Le feu et la lumiére
Le mot arabe pour feu est nar, de la même racine que nour qui désigne la lumière. C’est cette racine qu’on retrouve dans manar, le lieu où l’on place le feu, le phare, d’où l’on a tiré minaret. En hébreu, la même formation a produit menorah, nom du chandelier à sept branches.
Ainsi la lumière et le feu sont-ils liés étroitement à ce qui symbolise peut-être le mieux l’Islam et le judaïsme : le minaret et le chandelier à sept branches. Le cierge, à la fois feu et lumière, tient une place importante dans les cérémonies chrétiennes, notamment pour le baptême et à Pâques. Il est souvent placé par les dévots au pied des statues des saints en témoignage de respect et de reconnaissance.
Chez les zoroastriens, le culte principal est rendu au feu, élément sacré par excellence au point qu’il serait impensable de le souiller en y brûlant un cadavre.
Le culte rendu au feu remonte, à coup sûr, aux premiers âges de l’humanité. La peur qu’il inspire par sa puissance destructrice en faisait tout naturellement un dieu qu’il fallait se concilier. L’imagerie populaire chrétienne voit encore l’enfer comme un feu éternel. La religion védique, l’une des plus anciennes que nous connaissons, adorait Agni, dieu du feu1. Chez les Grecs, le dieu suprême Zeus était le maître de la foudre, le feu le plus dévastateur. L’association du feu et de la lumière est éclatante dans les étoiles et en particulier le soleil, d’où nous viennent lumière et chaleur. L’adoration du dieu-soleil, chez les Egyptiens et les Aztèques en particulier, était le culte central. On pense généralement qu’il existe une parenté entre le mot « dieu » lui-même et différents mots des langues indo-européennes portant le sens de «jour » : dies en latin, diurne et jour en français, din en hindi, etc.
Mais le feu n’est pas que destructeur, il purifie également, il cautérise, il cuit les aliments. La purification par le feu est absolue, elle ne laisse rien de la nature périssable. Les hindous brûlent solennellement leurs morts sur un bûcher, les veuves y rejoignaient même jadis leur mari défunt. Ainsi l’âme est définitivement détachée de son enveloppe terrestre à jamais disparue et peut se réincarner.