Divinités syncrétiques du Japon
Ces divinités, surtout japonaises, appartiennent au syncrétisme shintô- bouddhique. Le shintô, étant aniconique, ne représente pas les Kami ou « forces supérieures » autrement que par des symboles (miroir, sabre,bijoux, etc.). À partir du IXe siècle, les moines bouddhistes japonais, désirant « recruter » au profit du bouddhisme les divinités proprement japonaises, conçurent l’idée de créer pour les besoins de la cause des divinités syncrétiques. Ces Gongen ou avatâra (descentes) sont des incarnations temporaires des Kami dans des divinités bouddhiques: De cette manière furent inclus dans le panthéon bouddhique nombre de divinités du shintô. Les divinités syncrétiques japonaises appartenant au Suijaku ou Doctrine de la descente , dans laquelle les divinités traditionnelles ou Kami sont assimilées à celles du bouddhisme dont elles seraient des émanations ou « descentes », furent assez populaires, surtout parmi les religieux suivant les doctrines du Shugendô ou Voie des Yamabushi (moines de la montagne) à partir du IXe siècle. Des formes d’art religieux ayant été élaborées afin de satisfaire aux besoins de ces cultes particuliers, de nouvelles divinités furent ainsi créées. Parmi celles-ci, les plus communes sont celles de Zaô Gongen, Shômen Kongô, Sanbô Kôjin et Sôgyô Hachiman-shin. Des mandala particuliers furent alors conçus, tels que le Kasuga Sbika Mandara, Ylkoma Mandara ou le Kumano Mandara. A l’époque de Kamakura (1185-1333), de nombreuses images syncrétiques furent alors réalisées, en gravure ou en bas-relief généralement, notamment sur des miroirs ronds destinés à être suspendus (kakebotoke), pour illustrer les aspects de ces divinités. Au Japon, d’autres divinités, appartenant au syncrétisme shintô- bouddhique, sont parfois difficiles à classer avec précision dans l’une ou l’autre catégorie de divinités : ces Gongen ou « descentes » de divinités bouddhiques dans des Kami du shintô sont cependant réputées temporaires, et ont pour la plupart été créées lors de l’effort de syncrétisme fait au IXe siècle par les moines des sectes ésotériques désireux d’inclure dans leur panthéon les divinités du terroir japonais. D’autres, au contraire, sont des « bouddhisations » pures et simples de Kami du shintô, tel Sôgyô Hachiman-shin.