La religion mapuche
Plus connus sous le nom d’Araucans, les mapuches 1 sont encore environ 400 000. Du temps des Incas, leurs voisins et ennemis du Nord, la confédération des tribus mapuches occupait une bande de mille kilomètres de profondeur au sud de la ligne Santiago-Buenos Aires. Leur territoire actuel s’est considérablement restreint et se limite à quelques milliers de km2 de sol chilien entre Temuco et Chiloé. La résistance des mapuches à la pénétration européenne a été extrêmement vigoureuse, à tel point qu’ils s’abritaient encore au milieu du XIX siècle derrière une frontière fortifiée à 50 km au sud de Santiago.
Sur le plan religieux, les mapuches ont été longtemps inaccessibles au christianisme et aujourd’hui encore ils n’ont aucune tendance au syncrétisme : ils conservent leur religion ou sont chrétiens mais ne mélangent pas les deux.
La religion mapuche est un animisme de type chamaniste resté très pur. C’est à ce titre que nous l’avons choisi comme exemple de ce courant très important de l’animisme.
Pour les mapuches, nous vivons dans un monde intermédiaire situé entre quatre mondes supérieurs, domaine du Bien, et deux mondes inférieurs où règne le Mal. Ces mondes sont peuplés d’esprits bénéfiques ou maléfiques selon leur localisation. Les dieux sont nombreux. Les plus
importants sont les anciens chefs, la lune et les étoiles, mais il existe un Être suprême, créateur de toutes choses, Pillan, parfois assimilé au volcan.
Pour obtenir des faveurs des divinités, les chamans, en général des femmes appelées machi, montent au ciel ou descendent aux enfers grâce à des techniques d’extase. Il existe ainsi deux catégories de chamans, blancs ou noirs, selon les esprits qu’ils fréquentent. Les chamans peuvent être consultés pour guérir une maladie ou conjurer un mauvais sort. C’est seulement dans les cas graves qu’ils entrent en transe ou en extase, abandonnant leur corps sur terre pour voyager chez les esprits. Les chamans sont soumis à une longue initiation secrète qui comporte l’apprentissage d’une langue spéciale. Il existe aussi des officiants, les ngenpin ou « maîtres de la parole » qui président les prières.
Le culte est très rudimentaire et se déroule le plus souvent en pleine nature. Il comporte un rite de salutation au soleil et un dialogue de l’ofïïciant avec les dieux. Vers le mois de février, la grande fête annuelle, le nguillatun, réunit pendant quatre jours les fidèles autour d’un feu sacré. Le chant sacré des anciens, accompagné de tambours et de danses, prépare le sacrifice de poulets destiné à obtenir des dieux une année favorable. Ces cérémonies, qui rassemblent quelques dizaines de gauchos venus à cheval, ressemblent davantage à un feu de camp primitif qu’à un culte religieux élaboré.
Toutefois, malgré l’absence d’écriture, les traditions mapuches se transmettent fidèlement. Musique, chants et prières sont étudiés par les ethnologues.
Les cargo-cuits
Depuis la fin du XIX siècle, l’Océanie a vu naître au sein des populations de diverses îles de Mélanésie ‘, souvent fort éloignées les unes des autres, une étrange religion dont il faut bien constater qu’elle est en voie de disparition. Désignée du nom anglais de cargo-cuit, le culte du cargo, elle a pris des expressions variables selon les lieux et les époques.
L’apparition des premiers explorateurs blancs dans ces îles perdues fut d’abord interprétée comme le retour des ancêtres, devenus fantômes à la peau blanche. Leurs incroyables navires chargés d’objets merveilleux ne pouvaient provenir que de l’au-delà.
C’est cette conviction que les ancêtres vont revenir apporter la prospérité qui est au cœur de tous les cargo-cuits. L’un des plus récents a été observé vers 1970 dans les hautes terres inaccessibles de Papouasie-
Nouvelle-Guinée où les habitants construisirent des sortes d’avions en toile et branchages au bord de clairières pour attirer les vaisseaux ailés des anciens avec leur chargement (cargo) de bienfaits pour la tribu. A force de voir passer des avions dans le ciel, ces montagnards souhaitaient piéger l’un de ces énormes oiseaux avec le simulacre d’un de leurs petits.
Les cargo-cuits n’ont pas toujours eu ce côté de naïveté attendrissante. En 1893, à Milne Bay, en Nouvelle-Guinée, un certain Tokerau prophétisa un cataclysme qui détruirait les Blancs et permettrait aux ancêtres de revenir sur de grands bateaux. Ils restaureraient les vieilles coutumes et apporteraient tant de cadeaux que tout travail serait inutile. De nombreux Mélanésiens, anticipant l’événement, détruisirent leurs cultures et se trouvèrent au bord de la famine quand on finit par arrêter le faux prophète.