Divinités syncrétiques du Japon : Zaô Gongen
Kongô Zaô ou Zaô Gongen (dont nous avons déjà parlé à propos du Bouddha Shâkyamuni Gautama) connut une place importante dans le bouddhisme japonais, mais il semble maintenant presque oublié, sauf peut-être de certaines sectes ésotériques se rapportant aux doctrines du Shingon et du Tendai. Kongô Zaô qui, de Bodhisattva qu’il paraît avoir été à l’origine, est devenu, dans le Ryôbu-Shintô, l’incarnation de ce Bodhisattva sous le nom de Zaô Gongen, est également appelé Himitsu Kongô (Vajra secret) et Tokkyô Kongô (Celui qui donne un enseignement spécial). Sous l’influence du shintô, ce Bodhisattva se transforma en Vidyârâja (jap. Myô-ô). Un temple lui fut dédié (sous son aspect de Gongen) sur le mont Kinbu où il était fort vénéré par les Yamabushi (moines-guerriers ascètes de la montagne) aux XIIIe et XIVe siècles. Le Taiheiki en donne une description précise : « Il se montra sous l’aspect d’un être très fort et très furieux, tenant dans la main droite le vajra, les coudes relevés par la colère, la main gauche aux doigts écartés pressant sa hanche, le regard chargé d’indignation ; il semblait subjuguer les démons qui font obstacle à la Loi ; de ses pieds haut levés, il frappait le sol en déployant toutes les vertus du Ciel et de la Terre. » On ne le trouve plus guère représenté en Bodhisattva, mais principalement en Vidyârâja, Zaô Gongen fait partie (adjonction relativement tardive) du mandala en deux parties de la secte Shingon. Dans le Garbhadhâtu Mandala, sous le nom de Kongô-zô, il se trouve parmi les « porteurs de vajra » (Vajradhara) au sud des Cinq Jina (Gochi Nyorai). Il y est alors confondu avec Vajrasattva (jap. Kongôsatta). Dans le Wajradhâtu Mandala, il se trouve placé dans l’enceinte intérieure du Samaya Mandala et fait alors partie des seize Bodhisattva du Bhadra- kalpa (Kalpa actuel). Il se trouve également représenté dans le Sukshma Mandala (jap. Bisai-e) et dans le Pûjâ Mandala (jap. Kuyôè). Cependant Zaô Gongen n’aurait été incorporé dans ces mandala qu’à partir de l’époque de Kamakura. Lorsque ce Vidyârâja est assimilé à un Bodhisattva, il est parfois identifié comme étant une forme de Kshitigarbha. On le considère aussi, nous l’avons vu, comme une forme colérique de Shâkyamuni. Cependant, sa forme la plus répandue est celle d’une divinité terrible.