Les amishes
De nos jours, il subsiste une vingtaine de milliers d’anabaptistes qui sont restés très fidèles à la religion et le mode de vie du XIX siècle : il s’agit des amishes, secte américaine établie dans quelques villages du Middle West, en Indiana, en Ohio et surtout près de Lancaster en Pennsylvanie orientale.
Descendants d’anabaptistes allemands, suisses ou alsaciens persécutés ils s’établirent en Amérique du Nord vers 1720. Ils portent le nom d’amish en souvenir de leur évêque Jakob Amman. Leurs traditions sont restées étonnamment pures, sans aucune trace de modernité : les amishes tissent eux-mêmes leurs vêtements qui ne comportent pas de boutons mais des agrafes et des rubans. Les hommes portent la barbe et se coiffent de chapeaux à larges bords les femmes ont les cheveux longs et une coiffe ; elles ne portent aucun bijou. Les enfants arrêtent leurs études à 14 ans, en contradiction avec la loi américaine selon laquelle la scolarité est obligatoire jusqu’à 16 ans.
La morale est très puritaine et la communauté très solidaire quoique les biens ne soient pas mis en commun. Adeptes de la non-violence, les amishes sont objecteurs de conscience. Ils refusent l’aide de l’Etat, y compris les prestations sociales. En échange, un amendement du Sénat américain de 1961 les exempte d’impôts.
Leur côté pittoresque d’un autre âge ferait le bonheur des touristes, si les amishes n’avaient la plus grande répugnance à se faire photographier.
L’anglicanisme
Il est né des problèmes matrimoniaux de Henri VIII d’Angleterre qui voulait obtenir l’annulation par le pape de son mariage avec Catherine d’Aragon. Après avoir essuyé un refus, son tempérament coléreux le décida à séparer l’Eglise d’Angleterre de Rome, créant ainsi en 1534 l’Eglise anglicane dont il se décréta le chef. Cette solution radicale pré¬voyait l’avenir puisqu’il eut par la suite cinq autres épouses1. Au début, cette initiative n’avait aucune prétention théologique : les dogmes et la liturgie catholiques étaient conservés et la hiérarchie gardait la même structure. Puis, sous l’influence de la Réforme, l’anglicanisme se teinta de doctrine calviniste. Edouard VI accentua l’orientation protestante du royaume. Quant à la réaction catholique anglicane sanglante de Marie Tudor2, de 1553 à 1558, elle provoqua un dégoût tel qu’après son éviction, la coupure avec Rome devint irrémédiable. De ces traumatismes passés, il subsiste deux tendances au sein de l’Eglise : celle de la Haute-Eglise, plus aristocratique et proche du catholicisme, notamment par sa liturgie, et la Basse-Eglise, plus populaire et de tendance protestante calviniste. De ours par exemple, la Basse-Eglise est favorable à l’ordination de ne se pasteurs, ce que refuse la Haute-Eglise ‘. C’est au sein de la BassefeIj e qu’apparaît au XVIII siècle ce qui devait devenir le mouvement méthode .
Un pasteur anglican, John Wesley (1703-1791) suscite dans les masses renouvellement de la piété et un fervent désir de perfection. Forte- U l influencé par le mouvement piétiste, réaction contre l’intellectua- Jne ne souvent desséché des théologiens du XIX siècle, il donna une place ortante à l’expérience religieuse sensible. Aujourd’hui, les méthodismes sont nombreux dans le Sud et le Middle West des Etats-Unis ainsi dans les communautés Noires. Ils ne sont pas exagérément soucieux de doctrine : on y trouve tous les courants jusqu’à une sorte d’athéisme chrétien où la chaleur de la fraternité joue le rôle essentiel:i. Optimiste et individualiste, le méthodisme réussit bien dans les milieux relativement modestes. Il admet le baptême des enfants, contrairement aux baptistes, ne croit ni à la présence réelle de Jésus-Christ dans l’eucharistie, contrairement aux catholiques, ni à la prédestination, contrairement aux calvinistes. Selon le méthodisme, tous les hommes peuvent espérer être sauvés si leurs œuvres le méritent. Le méthodisme présente une grande variété de structures : les Eglises originaires de Grande-Bretagne sont, contrairement à l’Eglise anglicane, de type presbytérien, c’est-à-dire sans évêques, tandis que celles originaires des Etats-Unis ont des évêques, élus tous les quatre ans par une conférence de délégués où siègent les pasteurs et des laïcs. Les évêques ne sont donc pas nommés à vie mais ils sont cependant indéfiniment rééligibles. Malgré cette constitution démocratique, les pasteurs méthodistes ont la réputation d’être autoritaires.
Signalons que le Ku Klux Klan, société secrète ségrégationniste et raciste qui compte plus de 10 000 membres, a été réactivée en 1915 par un pasteur méthodiste, fait surprenant compte tenu du grand nombre de Noirs américains de confession méthodiste. Les méthodistes ne renient pas leur filiation historique à l’Eglise anglicane qu’ils dépassent aujourd’hui en influence, mais ils en sont complètement détachés. En particulier, la reine d’Angleterre, chef de l’Eglise anglicane, n’a évidemment aucune autorité sur eux.
Le luthéranisme
L’intendon initiale de Luther était de réformer l’Eglise de l’intérieur non de s’en séparer. Il n’est donc pas étonnant que, même une fois là rupture consommée, on retrouve dans les Eglises luthériennes davantage de points communs avec le catholicisme qu’il n’en existe, par exemple dans les Eglises issues du calvinisme. En particulier, Luther croit à là nécessité d’une Eglise structurée : c’est l’Eglise des « élus », du peuple que Dieu a sauvé et dont chaque membre est, à sa manière, le prêtre Cependant, il reste attaché à la notion de tradition ; en particulier, le titre et la fonction d’évêque sont-ils conservés ainsi qu’une bonne part de la liturgie. En ce qui concerne la délicate question de la présence réelle de Jésus-Christ dans l’eucharistie, les luthériens sont plus nuancés que les calvinistes. Un autre point de divergence avec ces derniers porte sur les rapports de l’Eglise et de l’Etat : Luther, selon l’usage de son époque, est partisan d’Eglises nationales placées sous la protection des princes alors que Calvin souhaite soustraire l’Eglise à leur influence. C’est pourquoi le luthéranisme couvre des zones géographiques relativement homogènes, comme la Scandinavie, où il n’est guère concurrencé par d’autres religions.
Cependant, en pénétrant aux Etats-Unis dans le sillage des émigrés européens au XVI et au XIX siècles, le luthéranisme a bien dû s’adapter à un contexte religieux plus complexe. Il reste, de façon préférentielle, la religion des communautés d’origine Scandinave ou allemande.
Les Eglises luthériennes portent fréquemment le nom d’Eglises évangéliques.