nus, au regard de feu, que les musulmans ont appelé fakirs (« pauvre » en arabe) et dont la réputation est de faire leur couche d’une planche à clous. Ces êtres détachés du monde portent le nom de sadhu, « pur », qui exprime à la fois la vertu et la sainteté.
L’Inde compte, selon des estimations hasardeuses, près de 5 millions de sadhus ; ils ont tous renoncé volontairement aux illusions de l’existence pour assurer leur libération personnelle, dite « moksha ».
Quoique les techniques pratiquées varient d’un sadhu à l’autre, il s’agit toujours d’une ascèse du corps et de l’esprit destinée à unir l’âme avec l’Absolu, Brahma. Ces techniques portent le nom général de yoga.