L'amour
Il est généralement admis qu’aimer quelqu’un du sexe opposé, souriant, intelligent et agréable à regarder ne pose pas trop de problèmes
Les choses se gâtent quand on expérimente les défauts de caractère ou qu’on se lasse de ce qu’on a trop bien connu.
Il n’est pas trop difficile non plus d’aimer dans l’abstrait des gens que l’on ne connaît pas. Tous les Européens aiment les enfants du Sahel, c’est bien connu, et souffrent de les voir mourir de faim.
C’est beaucoup plus compliqué d’aimer celui qu’on rencontre à l’improviste et qui devient tout à coup notre prochain : on s’aperçoit qu’il est mal lavé, qu’il ne parle pas notre langue et qu’il manque de reconnaissance. Très vite, nous trouvons que nos problèmes nous suffisent et que ces gens-là n’ont qu’à se faire aimer par leurs proches.
En fait, notre amour est très sélectif, c’est-à-dire qu’il a les limites de notre égoïsme.
Dans les religions basées sur l’amour, comme les religions chrétiennes, il s’agit de toute autre chose : l’amour est total, il a les dimensions de Dieu. C’est dire qu’il s’agit d’un idéal qui n’est pas facilement à notre portée.
Pourtant certains saints donnent une image assez fidèle de ce que peut être un tel amour : une disponibilité totale et rayonnante envers chacun et n’importe qui. Que vous soyez laid, méchant ou stupide leur importe peu. Pour eux, vous êtes une créature de Dieu, leur frère au sens le plus charnel du terme.
Le monde a tellement besoin d’amour que ceux qui en ont à revendre ne s’appartiennent plus. Et cependant, plus ils se consacrent aux autres, plus leur joie et leur amour sont intenses. La logique de cet entraînement vertigineux de l’amour n’a pas de limites, seule la mort semblerait pouvoir y mettre un terme.
Mais les saints de ce type trouvent encore le moyen d’être insensibles à la mort, sûrs qu’ils sont que l’amour est un autre nom de la vie éternelle à laquelle ils aspirent et se sentent destinés.
Peut-être ne sommes-nous pas capables d’accéder d’un seul coup à une telle plénitude de l’amour.
L’avantage des religions, de certaines plus que d’autres, est de nous encourager à mieux aimer. Malheureusement, nous avons souvent le sentiment que l’amour que nous pourrions porter aux autres viendrait concurrencer celui que nous avons pour nous-mêmes. Nous hésitons a plonger dans un tourbillon qui nous fait craindre, à juste titre, qu’il sera difficile de revenir en arrière.
pourtant ceux qui ont sauté le pas ne l’ont jamais regretté. Tout se nasse comme si Dieu comblait de son amour ceux qui donnent le leur sans compter et cet amour de Dieu est d’une qualité bien supérieure à celui que nous pourrions nous offrir à no vous-mêmes.
Mais le choix décisif de vivre pour l’amour ne nous est jamais imposé. Nous restons toujours maîtres de notre liberté