Clercs régulieres
Ce sont essentiellement les jésuites, qui sont 17 000.
Congrégation religieuse cléricales
Elles sont plus de 60, parmi lesquelles :
– Les maristes. Au nombre de 1 900, d’organisation calquée sur les jésuites, ils se consacrent au monde rural, à la vie paroissiale, aux jeunes et aux missions.
– Les pères du Saint-Esprit, ou spiritains, sont missionnaires dans les pays en développement.
– Les salésiens, ou pères de saint Jean Bosco, sont les plus nombreux, environ 17 000. Ils se vouent à l’éducation, surtout en milieu rural.
– Il faudrait citer les rédemptoristes (6 700), les pères du Sacré-Cœur de Picpus (1 400), les marianistes (2 000), les montfortains (1 300), les oblats de Marie (5 700), les assomptionnistes (1 100), etc.
Congrégation religieuse laïques
Moins nombreuses que les précédentes, elles comprennent notamment :
-Les Frères des écoles chrétiennes (environ 10 000).
-Les Frères de l’instruction chrétienne de Ploërmel (1 500).
-Les Frères maristes des écoles (Petits Frères de Marie).
-Les Petits Frères de Jésus (Frères de Foucauld).
Le terme de laïc appliqué à ces congrégations n’empêche pas leurs membres de recevoir fréquemment la prêtrise.
Leur longue formation conduit naturellement les prêtres à un rôle d’encadrement, ce qui ne signifie pas que l’Eglise soit l’affaire du seul clergé. Au contraire, chaque chrétien a le devoir de participer, selon ses forces et malgré ses faiblesses, au progrès de l’Eglise. C’est en ce sens que les chrétiens parlent de sacerdoce universel et se veulent un peuple de prêtres. C’est aussi pourquoi le concile de Vatican II a mis en valeur le rôle des laïcs, ce qui présente l’avantage de les responsabiliser, d’éviter les tentations toujours possibles d’un excessif cléricalisme mais également de faire face à l’insuffisance du nombre de prêtres.
L’églises catholique manque-t-elle de prêtre?
C’est un lieu commun de dire qu’il y a de moins en moins de prêtres, ce qui est interprété comme une perte de vitesse du catholicisme, ou, pour certains catholiques « intégristes », comme une conséquence néfaste de l’ouverture doctrinale du concile de Vatican II.
La question mérite une analyse attentive et, au préalable, le rappel de quelques chiffres.
Si l’on prend la France pour exemple de l’évolution du nombre de prêtres et Europe occidentale de tradition catholique, la situation est Inquiétante :
en 1913, il y avait 58 000 prêtres ~ en 1948 42 650
en I960 46 000
en 1965 40 981
en 1975 36 014
en 1985, ils étaient 28 629, dont 33 % âgés de plus de 65 ans et 10 % seulement de moins de 40 ans.
en 2004 ils étaient 27 227 (soit 1 prêtre pour 2 200 habitants).
Ces chiffres témoignent d’un effondrement brutal qu’on constate aussi dans les autres pays riches et industrialisés. Toutefois cette situation ne reflète pas celle de l’Eglise dans son ensemble.
Dans le monde entier, il y avait 405 000 prêtres catholiques en 2004 contre 433 089 en 1973, soit une diminution de 6,5 % du nombre total des prêtres en trente ans. Sur cette diminution de 28 000 prêtres, plus de 7 000 sont imputables à la France seule : sa situation religieuse est responsable pour plus de 25 % de la diminution du nombre de prêtres dans le monde !
Tous les autres pays industrialisés connaissent, peu ou prou, une diminution importante de leur recrutement sacerdotal, comme si le confort matériel s’accommodait mal du désintéressement exigé par la prêtrise. Or, aujourd’hui encore, ce sont, peut-être paradoxalement, les pays les plus riches qui fournissent les contingents de prêtres les plus nombreux (63 000 en Italie, 58 000 aux Etats-Unis en 1982) ‘. La crise qui frappe ces pays pèse donc lourd au plan mondial mais il ne faut pas perdre de vue que leur situation reste encore relativement favorable. C’est ce que montre la répartition suivante des prêtres par continents telle qu’elle était en 2004 :
-Europe : 222 476 prêtres (52/100 000 hab. ou 100/100 000 catholiques) -Amérique du Nord et du Sud: 119 347 prêtres (14/100 000 hab. ou 24/100 000 cath.)
– Asie : 35 800 prêtres (1/100 000 hab. ou 34/100 000 cath.)
– Afrique: 21 750 prêtres (3/100 000 hab. ou 19/100 000 cath.)
– Océanie : 5 240 prêtres (16/100 000 hab. ou 72/100 000 cath.)
La situation s’apprécie donc de façon très différente, non seulement selon les continents, mais aussi selon qu’on rapporte le nombre de prêtres à la population totale ou au nombre de catholiques.
L’Amérique du Sud est catholique à une très forte majorité mais la christianisation reste superficielle et le nombre de prêtres pour 100 000 catholiques est le plus faible du monde.
En Afrique, le nombre de catholiques est encore relativement réduit puisqu’ils sont extrêmement rares en Afrique blanche et seulement 20 % de la population en Afrique Noire ; cependant le nombre relativement faible de prêtres dans la communauté catholique n’est dû qu’à la grande eunesse de cette Eglise, comme en témoigne le démarrage récent des vocations religieuses : sur la centaine de grands séminaires du continent africain, 30 ont été ouverts depuis 1980 ; ils comptaient au total 8 200 étudiants à cette date (14 600 en 1993), leur nombre a doublé en dix ans, soit un rythme de 800 séminaristes supplémentaires par an.
En Asie, les catholiques se concentrent dans quelques pays (Philippines, Inde, Corée du Sud, Viêt-nam…) où le nombre de prêtres est loin d’être négligeable et où les nouvelles vocations sont nombreuses. Rappelons qu’il y a, par exemple, près de deux fois plus de jésuites en Inde qu’en France et que les prêtres indiens tiennent une place exemplaire dans diverses missions d’Amérique ou d’Afrique et même dans des pays réputés
francophones comme Madagascar.
Enfin, en Océanie, où le poids de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande est prépondérant, la situation est comparable à celle de l’Amérique du Nord.
Que peut-on conclure d’une situation si diversifiée ? Certes les prêtres sont un signe de la vitalité de l’Eglise mais celle-ci ne doit pas s’apprécier sur ce seul facteur. L’une des causes décisives du déclin des « vocations » semble être la mutation subie récemment par la société.
Avant la Seconde Guerre mondiale en Europe occidentale, la pratique religieuse n’était pas contestée ; certains jeunes accédaient tout naturellement à la prêtrise pour assurer leur épanouissement spirituel sans que cela gêne pour autant leurs aspirations profanes ; on comptait par exemple de nombreux prêtres professeurs de lettres ou de mathématiques qui consacraient l’essentiel de leur temps à leur profession. Le prêtre était un notable de la société rurale au même titre que l’instituteur et ce n’est pas un hasard si l’on constate aussi aujourd’hui une désaffection pour ce dernier métier.
Le savoir dont étaient auréolés le curé et l’instituteur de village a perdu presque tout son prestige depuis la généralisation de la télévision dans les foyers. De plus le monde rural ne représente plus qu’une faible minorité de la population et celle-ci n’a plus besoin de la messe du dimanche pour faire diversion à son travail quotidien. On pourrait presque affirmer que l’Eglise n’a pas tant perdu ses croyants que son utilité sociale.
En revanche, dans les villes, l’Eglise en est largement restée au décalque du modèle paroissial des campagnes. Cette inadéquation a pour effet que seuls « vont à la messe » ceux qui y croient au point d’en avoir vraiment besoin. Mais le prêtre n’a pas perdu pour autant la charge des autres Paroissiens qui le sollicitent par tradition pour célébrer des baptêmes, des Mariages ou des enterrements. Le prêtre se sent ainsi devenir une sorte de fonctionnaire chargé d’apporter à des chrétiens « statistiques » des sacrements auxquels ceux-ci ne croient qu’à moitié. Il y a de quoi décourager des vocations.
Un autre facteur de diminution des vocations est, paradoxalement, le succès des valeurs chrétiennes dont bon nombre sont devenues des valeurs universelles. Le mouvement commencé avec la Croix Rouge, dont le nom rappelle l’inspiration chrétienne mais dont l’organisation est laïque, se poursuit avec la multiplication d’œuvres qui auraient été autrefois reli¬gieuses (Médecins sans frontières, Amnesty International, défense des Droits de l’homme…).
Enfin, la beauté du service liturgique n’est plus aujourd’hui la seule forme d’art auquel la population peut avoir accès et le langage symbolique de la religion parle de moins en moins aux foules.
Pour que le service de l’Eglise suscite à nouveau le dévouement de nombreux prêtres, il faut sans doute qu’il se renouvelle en tenant davantage compte des spécificités de la société urbaine des pays industrialisés : la misère des drogués, des vieillards isolés, des délinquants qui n’ont jamais connu de tendresse ne sera pas soulagée par les seules aides sociales matérielles. C’est dans le visage de ces nouveaux pauvres que les futurs prêtres trouveront le visage du Christ qui les appelle.
En ce qui concerne l’adaptation de l’Eglise au monde moderne, les prêtres n’ont guère de soucis à se faire, surtout depuis le concile de Vatican II. La période où la conception du monde véhiculée par l’Eglise semblait s’opposer aux découvertes de la science et au progrès de la société est largement dépassée .
Il faudra toutefois, semble-t-il, admettre que les rites, qui ont longtemps été le support de toutes les religions, ne présentent plus beaucoup d’attraits pour nombre de croyants d’un niveau d’instruction scientifique élevé. Ceux-ci « intellectualisent » leur religion au point de n’attacher tout au plus qu’une signification sentimentale à la célébration de la messe sous une forme ou sous une autre. A vrai dire, l’ambition de l’Eglise d’être à l’aise dans toutes les cultures doit logiquement la conduire à relativiser les rites, expression de la piété profondément marquée par la culture. Peut-être qu’à cet égard la formation des prêtres s’attache trop à la liturgie et au respect des rites ?
Quant au vieillissement du clergé, c’est, d’une certaine manière un retour à l’Eglise primitive puisque le mot « prêtre » vient, comme « presbytie », d’un mot grec qui signifie « ancien ». Il est vrai qu’à l’époque on était vieux à 40 ans.
La situation du clergé des autres Eglises chrétiennes, prêtres orthodoxes et pasteurs, mériterait également de longs développements. Mentionnons simplement que le clivage le plus profond se situe entre les Eglises qui, comme les catholiques et les orthodoxes, croient à l’existence d’un pour voir sacré transmis par les évêques depuis les apôtres et celles qui, comme certaines Eglises protestantes, ne voient dans les sacrements qu’un symbole et considèrent les clercs comme de simples chrétiens à la formation religieuse plus approfondie. A côté de cette différence radicale de conception, la question du mariage des prêtres et même celle de l’ordination des femmes apparaissent secondaires.