La foi bahaie
La foi bahaïe compte environ six millions de fidèles dont un million en Inde et plus d’un millier en France. Elle se développe rapidement notamment en Afrique Noire et en Amérique Latine.
Le centre mondial de la foi bahaïe est en Terre sainte à Haïfa, sur les flancs du mont Carmel, dans l’Etat d’Israël. On l’appelle la Maison universelle de justice. Il existe six autres grands temples bahaïs de par le monde : à Wilmette près de Chicago, à Kampala en Ouganda, à Sydney, Francfort, Panamá et enfin Delhi où se trouve un magnifique temple en forme de fleur de lotus.
En 1844, un Persan, musulman chiite, Mirza Ali Mohammed (1819-1850) pénétré, comme tous les chiites, de l’espoir du retour de l’imam, messager de Dieu, se déclara lui-même être le « Bab », c’est-à-dire la « porte » ou la voie d’accès à Dieu. Poursuivi par le gouvernement du Shah et les autorités religieuses, il fut banni et exécuté peu après à Tabriz.
Son successeur à la tête de la communauté Mirza Hussein Ali (1817-1892) 1 rompit définitivement avec l’Islam et prit le titre de Baha’ullah « splendeur de Dieu », d’où le mouvement tire son nom.
Malgré la prison, la persécution et l’exil qu’il connut aussi, il fut d’une inlassable activité. Il fixa à ses fidèles pour objectif de « constituer la couronne de toutes les autres religions ».
Dans ses débuts, Baha’ullah adressa de façon spectaculaire des exhortations aux grands de ce monde – la reine Victoria d’Angleterre, Napoléon III, le pape Pie IX – pour les convaincre de s’unir sous sa bannière.
De nos jours, la foi bahaïe est une religion beaucoup plus discrète, très respectueuse des autres croyances et empreinte d’une grande douceur. Les bahaïs sont souvent des personnes d’instruction supérieure ; ils s’interdisent toute action politique et se soumettent aux autorités et coutumes des pays où ils vivent. Fondamentalement non-violents, ils s’efforcent de faire jouer l’objection de conscience pour échapper au service militaire. Ils n’admettent pas la vengeance mais considèrent de leur devoir de se défendre.
On s’expliquerait mal les persécutions sanglantes dont ils sont l’objet de la part de la révolution islamique iranienne si l’on ne gardait en mémoire l’origine chiite de la foi bahaïe et la localisation de son siège en Israël.
Les bahaïs croient en un Dieu unique, ils cherchent à abolir la diversité des religions et les barrières raciales.
Les douze principes bahaïs sont les suivants :
– l’ensemble de l’humanité constitue une unité ;
– tous les hommes doivent rechercher la vérité ;
– toutes les religions ont un fondement commun ;
– la religion doit être la source de l’unité entre les hommes ;
– la religion doit s’accorder avec la science et la raison ;
– l’homme et la femme ont les mêmes droits ;
– il faut s’abstenir de porter des jugements ;
– la paix mondiale doit se réaliser ;
– les deux sexes doivent recevoir les meilleures formation et éducation, spirituelle et intellectuelle ;
– les problèmes sociaux doivent être expliqués ;
– on doit répandre une langue universelle d’appoint et une écriture commune 1 ;
– on doit établir un tribunal universel.
Les bahaïs n’ont ni cérémonies d’initiation ni clergé. Leur but est de promouvoir un nouvel ordre mondial, ce qui implique un enseignement et une organisation administrative.
La structure de base est l’Assemblée spirituelle locale qui se constitue dès qu’il existe plus de neuf fidèles. Dans chaque pays on trouve une Assemblée spirituelle nationale.
Les deux piliers de la foi sont le jeûne et la prière.
Le jeûne se pratique le dernier mois de l’année bahaïe qui compte 19 mois de 19 jours et quatre jours supplémentaires. Chaque jour commence au coucher du soleil. Le jeûne de 19 jours se pratique comme le ramadan, en s’abstenant de boire et de manger tant qu’il fait jour.
Les enfants de moins de 15 ans, les malades et les femmes enceintes en sont dispensés.
La prière se pratique normalement trois fois par jour, matin, midi et soir. La prière du midi peut se limiter à la récitation d’un seul verset. Il n’y a aucune obligation de prière en commun, sauf pour les enterrements.
C’est au cours de la fête des 19 jours, qui tient lieu de dimanche, que s’exprime la vie religieuse de la communauté. L’assemblée spirituelle comprend trois parties : une partie spirituelle où l’on récite des prières du Bab, de Baha’ullah et du Maître des bahaïs, une partie consacrée aux affaires de la collectivité et la fête matérielle qui comprend un repas pris en commun.
L’assemblée est dirigée par un comité de neuf membres élus par tous les fidèles. Il n’est recommandé ni de faire acte de candidature ni de refuser le mandat que l’on vous propose. L’assemblée est consultée par tous les membres qui éprouvent des difficultés personnelles.
En ce qui concerne la morale, les bahaïs se réfèrent à la loi édictée dans leur livre sacré, le kitab al aqdas1, également appelé « l’infaillible Balance ».
Les Bahaïs, fervents partisans de l’émancipation de la femme, sont monogames et recherchent la fidélité dans le mariage. L’union des époux doit être approuvée par les parents. L’usage de l’alcool et du tabac est prohibé. Si l’on range fréquemment la foi bahaïe parmi les syncrétismes, c’est à cause de son ambition de rassembler toutes les religions du monde. On y trouve d’ailleurs des réminiscences iraniennes ou islamiques nombreuses (fête de Nowruz, jeûne d’un mois…). Cependant il s’agit plutôt d’une religion nouvelle qui considère que Dieu s’est révélé progressive-ment au cours des siècles au travers des différentes religions dont la foi bahaïe est le couronnement. Le caractère original de la foi bahaïe est, en tout cas, indiscutable, comme sa vitalité ou sa rapidité d’expansion.