Les Bouddha du passé
Théoriquement, le nombre de Bouddha ayant existé est immense, chacun ayant eu la charge d’un Kalpa, en tant qu’instructeur et Maître de la Loi. On les décrit souvent collectivement sous le nom de « Mille Bouddha » (chin. Qian Fo), et de nombreuses grottes (notamment en Chine, à Dunhuang) leur furent consacrées. En Birmanie (Pagan), on trouve également des plaquettes moulées dites des « Mille Bouddha ». Les textes donnent des listes de cinquante-six ou vingt-quatre Bouddha humains, c’est-à-dire non mythiques, mais seuls Vipashyi, Sikhî, Vish- vabhû, Krakucchanda, Prabhûtaratna, Dîpankara-Buddha, Kanakamuni, Kâshyâpa et Shâkyamuni ont été pris en considération par les fidèles. Parmi ceux-ci, quatre seulement, en dehors de Shâkyamuni, ont fait l’objet de quelques représentations et sont assez souvent cités dans les textes comme appartenant à notre Kalpa présent et étant des Bouddha humains : ce sont les Manushi-Buddha qui ont, comme tous les Bouddha selon le système du Mahâyâna, au moins trois corps (Kâya) : celui d’apparition, mortel, ou Nirmânakâya ; celui de totale pureté et de pure connaissance, ou Dharmakâya ; enfin un corps d’essence abstraite ou Sambhogakâya. Certaines sectes attribuent encore au Bouddha deux autres corps, renforçant encore cette théorie du Trikâya de chaque Bouddha. Cependant, les Manushi-Buddha appartiennent au premier de ces corps, le Nirmânakâya.
Prabhutaratna (jap. Tahô Nyorai ; chin. Duobao Rulai)
Il est considéré comme l’un des Bouddha du passé. En fait, il concrétiserait dans sa seule personne tous les Bouddha des âges anciens. Il se serait lui-même divisé en sept Bouddha représentant les Manushi- Buddha . Dans certaines sectes, notamment au Japon et en Chine, il remplace parfois, au sud et sur les mandala, Ratnasambhava.
Dîpankara-Buddha (chin. Dingguang Fo ; tib. Marme-msdad; mongol Chula Choqiaqchi)
Il serait le 24eme maître de la Loi avant Shâkyamuni selon les écoles du Sud, le 52 selon le Mahâyâna. Il aurait vécu cent mille ans sur terre. Son nom, qui signifie « Porteur de lampe », est parfois prononcé Dvîpankara, c’est-à-dire « Bouddha des îles ». Il fut donc fait protecteur des marins et est vénéré dans toutes les parties de la Grande Inde. Il est toujours représenté comme un Bouddha, la robe découvrant l’épaule droite (quoique, en Inde, certaines statues le montrent avec les deux épaules couvertes, de même qu’au Japon dans ses plus anciennes représentations). La main droite est généralement en Abhaya-mudrâ, la gauche tenant un pan de la robe. Au Siam, il réalise parfois l’Abhaya- mudrâ avec les deux mains symétriques. En Chine, ce Bouddha du passé fut longtemps vénéré, et il est représenté très tôt dans les grottes de Yiingang, ainsi que dans celles de Longmen : il est le plus souvent assis, avec un pan de sa robe lui couvrant les deux épaules, la main droite en absence de crainte. Rarement représenté seul, on le trouve au centre de triades composées avec Manjushrî et Vajrapâni (à Java), Avalokiteshvara et Vajrapâni (à Ceylan), ou Shâkyamuni et le futur Bouddha Maitreya (Nepâl et Tibet). Il est parfois représenté debout, surtout en Chine et au Siam.
Kanakamuni (chin. Jiunashimuni ; tib. Gsethub ; mongol Altan Chidakshi)
Le second Manushi-Buddha, Kanakamuni, n’est pratiquement jamais représenté, de même que Krakucchanda, le premier d’entre eux.
Kâshyapa (jap. Kassapa, Kashô-butsu ; chin. Jiaye Fo ; tib. Hodsrung ; mongol Ghasiba, Gerelsaqiqchi)
C’est le troisième Manushi-Buddha, le prédécesseur immédiat de Gau- tama Shâkyamuni. Il est représenté comme un Bouddha, la main droite en Varada-mudrâ et la gauche tenant un pan de sa robe plié en deux. On le voit souvent assis sur son vâhana, un lion ; il est de couleur jaune (ou or) car il représente la lumière du soleil et de la lune.