Le P.L. Kyodan
Cette religion japonaise est récente puisqu’elle a été fondée en 1926 par Tokuharu Miki. Celui-ci est né en 1871 de parents ruinés; il entre dès l’âge de 9 ans dans un monastère bouddhiste de la secte Shingon ; on lui prédit qu’il sera un jour célèbre à condition de ne pas rester bonze.
En 1912, Miki qui souffre d’un asthme persistant rencontre à Osaka un maître bouddhiste, Tokumitsu Kaneda, qui le guérit surnaturellement en attrapant l’asthme à sa place. Les deux hommes découvrent qu’ils ont les mêmes idées religieuses. A la mort de Kaneda en 1919, Miki a des appa¬ritions qui lui révèlent le rôle divin du Bouddha et de la déesse shinto du soleil, Amaterasu. Ce mélange de religions n’est pas de nature à troubler un Japonais, d’autant qu’une ambassade céleste confirme à Miki que la source de toute chose est dans le soleil. C’est en faisant confiance au soleil qu’on apprend la réalité du monde et, fort de cette certitude, Miki lance sa nouvelle religion par un spectaculaire pèlerinage au sanctuaire shinto de la déesse à Ise, près de Nagoya. Le succès est instantané et le nombre des fidèles croît rapidement jusqu’au milieu des années 1930. Mais cela porte ombrage au culte shinto officiel et Miki, pressentant une fin de martyre, démissionne au profit de son fils, Tokuchika Miki. Malgré cette précaution, le fondateur est emprisonné jusqu’en 1938 et meurt peu après sa libération en 1940.
La religion du P.L. kyodan reste interdite jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale, elle conserve toujours un certain succès et compte aujourd’hui encore près d’un million de fidèles. Mais en quoi consiste son enseignement ?
C’est essentiellement une philosophie, comme le suggère vaguement son nom qui mélange bizarrement les initiales anglaises de « Perfect Liberty » et le mot japonais kyodan, « communauté religieuse ». Selon le catéchisme du mouvement paru en 1957, le P.L. kyodan a pour mission d’enseigner que « la vie est un art » et de donner la recette d’une vie épanouie. Il s’ensuit une nouvelle conception de la vie où chacun doit se féliciter de la grâce qu’il a de faire ce qu’il fait. C’est une sorte de « méthode Coué » religieuse. Le fidèle du P.L. kyodan doit rayonner son art de vivre comme le soleil luit pour tout le monde. Pour lui, la paix ne consiste pas seulement à ne pas faire la guerre mais à créer un monde °u chacun s’estime et réalise ses aspirations.
Cette somme de bons sentiments ne devient une religion que grâce à 1 étonnante faculté des Japonais de se regrouper et de s’organiser, même pour pratiquer une philosophie. Le P.L. kyodan, comme la plupart des autres religions japonaises, ne répugne pas aux activités lucratives : il a ouvert vers 1970 dans le quartier des Champs-Elysées, à Paris, un restau¬rant de luxe qui porte le nom de famille du fondateur.
Le Rissho Kosei-kai
Cette société de laïcs bouddhistes fait partie des « nouvelles religions » qui foisonnent au Japon.
Son nom est l’abréviation d’une déclaration de principe qui signifie : « société de fidèles s’efforçant de parfaire la personnalité de l’homme et de réaliser la paix du monde selon la Loi bouddhique ».
Fondé en 1938 par un fils de paysan, Nikkyo Niwano né en 1906, le mouvement revendique 4 700 000 membres, y compris ceux de ses branches à l’étranger. Son quartier général est à Tokyo où il dispose d’un énorme complexe moderne de plusieurs bâtiments dont le « Grand Hall Sacré », des salles de congrès, un centre administratif, une maison d’édition et même un lycée.
Si le mouvement s’inscrit dans la ligne du bouddhisme Mahayana, il suit la pensée du moine réformateur du XIIIe siècle Nichiren, dont la rigueur s’apparente au bouddhisme Theravada. C’est donc, en quelque sorte, une tentative moderne de faire converger les deux courants traditionnels du bouddhisme.
Mais le Rissho Kosei-kai présente d’autres particularités importantes. Il affirme l’existence d’un Bouddha éternel, source de toute existence, ce qui revient à énoncer l’existence de Dieu plus clairement que ne le fait généralement le bouddhisme. Le Bouddha, personnage historique, est considéré comme le symbole de ce Bouddha étemel.
En outre, le mouvement insiste sur les « trois trésors » : le Bouddha, la Loi et la communauté des croyants. Ceci n’est pas sans rappeler le christianisme : affirmation du monothéisme, analogie du Bouddha avec le Christ, rôle de l’enseignement du Bouddha comparable à celui des Evangiles et place centrale accordée à l’assemblée des fidèles. D’autres analo¬gies font penser à une influence chrétienne, telles le zèle missionnaire ou la pratique, au sein de groupes de réflexion appelés hoza, d’une sorte de confession publique qui tient aussi de la dynamique de groupe.
Le Rissho Kosei-kai s’efforce de donner du bouddhisme une image d’ouverture sur le monde moderne. Il a organisé en 1977 une « convention nationale pour une société plus heureuse », il multiplie les œuvres de bienfaisance ou d’aide au Tiers-Monde et s’emploie à développer une coopération entre les différentes religions du monde. Le président- fondateur parcourt la planète pour prêcher la paix et a pris la parole aussi bien aux Nations Unies que dans des milieux chrétiens. Il a été reçu par le pape Paul VI en 1965. Le succès du mouvement est dû, semble-t-il, à une approche moderne et sans sectarisme des problèmes religieux et sociaux, mais aussi à une très solide organisation typiquement japonaise.