La liberté
La liberté est, à coup sûr, l’un des biens les plus précieux de l’Homme. Au cours des siècles, l’humanité a consenti les plus grands sacrifices pour conquérir ou défendre sa liberté. La vie de l’adolescent est instinctivement tendue vers la liberté. Les crimes sont punis de privation de liberté.
On voit par ces exemples que le mot de liberté couvre des notions très différentes. En fait, être libre, c’est pouvoir choisir. Mais on ne peut pas rester sans choisir et dès que le choix est fait, on perd une partie de sa liberté. La liberté est volatile et insaisissable.
Si la liberté est la condition primordiale de la dignité de l’homme, elle n’est rien sans éducation, non pas une éducation imposée de l’extérieur qui serait contrainte, mais une éducation que l’on acquiert par l’expérience, la réflexion ou la conscience.
L’exercice de la liberté n’est pas innocent : il faut faire des choix, mais les choix n’ont pas les mêmes conséquences. En fait, la nature humaine est telle que certains choix lui sont néfastes et d’autres indifférents ou profitables. Rien d’étonnant à cela : à bord d’une voiture, nous sommes libres d’enclencher la troisième vitesse pour démarrer, nous y arriverons peut-être mais le moteur souffrira.
Notre mécanique ne supporte pas non plus n’importe quel traitement : certains choix sont catastrophiques, chacun en fait un jour l’expérience. L’éducation de la liberté est donc encore plus importante que la liberté elle-même. On croit trop souvent à la neutralité ou à l’indifférence des choix : rien n’est plus dangereux. Il y a un mode d’emploi de la vie à trouver pour chacun de nous qui évite un maximum de déboires, comme il y a des choix qui nous conduisent à l’abrutissement, à l’asservissement où à l’autodestruction.
Nous sommes d’autant plus libres que les choix que nous exerçons vont dans le sens de notre nature.
A cet égard, rien d’étonnant, dans l’hypothèse où un Dieu a créé le moins de, à ce que notre mécanique marche mieux si nous en observons
le mode d’emploi. Pour le croyant, rechercher la volonté de Dieu est la source de sa liberté.
Le croyant est un être souverainement libre. Cela semble paradoxal puisque, vu de l’extérieur, il se soumet aux règles de sa religion. Mais pour lui, c’est précisément là qu’il trouve sa liberté, un peu comme un poisson qui choisirait d’être dans l’eau plutôt que de s’essayer à vivre au sec. La prière, en particulier, est avant tout l’expression de ce choix : on ne parle pas à un Dieu que l’on refuse de reconnaître.
Ce dialogue est lui-même éducation de la liberté. Par la prière, nous comprenons mieux les avantages et les inconvénients des choix qui s’offrent à nous. Curieusement d’ailleurs les croyants constatent qu’en demandant conseil à Dieu, ils s’orientent vers des choix auxquels ils n’avaient pas pensé et qui s’avèrent beaucoup plus épanouissants. La liberté fondée sur Dieu est, à l’expérience, autrement plus large que celle que l’on croit avoir en se passant de Lui. La grande liberté des enfants de Dieu n’est pas un vain mot : placé dans les circonstances les plus pénibles, le croyant qui garde par la prière le contact avec Dieu se sent profondément détaché de ce que d’autres jugeraient insupportable. Qu’on songe au père Kolbe réussissant à chanter dans la chambre à gaz des Nazis et à faire chanter ses compagnons de supplice alors que, bien évidemment, on n’entendait habituellement que des hurlements d’horreur. Cette liberté suprême transcende la notion commune de liberté au point que les libertés auxquelles on pense généralement n’en sont que des sous-produits.
Pourquoi Dieu, qui donne à ceux qui croient en Lui de telles libertés, aurai t-il des réticences à l’égard de libertés plus limitées ou plus partielles ?
On peut donc s’étonner de ce que beaucoup de religions attribuent à Dieu le souci de réglementer des détails aussi dérisoires que la nourriture que nous devons prendre ou la façon de nous habiller. L’un des objectifs des religions devrait être, au contraire, de nous aider à mieux nous servir du don précieux de la liberté que Dieu nous a fait… Rares sont les religions qui en sont à ce point.
Mais plus on a de liberté, plus les choix à faire sont complexes. Le corollaire de la liberté est de disposer des moyens d’appréciation pour en faire un bon usage.
A cet égard, on perçoit bien à quelle faillite conduisent des systèmes d’éducation qui, par souci de ne pas contraindre la liberté des élèves, ne leur proposent aucun système cohérent de valeurs.
Un délicat équilibre reste à trouver pour que l’éducation de la liberté s’accompagne de propositions pour son bon usage.
Les religions disposent d’un fil conducteur pour nous aider dans nos choix : c’est l’interprétation qu’elles donnent de la volonté divine à notre endroit.