Akshobhya
C’est le second des Cinq Grands Jina (ou Dhyâni-Buddha), l’immuable, l’inébranlable Tathâgata. Il correspondrait au Bouddha historique Gautama lors de la prise à témoin de la terre par Celui-ci. Akshobhya subjugue donc les passions démoniaques et manifeste le pur esprit de l’Éveil sans souillure . Il a formulé le vœu de n’éprouver jamais ni colère ni répulsion et de demeurer inébranlable dans l’accomplissement de la tâche qu’il s’était fixée. Il préside au paradis de l’Est Abhiratî (jap. Myôki) et, par rapport à Amitâbha (soleil couchant), il correspond au soleil levant. C’est pourquoi il est parfois remplacé, dans la ferveur populaire qui le connaît peu, par Bhaishajyaguru dont la terre d’élection se trouve également à l’est.
Akshobhya est mentionné dès le début du IIIe siècle dans le Praj- nâpâraynitâ-sûtra, comme il le sera plus tard dans le Saddbar-mapimdarîka-sûtra et le Sukhâvatî-vyûha. Son culte paraît attesté enChine dès l’époque des Han postérieurs. Introduit au Japon en mêmetemps que les deux grands mandala, il ne connut guère de popularitéet fut remplacé par Yakushi Nyorai, dont l’éclat éclipsa très vite lesien. Après la période de Heian, pendant laquelle il fut vénéré par lesrenants des sectes ésotériques, il ne fut plus représenté que sur lesmandala, en compagnie des autres Jina, dans la série des Gochi Nyorai.Il y’a cependant lieu d’observer que dans ce pays, Ashuku fait toujourspartie des treize Bouddha de la secte Shingon .On lui prête les vertus de « Connaissance du miroir » (Adarshaj-iina), c’est-à-dire de la vacuité (le miroir, symbole de cette vacuité,peut également, rappelons-le, symboliser le soleil et, dans ce cas, ilirait la « connaissance parfaite » de Mahâvairochana). Dans le domainedu Garbhadhâtu Mandala, il prend le nom de Ratnaketu (jap. HôtôNyorai) et représente le « respect du Bouddha ».En Inde et dans les pays où le bouddhisme des écoles du Sudfleurit, c’est cet aspect du Bouddha historique qui est le plus souventvénéré, dans l’attitude de la prise de la terre à témoin (Bhûmishparsha-mudrâ) ; on ne le nomme pas Akshobhya mais simplement le Bouddha.Ce n’est que dans les doctrines du Mahâyâna qu’il prend le nom d’Akshobhya et prend place dans le groupe des Cinq Bouddha de sagesse. Au Tibet, il est représenté comme étant le Bouddha Gautama mais prend parfois le nom de Vajrâsana. Il est alors représenté en Bhûmishparsha-mudrâ, mais avec un vajra posé devant lui sur lelotus-siège (ce vajra est parfois placé sur la paume de sa main gauche). Toujours au Tibet, on peut le représenter en embrassement avec sa Shakti (en Yab-yum) qui a le nom de Mâmakî (aussi appelée Lochanâ). Il est parfois supporté par un éléphant, et une svastikâ est souvent gravée sur le socle de ses images ou sur sa poitrine.Sur les mandala, on le représente de couleur or ou bleue (couleursopposées ou confondues) assis en Padmâsana, les deux pieds apparents, ou bien assis en Vajrâsana (pied droit sur jambe gauche), la maindroite en Bhûmishparsha, la main gauche fermée sur le genou, ou bienouverte paume tournée vers le haut, sur le giron (tenant ou non unvajra), ou bien encore tenant un pan de sa robe. Il ne porte ni couronne ni bijoux. Sur le mandala du Garbhadhâtu, il est normalement assisté de quatre Bodhisattva. Sur celui du Vajradhâtu, avec le nom de Ratna- ketu, il est représenté comme Akshobhya, mais sa main droite se trouve à l’extérieur et à la hauteur de son épaule, tandis que sa main gauche tient un pan de sa robe à hauteur de l’épaule. Il est très rarement représenté sous cette dernière forme.
On trouve parfois une image d’Akshobhya dans la coiffure de Manjushrî, de Yamântaka, de Prajnâpâramitâ et des Târâ. Dans sa forme tibétaine en Yab-yum, il embrasse sa Shakti qui tient dans la main gauche une calotte crânienne. Lui-même tient un vajra vertical dans la main droite et une clochette dans la main gauche. Il porte alors un diadème autour de ses cheveux coiffés en haut chignon. Son corps est bleu foncé, tandis que celui de sa parèdre est bleu clair. Rappelons que le Bodhisattva qui lui correspond est Vajrapâni et qu’il est censé représenter le Manushi-Buddha Kanakamuni. L’élément air lui est attribué.