Le catholicisme : L’Eglise et la femme
Aucun pape n’a autant glorifié la femme que Jean-Paul II. Mais aucun pape n’a comme lui définitivement bloqué l’accès des femmes au sacerdoce. Ses discours ne restent que des discours et montrent une pensée, une attitude pour le moins ambiguë : Jean- Paul II veut bien que la femme soit l’égale de l’homme mais à condition de lui rester inférieure. On retrouve cette subtile dialectique dans l’islam avec lequel le pape actuel s’est allié pour défendre ses positions sur la femme et la sexualité auprès des instances internationales.
Pourtant, les louanges de la femme et de son charisme sont nombreux et témoignent parfois d’une vision bizarre du monde féminin. Ainsi en 1988, dans une lettre apostolique Mulierem dignitateXe pape écrit : « L’Église dit merci à Dieu pour toutes les femmes » ce qui a fait bondir la théologienne Ranke-Heinemann : les femmes ne font-elles donc pas partie intégrante de l’Église ? (L’Express, 16 nov. 1990).
A l’occasion de l’ouverture de la IVeconférence mondiale pour les femmes qui s’est tenue en septembre 1995 à Pékin, Jean-Paul II a publié une Lettre du Pape aux femmes dans laquelle il précisait que « l’Église entend bien apporter elle aussi sa contribution à la défense de la dignité, du rôle et du droit des femmes. » Une note explicative disait très justement : « les pratiques discriminatoires contre la femme sous toutes leurs formes ne sont rien d’autre que l’expression d’un manque de reconnaissance de l’égalité » (L.B. 5 sept. 1995). Le Pape lui-même avait invité les institutions catholiques du monde entier à parcourir avec courage la voie de la promo
tion de la présence des femmes dans les lieux responsables de l’Église (L.B. 7 sept. 1995). Il parle de courage tellement il savait – peut-être inconsciemment – combien « la voie de la promotion de la présence des femmes » serait semée d’embûches. Et effectivement, sur cette voie, Jean-Paul II se trouva rapidement opposé au Pape – à moins que ce ne soit le contraire. Toujours est-il que, malgré sa bonne volonté, Jean-Paul II dut se rendre à l’évidence : « … l’Eglise n’a en aucune manière le pouvoir de conférer l’ordination sacerdotale à des femmes et [… ] cette position doit être définitivement tenue par tous les fidèles de l’Église » (Lettre apostolique Ordinatio sacerdetalis du 22 mai 1994). Gageons qu’après cela l’Eglise attendra au moins 12 ans pour nommer une commission chargée d’étudier le problème de l’ordination des femmes et qu’après 356 ans cette commission s’apercevra, comme dans l’affaire Galilée, qu’il y avait malentendu et qu’aucune raison théologique ne s’oppose à l’accès des femmes au sacerdoce. En attendant, les femmes se voient privées de tout pouvoir de décision ecclésial, même sur des sujets qui les concernent directement et prioritairement comme la régulation des naissances.
Ce qui est plus étonnant de la part de Jean-Paul II, c’est son attitude vis-à-vis de l’Église anglicane lorsqu’en novembre 1992 celle- ci, par un vote synodal, se prononça en faveur de l’ordination des femmes. En grand défenseur de leurs droits, il aurait dû se réjouir qu’une autre Eglise que la sienne ait, elle, le pouvoir d’ordonner des femmes. Mais, curieusement, c’est « avec douleur » qu’il apprit « la nouvelle ligne adoptée par la communauté anglicane »… (L.B. 13 nov. 1992).
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