Le bouddhisme au Japon
Le bouddhisme, implanté au Japon dès le VIe siècle par des moines venus de Corée, finit par submerger le shintoïsme au terme d’une conquête qui se fit en trois étapes principales, chacune d’elles donnant naissance à de nouvelles sectes souvent inspirées par un syncrétisme shinto-bouddhique. La première période, dite de Nara (710-794) engendra des sectes aujourd’hui disparues qui transformèrent allègrement le kami Amaterasu en Bouddha Vairocana. La deuxième période, dite de Heian (794-1192) vit se former des sectes au caractère secret telles que celles de Teridaï et de Shin- gon toujours existantes ; elles reconnaissent un principe unique mais ont souvent un caractère magique d’influence tantrique. Enfin la troisième période dite de Kamakura (1192-1603) donne à la religion un caractère plus pratique que métaphysique et engendre des sectes très diverses, presque opposées quant à leurs aspirations et à leurs finalités. C’est d’une part l’amidisme, venu aussi de Chine, qui apporte le réconfort d’un dieu personnel répondant aux demandes des fidèles par la grâce. Bien accueillie par la population, cette école est encore très populaire. A l’opposé, la secte zen fondée par Elisai (1141-1215) recherche l’illumination, l’Absolu par des moyens stoïques, virils, intransigeants. Toujours populaire, cette école se répand même dans le monde occidental car sa spiritualité semble capable de participer avantageusement au développement matériel.
La discipline zen, transmise du maître au disciple, permet de contrôler le mental grâce à une combinaison de méthodes physiques et psychiques inspirées du yoga indien. Ces exercices tendent
à donner au disciple une grande liberté de pensée, une totale indépendance qui doit lui permettre de s’éveiller à la vérité suprême. Mais le zen apprend aussi au fidèle à se concentrer totalement sur son activité au point de le rendre très performant. Ceci n’a pas échappé aux managers japonais et occidentaux qui ont vu dans le zen une technique particulièrement efficace, à la fois pour lutter contre le stress et pour augmenter leur rendement et celui de leurs employés. L’on voit ainsi des entreprises proposer à leurs cadres de s’initier au zen, philosophie hautement spirituelle, afin d’accélérer le développement matériel… Ceci n’est qu’un paradoxe de cette philosophie qui, issue de l’enseignement du sage et pacifique Bouddha, influença aussi bien les virils samouraïs que les artistes et poètes japonais. Dans l’esprit zen, l’œuvre d’art est créée pour elle- même et non pas pour représenter la nature. Cet esprit a inspiré aussi bien l’architecture que la céramique, l’art des jardins ou des bouquets de fleurs sans oublier la cérémonie du thé et l’art du combat singulier.