La possession
Les phénomènes de possession se rencontrent sous diverses formes dans d’innombrables religions, généralement mais pas nécessairement rattachées à l’animisme. Nous en avons vu un exemple à propos du vaudou mais on pourrait en citer bien d’autres parmi lesquels les cultes du zâr en Ethiopie dans la région de Gondar, du tromba chez les Sakalaves de Madagascar, des Hamadchas au Maroc, de bori au Niger, de Durga-Kali en Inde, de Hâu-Bang au Viêt-nam, aussi bien que les possessions provoquées par les chamans d’Indonésie ou de Sibérie. L’Europe a connu aussi,bien entendu, de nombreux cas de possession, dans l’Antiquité comme au Moyen Age ‘, mais ils se font très rares depuis l’avènement de la société industrielle.
Comment se produisent ces phénomènes et en quoi consistent-ils ? La possession n’est pas un accident, elle n’est pas spontanée mais provoquée par un rite précis où le rythme et la danse jouent un grand rôle. D’autres rites comme des offrandes de nourriture, des sacrifices d’animaux, une décoration particulière, sont parfois requis. L’exaltation de l’assistance qui vit une sorte de fête est fréquemment soutenue par l’alcool ou, plus rarement, par l’usage de plantes hallucinogènes.
Le but de ces rites divers est d’appeler des esprits, des dieux ou des démons à prendre « possession » d’un participant à la cérémonie. Selon les religions, il peut s’agir du prêtre lui-même, d’un initié du dieu ou d’un quelconque membre de l’assistance. Les Européens, étrangers au culte considéré, peuvent même être parfois choisis par le dieu.
La personne ainsi « possédée » peut l’être brutalement ou montrer des signes avant-coureurs : air absent, tremblements, sueur, respiration haletante. L’état de possession peut durer, selon les cas et les religions, de quelques minutes à quelques jours. Pendant ce temps, le possédé perd totalement sa personnalité et prend celle du dieu que reconnaissent les officiants et les initiés. Cela se traduit par un changement d’expression du visage, une voix transformée et un comportement qui est supposé être celui du dieu. Si celui-ci est un vieillard, la voix sera à peine audible, le visage grimaçant et le corps voûté ; si c’est un guerrier, le possédé sera redoutable et tonitruant. Parfois c’est un dieu-animal qui se manifeste et le possédé mime, mieux qu’un artiste professionnel, l’animal en question : un individu, transformé en loutre par un chaman indonésien, plonge dans une mare boueuse où il pêche avec les dents un poisson vivant ; un autre, devenu singe monte dans les branches d’un arbre avec une agilité dont il serait normalement incapable ; un autre encore rampera comme un serpent, en gardant les yeux fixes sans ciller et jetant des coups de langue rapides.
De tels exemples laissent interloqués les rationalistes que nous sommes. La multiplicité des cas et les témoignages concordants excluent la supercherie systématique et forcent à reconnaître la réalité du phénomène, mais toutes les hypothèses restent ouvertes sur son interprétation.
Dans l’hypnose, qui est scientifiquement admise, le médium se rend maître de la volonté du sujet. La possession pourrait être un phénomène de même nature. La question est de savoir si le « médium » est, dans le cas de la possession, un être surnaturel ou non.
Il paraît en tout cas peu probable que ce soit une personne de l’assistance, surtout quand l’officiant lui-même est possédé.
L’Eglise catholique, pour sa part, croit à l’action des démons. Il existe d’ailleurs, en théorie, un prêtre exorciste dans chaque diocèse dont le rôle est précisément de les chasser. C’est évidemment un point de divergence avec les religions traditionnelles où l’on s’efforce au contraire de les attirer…
Ces manifestations, annoncées à l’avance aux enfants par la Vierge Marie sont interprétées comme le signe d’authentification des apparitions et des messages. En effet, la Vierge ne se contente pas de manifester sa présence, elle demande avec insistance de prier pour obtenir la fin de la guerre et confie aux enfants des « secrets » qu’ils ne doivent pas révéler.
Les apparitions ont eu d’importants résultats spirituels malgré les efforts des autorités pour les minimiser ou les déconsidérer. Les conversions et le retour à la pratique religieuse ont pris une dimension telle que le régime portugais de l’époque, très anti-religieux, évolua rapidement et rétablit ses relations diplomatiques avec le Saint-Siège en 1918.
Quant aux mystérieux messages, leur teneur n’est pas explicitement connue. Deux des voyants moururent prématurément, impressionnants de sainteté, François en 1919 de la grippe espagnole et Jacinthe en 1920 de pleurésie. Lucie est devenue religieuse et a observé une totale discrétion. De cette incertitude est née une abondante littérature : les milieux traditionalistes du catholicisme ont vu dans le message de Fatima l’annonce de la conversion de la Russie conforme à leurs aspirations politiques.
Cependant c’est le réconfort spirituel que viennent surtout rechercher aujourd’hui les pèlerins de Fatima. Une basilique entourée de colonnades a été construite sur les lieux des apparitions. Le domaine du sanctuaire couvre 120 hectares dont 28 pour l’esplanade où se rassemblent les pèlerins. On y trouve aussi deux hôpitaux et des maisons d’accueil.
Aux anniversaires des apparitions, la foule est particulièrement nombreuse et atteint souvent un million de personnes.