Représentations d'Avalokiteshvara
On représente généralement Avalokiteshvara debout, avec une effigie d’Amitâbha dans sa coiffure. Ses attributs normaux sont la fleur de lotus (symbole de pureté), le vase à eau ou à fleurs (qui apaise la soif et les sens) et le rosaire à quatorze, vingt-sept, cinquante-quatre ou cent huit grains (lequel symboliserait peut-être la multiplicité de ses pouvoirs ?). En théorie, sa monture (vâhana) est une oie (hamsa) ou un paon 0mayûra), parfois remplacés par un phénix ou un faisan, mais ces animaux sont rarement représentés en sculpture. Dans les sûtra, il est classé selon trois de ses principales attitudes :
- Dans l’Amitâbha-shâstra Mandata, il est acolyte d’Amitâbha : il a les mains en Anjali-mudrâ ou bien en Abhaya-Varada-mudrâ (main droite en Abhaya ou en Varada, indifféremment).
- Dans le Kanmuryôju-kyô il n’a pas d’attitude fixée, « son attitude étant au-delà de toute imagination ». Lorsqu’il est acolyte d’Amitâbha dans sa « descente » (jap. Raigô), il tient à la main une fleur de lotus (ou un plateau de fleurs de lotus) pour accueillir l’âme du fidèle.
- Dans le Saddharmapundarîka Mandata (jap. Hoke-kyô Mandara), il est la divinité qui représente la Compassion.
Dans l’ésotérisme, Avalokiteshvara est généralement représenté tenant dans la main droite une tige de fleur de lotus ; il est alors debout, vêtu comme un Bodhisattva (avec ou sans effigie d’Amitâbha dans sa coiffure), avec un ushnîsha en forme de mitre ou de haut chignon, Jes yeux mi-clos avec de longues oreilles et parfois une fine moustache, les bras très longs… Les types de représentation d’Avalokiteshvara diffèrent suivant les sectes, les pays, les époques et parfois les artistes.
En Inde
Sous le nom de Padmapâni (le Porteur de lotus), il est représenté en jeune homme paré comme un prince, en attitude gracieuse, tenant à la main un lotus. Il est debout avec les mains en Vitarka-Varada-mudrâ. C’est la forme la plus ancienne d’Avalokiteshvara (peintures des grottes d’Ajantâ). Les écoles tantriques le représentèrent avec quatre bras, tenant le lotus et le livre, et un chintâmani. Mais les sectes tantriques l’ont également représenté sous divers autres aspects. A Ceylan, il fut parfois représenté assis en aise royale (Râjalîlâsana) et tenant le lotus, attitude qui sera souvent reprise en Chine.
Sous le nom de Simhanâda (avec une voix de lion), il est représenté à côté d’un lion couché, ou bien assis sur un lotus supporté par un lion. Il peut alors tenir un lotus, un glaive, un trident ou un crâne humain. Son corps est blanc. Il aurait été invoqué pour guérir de la lèpre. Cependant cet aspect est rare.
Au Tibet
Avalokiteshvara est représenté comme un Bodhisattva, de couleur blanche ou rouge, très souvent dans l’attitude du don (Varada-mudrâ). Il tient toujours un lotus à la main. Ici les formes tantriques prédominent, et Avalokiteshvara est parfois représenté tenant un vajra dans la main droite ; par ailleurs il peut avoir une peau d’antilope sur l’épaule gauche. Mais nous verrons qu’il peut également prendre d’autres formes.
En Asie du Sud-Est
Il prend le nom de Lokeshvara (Seigneur des Mondes). C’est principalement au Champâ et au Cambodge que l’on trouve ses images. Il est généralement représenté la poitrine nue, et il est vêtu d’un simple sarong très léger (ou dhoti), retenu par une ceinture ouvragée. Il arbore parfois un troisième œil sur le front. Il peut avoir de deux à huit bras tenant divers attributs tels que lotus, vase, conque, rosaire, etc. Il est soit debout, soit assis en aise royale. Il fut représenté au Banteay Chhmar, à Angkor-thom
(Bayon), au Neak-pean et sur de nombreuses stèles. Au Siam, son effigie fut populaire avec quatre bras (parfois plus), une couronne (mukuta) contenant une effigie d’Amitâbha. Sa parèdre féminine, appelée Prajnapâ- ramitâ, est représentée le buste nu, sans couronne, mais avec l’image d’Amitâbha dans les cheveux. Souvent cette divinité féminine porte une couronne, mais sans effigie d’Amitâbha, et peut, elle aussi, tenir une ou deux fleurs de lotus.
En Chine
Son culte connut une très grande faveur. Appelé Guanyin, il est représenté, sous sa forme normale, avec seulement deux bras, debout sur un lotus, tenant à la main une branche de saule, un lotus ou un vase (ou parfois un rouleau d’écritures) et, mais plus rarement, avec les mains en Dhyâna-mudrâ. Il est très souvent assis, soit en Padmâsana, soit en Lîlâsana. Il est également représenté (sous une forme masculine ou féminine) en groupe de huit (Banan) ou de trente-deux (Guanyin Sans- hi’erxiang). Cependant, Avalokiteshvara peut également prendre de nombreuses autres formes : comme « donneuse d’enfants » (Songzi Guanyin), représentée sur un nuage ou sur la mer (Guohai Guanyin), avec une couronne de huit têtes, ou avoir dix, dix-huit ou mille bras. Il existe également un groupe de trente-trois formes de Guanyin, peut- être adapté de la légende de Miaoshan, groupe qui est également vénéré au Japon…
Au Japon
Il est appelé Kannon ou Shô Kannon. Ses effigies sont également très nombreuses. On peut classer ses formes « normales » (c’est-à-dire avec une tête et deux bras) en trois types principaux d’après les attitudes et époques :
- Type d’Asuka (552-t545) : debout, les mains en Ongyô-in (tenant un objet rond, chintâmani ), avec couronne et diadème orfèvré .
- Type de Nara (645-794) : debout, la main gauche tenant un vase, la main droite en Abhaya-mudrâ ou en Varada-mudrâ (Yume Tagae Kannon Bosatsu).
- Type du Hôryû-ji (VII siècle) :debout ,la main gauche tenant un lotus ou en Abhaya-mudra , la main droite pendante.