Le voile islamique
La sourate 24 (verset 31) recommande aux croyantes : quelles se fassent de leur voile un écran sur leur gorge et qu ’elles ne découvrent leurs parures qu ’à leur mari, ou leur propre père, ou le père de leur mari, ou leurs propres fils… La sourate 33 (verset 59) ajoute : 0, prophète, dis à tes épouses, à tes filles et aux femmes des croyants de rapprocher un pan de leur voile de leur visage, cela les distinguera des autres femmes et leur évitera d’être importunées. En fait, il s’agit de recommandations concernant la pudeur, les hommes étant, semble-t-il, incapables de se contrôler devant la beauté féminine. Selon les pays, l’interprétation du Coran conduit à des pratiques très diverses. En Afghanistan, la femme disparaît totalement sous une sorte de tente (c’est le sens du mot tchador) qui l’enveloppe de la tête aux pieds. Dans les pays du Golfe, les femmes ont souvent un masque en cuir tandis qu’en Afrique du Nord, elles portent un léger voile transparent qui laisse parfaitement deviner les traits du visage. Les gouvernements turc et tunisien interdisent le port du voile aux employées du gouvernement. Celui des ayatollahs, en Iran, l’impose à toutes les femmes, même non musulmanes.
En Grande-Bretagne, le communautarisme est assez bien admis et personne ne se choque que chaque peuple vive selon ses coutumes. En France, la question du voile est plus difficile, car une part importante des musulmanes de France ont quitté l’Algérie pour y éviter le terrorisme de ceux qui imposaient le voile.
On peut soutenir, à la lecture du Coran, que le voile est destiné à protéger la pudeur des femmes et à éviter que le regard des hommes ne les importune. Dans le monde occidental, où la majorité des femmes ne sont pas voilées, les femmes qui portent le voile attirent le regard, ce qui va à l’encontre du but recherché.
A noter que Singapour a une loi très semblable à la loi française qui interdit le port de tout signe religieux à l’école publique. Des jeunes filles en ont été expulsées pour avoir refusé d’ôter leur tulune (le voile en malais).
Pour en revenir aux objets du culte, l’ensemble du christianisme, à l’exception du mouvement dissident Iglesia ni Kristo des Philippines, est très attaché à la croix. Cet instrument du supplice de Jésus a pris aussi un sens symbolique par lequel Jésus, entre ciel et terre, attire tous les hommes vers son Père des cieux. C’est pourquoi on trouve des crucifix, avec ou non le Christ en croix, dans toutes les églises catholiques ou orthodoxes ainsi que dans les temples protestants. Le Vendredi saint, anniversaire de la mort du Christ, le prêtre présente le crucifix aux fidèles pour un baiser de respect et d’amour…
Lors de la messe, le prêtre fait usage d’objets divers, souvent en métal précieux ou richement ornés, parfois aussi d’une extrême simplicité : le ciboire où sont conservées les hosties, la patène, le plateau où on les dépose et le calice où l’on verse le vin consacré. L’ostensoir sert à la présentation du Saint-Sacrement1, l’encensoir est un brûle-parfum, le goupillon sert à asperger les fidèles ou le catafalque des enterrements d’une eau bénite qu’on trouve aussi à l’entrée de l’église dans un bénitier ; les fidèles s’y trempent les doigts avant de faire le signe de la croix. L’évêque, dans les cérémonies solennelles, porte une crosse, symbole de son rôle de pasteur, ainsi qu’une bague d’améthyste2. Certaines églises conservent des restes de saints dans de précieux reliquaires, quand ce n’est pas le corps entier dans une châsse.
L’Eglise catholique garde ainsi un attirail hétéroclite d’objets qui lui ont été légués par une histoire bientôt vieille de plus de 2 000 ans. Elle n’y attache pas plus d’importance qu’il ne convient et se débarrasse petit à petit de ce qui est outrageusement vieillot, comme la sedia gestatoria, chaise à porteurs du pape. Il ne faut donc pas s’étonner du contraste entre certaines cérémonies solennelles où se déploie toute une pompe d’une époque triomphaliste et la célébration de la messe dans une chambre d’ouvrier où un bol et une soucoupe font office de calice et de patène : il s’agit de la même messe et seule sa signification profonde a de l’importance.
Dans les autres religions, rappelons l’usage tibétain du moulin à prières et celui, général dans le bouddhisme, des cloches ; il est habituel, à l’entrée d’un monastère, de frapper la cloche qui s’y trouve en mettant en branle une pièce de bois d’environ un mètre de long suspendue à deux cordes.
Dans l’animisme africain, un rôle essentiel est dévolu aux masques. L’initié qui le porte devient véritablement le dieu représenté, il en prend voix et les gestes. Les masques authentiques détiennent, dit-on, des pouvoirs magiques, ce qui n’est évidemment pas le cas des productions
artisanales destinées aux touristes.
Dans l’hindouisme traditionnel, les statues des dieux sont supposées contenir une parcelle de la divinité qu’elles représentent et c’est pourquoi
elles sont adorées avec respect.
La tentation de se forger des idoles semble être d’ailleurs une constante de la nature humaine. Les juifs, inventeurs du monothéisme, élaborèrent durant l’Exode, à l’époque de Moïse, un Veau d’or, symbole de notre tendance permanente à ramener Dieu aux dimensions du dérisoire. Il convient donc de porter un jugement nuancé sur les objets de piété : ils peuvent être aussi bien un support matériel pour élever notre pensée vers Dieu qu’une ridicule réduction du divin à une caricature de sacré.
Certains objets de piété, comme le chapelet, sont recommandés comme support de la prière : chacune des boules qui le composent représente une prière que le fidèle récite puis il passe à la suivante en faisant glisser
la boule entre ses doigts.
Le chapelet chrétien comporte un crucifix qui symbolise la prière du Credo par laquelle commence la récitation ; on continue par trois Je vous salue Marie puis par cinq « dizaines » d’un Notre Père et de dix Je vous salue Marie chacune. Le rosaire est la récitation de trois chapelets complets. Ces prières soutiennent la méditation sur les différents épisodes, joyeux, douloureux ou glorieux de la vie de Jésus et de la Vierge Marie. Les 150 Je vous salue Marie du rosaire sont un rappel des 150 psaumes de la Bible.
Les musulmans utilisent également un chapelet ; il comporte 99 boules correspondant aux « plus beaux noms de Dieu », c’est-à-dire ses différentes qualités comme « le compatissant », le « tout-puissant », etc. Une 100e boule est réservée pour le « nom inconnu » de Dieu. Bien souvent la manipulation de ce chapelet n’est qu’une occupation des doigts sans que leVcroyant s’astreigne à une méditation particulière.
L’appartenance à une religion se traduit fréquemment par le port d une chaînette autour du cou. Les chrétiens y attachent une croix dont la forme varie selon les Eglises : la croix huguenote par exemple est une croix de Malte à laquelle est suspendue une colombe, symbole du Saint- Esprit. Dans l’Islam, c’ est une « main de Fatma » que l’on emploie. Fatima, *a fille du prophète, est supposée chasser le mauvais œil et les cinq doigts la main symbolisent les cinq piliers de l’Islam. Les animistes, quant à eux> portent volontiers des amulettes, dites aussi gris-gris ; ces petites
et il s’élève vers le ciel, comme pour attirer les croyants vers Dieu. C’est du haut du clocher ou du minaret que les fidèles sont appelés à vivre leur aventure spirituelle.
Quand une religion est persécutée ou minoritaire, elle ne peut exalter ainsi sa foi. C’est pourquoi les synagogues, parfois richement décorées à l’intérieur, s’abritent derrière des façades discrètes. Parfois aussi, comme Saint-Patrick à New York, la flèche de la cathédrale, au lieu de dominer la ville, se retrouve encaissée entre des gratte-ciel, comme si le matéria¬lisme triomphant cherchait à étouffer la religion.
Partout cependant, l’espérance que les hommes mettent en Dieu donne au temple, à l’église, à la pagode ou à la mosquée un rôle social majeur au sein du village comme de la grande métropole.
A titre d’illustration, nous évoquerons les caractéristiques architectura¬les des stupas bouddhistes, des mosquées et des églises chrétiennes.
Les édifices religieux du culte bouddhiste sont les monastères. Ceux-ci comportent divers bâtiments utilitaires pour les moines, des salles de prière, mais surtout une statue de Bouddha, assis debout ou couché, abritée ou en plein air, de très grande dimension. Le stupa, quant à lui, est davantage un monument commémoratif qu’un édifice du culte. Sa fonction religieuse est d’être un lieu de pèlerinage. Normalement les stupas abritent une relique de Bouddha, dent ou cheveu le plus souvent, mais ils se sont multipliés et sont devenus le symbole des croyances bouddhistes, sans contenir nécessairement une relique. On en trouve dans les monastères mais fréquemment aussi dans des lieux isolés.
Dans le cas général, un stupa est constitué de cinq parties symbolisant les cinq éléments soit, de la base au sommet, la terre, l’eau, le feu, l’air et l’éther, c’est-à-dire la vacuité ou le nirvana. La base est carrée, les parties supérieures arrondies. C’est au sommet qu’est placée la relique, quand elle existe. On trouve de nombreux styles de stupas, certains comportent des escaliers assez raides sur les quatre côtés pour accéder à la hauteur de la relique et de quatre petites niches latérales. Le corps du stupa est fréquemment hémisphérique, symbolisant le mont Méru, axe et centre de l’univers, selon la mythologie indienne. Parfois le stupa est décore d’un œil qui symbolise la connaissance et sa base est entourée de moulins à prières que le pèlerin met en action en tournant autour du monument dans le sens des aiguilles d’une montre. Dans certains temples, comme Angkor au Cambodge 1 ou Borobudur àjava, le stupa est la partie centrale d’une composition architecturale figurant un mandala, tel qu’on l’a vu ci-dessus, dans l’article sur la peinture.
Précisons que le terme de stupa appartient aux langues de l’Inde ; on dit dagoba à Sri lanka, chôrten au Tibet, chedi ou prang en Thaïlande, etc.
Quant au terme de pagode, il n’a pas de définition précise : c’est un 0j0t tamoul, pagavadam, qui désigne une divinité et qui est ensuite passé r le portugais pour s’appliquer principalement aux édifices religieux chinois, notamment à des sortes de stupas en forme de tour à toits
superposés.
La mosquée est le lieu où le musulman fait sa prière . Pour s’isoler spirituellement, il lui suffit d’une natte. Dans un campement de nomades, le lieu de prière se réduit à un coin de désert entouré de quelques bran¬chages d’épineux, la zeriba. Dans les agglomérations, les mosquées sont construites en dur et peuvent prendre les proportions de magnifiques monuments. La mosquée comprend alors un mur d’enceinte à l’extérieur duquel se trouve le nécessaire pour les ablutions, une cour assez vaste, appelée sahn, et enfin la salle de prière, la mosquée proprement dite.
Toutes les mosquées sont construites de telle sorte que les fidèles prient en direction de La Mecque, une niche dans le mur marque cette direction.
Le style des mosquées varie beaucoup selon les pays et les époques, les plus fréquentes sont à portique (Damas, Kairouan…) ou à coupoles (Bagh- dad, Istanbul…) tandis qu’en Indonésie et dans la province iranienne du Guilan, près de la Caspienne, elles sont assez discrètes et ressemblent à un bungalow au toit à quatre pentes.
Le nombre de minarets marque l’importance de la mosquée : le maximum est de sept pour la mosquée de La Mecque ; la mosquée bleue d’Istanbul en compte six, mais des mosquées d’importance considérable peuvent n’avoir qu’un seul minaret. La forme du minaret est aussi caractéristique des différents styles musulmans : au Maroc, ils sont à section carrée avec une décoration verte et blanche ; en Turquie, ronds, sobres et très élancés ; en Iran, ronds et très ouvragés avec un balcon circulaire en encorbellement pour le muezzin.
L’abondance des revenus du pétrole dans certains pays musulmans a donné un nouvel essor à la construction de mosquées. De généreux donateurs les ont multipliées en Afrique Noire, tandis que l’affirmation de l’Islam comme religion majoritaire conduisait des pays tels que le Pakistan, l’Indonésie ou la Malaisie à doter leur capitale de prestigieuses mosquées. Il est curieux de constater que la période la plus florissante de construction de lieux de culte se situe, pour l’Islam comme pour le christianisme, une douSaine de siècles après leur naissance.
A propos des églises, dont l’architecture est bien connue des lecteurs occidentaux, nous nous limiterons à quelques remarques soulignant certaines de leurs particularités.
Les premières églises ont bien souvent été bâties sur l’emplacement de temples païens préexistants. Cette pratique a été reprise au moment de la conquête coloniale espagnole en Amérique. Aujourd’hui encore y reste des traces de syncrétisme chez les populations indiennes qui adorent bien souvent leurs anciens dieux sous les traits des saints chrétiens.
Les coutumes de construire les églises face à l’est et de leur donner une forme de croix perdent de leur vigueur ; les églises sont désormais bâties en fonction du terrain disponible et l’architecte peut donner libre cours à son inspiration. Par exemple la basilique Saint-Pie-X de Lourdes est ovale et souterraine. Le passé nous a cependant laissé des églises de conception originale, comme les églises rupestres de Cappadoce en Turquie ou celles de Lalibela en Ethiopie, toutes taillées dans la roche, les premières au-dessus du sol, les secondes en dessous.
D’une façon générale, il semble que les églises présentent plus de variété de formes que les mosquées qui se ramènent à deux ou trois types bien définis.
Fréquemment, mosquées et églises sont flanquées d’un cimetière, comme si la présence du lieu de culte facilitait l’accès à la vie éternelle.