Les croyances du christianisme: croyance christianisme
L’enseignement de Jésus-Christ parachève celui des différents prophètes qui se sont exprimés dans la Bible tout au long de l’histoire du peuple
Les chrétiens, en approfondissant le message reçu, ont parfois diversement interprété certains points de leurs croyances. Des débats théologies souvent acharnés s’en sont suivis qui ont été tranchés par des assemblées d’évêques au cours des conciles successifs. Il s’est ainsi construit une doctrine officielle, orthodoxe1. Ceux qui n’en acceptaient pas les conclusions quittaient l’Eglise avec la troupe de leurs fidèles inconditionnels et jetaient ainsi les bases d’Eglises chrétiennes dissidentes dont beaucoup disparurent peu à peu mais dont d’autres restent vigoureuses.
Lorsque l’Eglise d’Orient et celle de Rome se séparèrent en 1054 sur la question de l’autorité du pape, elles ne présentaient pas de différences de doctrine. Cependant, les dogmes proclamés ultérieurement par l’Eglise catholique l’ont été sans la participation de l’Eglise d’Orient, toujours dénommée orthodoxe. Il y a là une amorce de divergence doctrinale entre les deux Eglises.
Quelle que soit la réalité de ces difficultés, les Eglises chrétiennes ont presque toutes en commun des croyances fondamentales que l’on peut appeler leur credo.
Ces croyances sont les suivantes :
– Il existe un Dieu tout-puissant, créateur de toutes choses.
– Dieu est notre Père : le lien entre le créateur et ses créatures est ainsi un lien d’amour, le plus fort que nous puissions imaginer.
-Jésus-Christ est Fils de Dieu ; il est Homme mais il est aussi Dieu lui-même, conçu par Dieu et né de Marie.
-Trois jours après sa mort sur la croix, il est ressuscité, s’est manifesté à différentes reprises, puis est monté au « ciel » pour rejoindre Dieu le Père.
– Dieu est unique, mais II est Trinité, c’est-à-dire qu’il est trois « personnes » appelées le Père, le Fils et le Saint-Esprit, toutes un seul et même Dieu4.
1. Orthodoxe, « pensée droite » en grec, désigne ce qui est conforme à la vérité une doctrine. Le terme est aussi employé pour des doctrines politiques.
2. On trouvera ci-après un tableau des conciles, des dogmes promulgués et des erésies qui en ont résulté.
v terme latin, qui signifie «je crois », est le premier mot d’une prière catholique sont enoncées les principales vérités à croire.
ersonne, mot d’origine étrusque, désigne originellement un masque de théâtre. nsi. le même « acteur », Dieu, apparaît-il, selon les circonstances, sous trois aspects
– C’est la deuxième personne de la Trinité qui s’est fait Homme en Jésus-Christ. C’est ce qu’on appelle le mystère de l’incarnation.
—Jésus-Christ est venu offrir aux Hommes blessés un salut total1. Sa mort sur la croix a ainsi « racheté » toutes les insuffisances, les faibles¬ses, les erreurs et les crimes de l’humanité. C’est ce qu’on appelle le mystère de la rédemption, c’est-à-dire du « rachat ».
– Pour participer à ce salut promis par Dieu, l’homme doit avoir un comportement satisfaisant. La morale est fondée sur l’imitation de Jésus-Christ, c’est-à-dire sur la loi d’amour.
– A la fin du monde, Dieu jugera tous les hommes et les élus participeront à la vie éternelle.
– L’Eglise est indissociablement liée à Jésus-Christ ; elle est sa manifestation sur terre, constamment guidée et éclairée par le Saint-Esprit.
L’immense majorité des chrétiens de toutes tendances s’accordent pour admettre ces croyances qu’on peut considérer comme le fondement de tout christianisme, même si les opinions peuvent diverger sur des points importants comme, par exemple, ce que recouvre la notion d’Eglise ou le caractère réel ou symbolique de certains événements.
Cependant ces croyances n’ont pas toutes le même impact sur la vie d’un chrétien : l’existence d’un Dieu unique trinitaire ou du Jugement dernier permettent une explication du destin de l’humanité tandis que la personne du Christ constitue un modèle pour le comportement de chacun. C’est pourquoi tout chrétien sincère cherche à se « convertir », c’est-à-dire à se conformer à l’exemple d’amour parfait que Jésus-Christ a donné sur cette terre. C’est donc la fidélité à cet Homme-Dieu que poursuivent les chrétiens, bien plus que le respect d’une loi ou d’un texte.
Il peut sembler difficile, voire absurde, pour un homme du XXIe siècle, de prendre pour modèle une personnalité indiscutablement remarquable, mais qui vivait il y a si longtemps. Comment calquer notre attitude sur celle d’un homme dont l’environnement social, économique et politique était si différent du nôtre ?
En fait, ce qui rend la position des chrétiens cohérente, c’est précisément leur croyance en la résurrection du Christ et en l’aide du Saint-Esprit qu’il a envoyé dans son Eglise. Cette présence actuelle du Christ ressuscité, pour difficile à admettre qu’elle soit pour un non-chrétien, est la véritable
distincts, trois « personnages ». On mesure évidemment l’imperfection de notre vocabulaire pour décrire ce qui relève de la nature même de Dieu. Rien ne nous aurait permis d’imaginer cette « structure interne » de Dieu sans la révélation. Le Coran ne mentionne pas la notion de Trinité ; les musulmans la récusent donc et certains la jugent même suspecte de porter atteinte à l’unicité de Dieu.
Quelles que soient les circonstances et l’époque, l’homme, par sa liberté, a cède à la tentation de refuser Dieu, provoquant ainsi une blessure en lui.
lstifîcation de cette ambition démesurée des chrétiens : s’efforcer ¿’atteindre la sainteté ou, si l’on préfère, d’épanouir leur personnalité dans l’amour infini d’un Dieu fait Homme.
Dans les faits, il est bien évident que peu de chrétiens en sont là : chaque homme a ses faiblesses et la bonne volonté ne suffit pas à assurer la qualité du résultat. Tous les chrétiens s’accordent d’ailleurs sur le fait qu’aucun progrès spirituel n’est possible sans ce don de Dieu qu’ils appellent la grâce. Comment l’homme pourrait-il s’approcher de Dieu par ses propres forces ?
Mais la difficulté de la tâche exige aussi une entraide constante des chrétiens. C’est le rôle fondamental des Eglises constituées, quelle que soit la diversité de leur approche et de leurs pratiques.
La pratique du christianisme
Comment s’y retrouver dans le foisonnement des pratiques chrétien¬nes : messe, sacrements, fêtes, pèlerinages, processions, œuvres charitables, missions… ? Seul un fil conducteur permet de donner un sens et une cohérence à ces manifestations de foi diverses, encore multipliées par les particularismes des diverses Eglises chrétiennes.
Ce fil conducteur, c’est la personne de Jésus-Christ à laquelle se réfèrent, par définition, tous les chrétiens. La fidélité à sa personne passe par le respect de son enseignement et le souvenir de sa vie terrestre.
La pratique religieuse suit donc naturellement deux axes principaux :
– L’étude de sa parole, relatée dans les Evangiles et éclairée par l’ensemble de la Bible. La mise en œuvre de cet enseignement conduit à une pratique de caractère moral.
– La célébration tout au long de l’année des événements principaux de sa vie. La pratique consiste alors en fêtes ou cérémonies qui ne sont pas tournées préférentiellement vers le souvenir du passé mais constituent, en toute réalité, la vie du Christ ressuscité au sein de l’Eglise qu’il a fondée.
En illustration, tout culte chrétien, la messe par exemple, comprend deux parties, l’une consacrée à la parole, l’autre à l’expression de la gratitude des fidèles pour les dons et la présence de Dieu.
Mise en œuvre de sa parole et célébration des dons de Dieu sont indissociables de toute pratique chrétienne mais, pour la clarté de la présentation, nous les examinerons séparément.
Mise en œuvre de la parole de dieu
La premiere étape consiste évidemment à bien connaître et comprene enseignement de Dieu. A cet effet, un chrétien doit être familier avec l’histoire du peuple juif, choisi par Dieu pour assurer la maturation de l’événement annoncé par les prophètes, la venue du Messie. Le chrétien se doit davantage encore de connaître la vie de Jésus-Christ pour être en mesure d’en faire son modèle.
Ainsi toutes les formes de christianisme donnent une instruction religieuse fondée sur la connaissance de l’Histoire sainte.
Cette instruction est particulièrement développée chez les protestants pour lesquels l’interprétation des enseignements de la Bible est une affaire personnelle dans laquelle aucune autorité ecclésiastique n’intervient. Il existe ainsi de nombreux cercles d’études bibliques où les croyants s’efforcent de tirer des textes sacrés toute la substance nécessaire à leur édification.
Les catholiques étudient également la Bible et ce travail, jadis réservé à des spécialistes, est désormais largement ouvert à des groupes de plus en plus nombreux de fidèles. Cette situation est relativement récente et rejoint une attitude protestante plus ancienne. Avant les efforts de rapprochement entre chrétiens, certains prêtres et religieuses catholiques considéraient en effet que la Bible – plus précisément l’Ancien Testament n’était pas à mettre entre toutes les mains sans discernement à cause des quelques épisodes de moralité douteuse qui y sont relatés.
Pour la grande majorité des chrétiens qui se contentent d’aller aux offices du dimanche, leur formation continue est assurée par les lectures choisies et commentées que fait le prêtre ou le pasteur.
Mais, s’il est bien de connaître la parole de Dieu, plus important encore est de la mettre en pratique. Détenteur de la vérité révélée et animé par l’amour de son prochain, le chrétien a le devoir de répandre cette vérité et d’aider tout homme dans le besoin, que la misère à soulager soit matérielle ou morale. Les paroles de Jésus-Christ aux apôtres sont explicites : « allez et enseignez toutes les nations ».
Il s’agit surtout d’un enseignement par l’exemple, plus convaincant que les discours. Aussi œuvres sociales et activités missionnaires se rejoignent et se complètent, les unes et les autres s’exerçant avec le soutien du Saint-Esprit envoyé par Dieu dans son Eglise.
Ainsi, le chrétien pratiquant actif consacre-t-il tout le temps possible à soulager les autres et à transmettre le message d’amour de Jésus-Christ, ce qu’il ne peut faire efficacement sans lui-même s’efforcer d’imiter son modèle Jésus-Christ, c’est-à-dire de tendre à la sainteté.
A certains moments de l’histoire de l’Eglise, la recherche de la perfection dans un monde profondément violent a conduit certains chrétiens à poursuivre la sainteté en fuyant le monde, jusque par le mépris de leur propre corps ‘. Aujourd’hui, toutes les Eglises chrétiennes s’accordent sur
1. On a vu des moines vivre dans un dénuement total dans les lieux les plus inhospitaliers ou, plus curieusement encore, au sommet de colonnes. Ils y restaient,
respect que l’homme doit à la création de Dieu, ce qui s’étend à la C ture. aux animaux et, bien sûr, à l’homme, corps et âme.
Cet exemple montre à quel point est progressive la prise de conscience de tout ce qu’implique une bonne compréhension du message et de l’exemple de Jésus-Christ. La marche vers la sainteté est lente et incertaine qu’elle concerne un individu en particulier ou la société chrétienne dans son ensemble. Il ne faut donc pas s’étonner des insuffisances ou des faiblesses qui sont indissociables de la nature humaine. Ce qui importe, c’est la persévérance de l’effort en vue de la vie en Dieu. Cette progression, de type dialectique, est favorisée par la multiplicité des points de vue exprimés par les différentes Eglises chrétiennes : même une position erronée peut avoir des effets positifs grâce à la réaction qu’elle entraîne1.
Ainsi, chaque problème nouveau entraîne inévitablement une recherche de la solution la plus conforme à l’esprit du christianisme. Le cas’se présente notamment en matière morale par suite de l’évolution de la société : la contraception, les mères porteuses, l’avortement ne sont que quelques uns des sujets sur lesquels les chrétiens ont dû s’exprimer selon leur conscience et leurs principes. L’encadrement des Eglises chrétiennes, prêtres et pasteurs, a pour mission de sensibiliser les fidèles aux conséquences de leurs actes qui peuvent leur échapper et de les amener ainsi à prendre en conscience la décision la plus conforme à leur idéal. Les prêtres et pasteurs ne sont donc en aucun cas des juges qui décident de la conformité d’un acte à une loi ; ils aident les croyants à exercer leur liberté dans le sens que Dieu leur suggère, en conformité avec leur choix délibéré.
La parole de Dieu elle-même, telle qu’elle est rapportée par les évangélistes, n’a rien de commun avec un code de conduite où toutes les situations seraient envisagées : elle explique et illustre le comportement de Jésus-Christ qui doit servir d’exemple pour le croyant. Comme jamais personne ne se trouve exactement dans l’une des situations relatées dans l’Evangile, le chrétien agit en s’imprégnant d’un esprit et non en appli¬quant des ordres.
Cette position est si révolutionnaire par rapport aux autres religions que certains chrétiens ont du mal à la comprendre et se sentent plus à 1 aise dans une attitude d’obéissance soumise. De la même façon, certains pretres ou pasteurs réagissent parfois comme de « petits chefs » spirituels et non comme des conseillers au service des fidèles. Cependant, c’est par lui-même que le chrétien doit progresser vers Dieu. Il a heureusement conscience d’être aidé dans cette marche par le Saint-Esprit ; ce soutien
hiver comme été, à plusieurs mètres au dessus du sol, et vivaient des aumônes de quelques fidèles.
1. Saint Paul disait « oportel haereses esse » : il faut qu’il y ait des hérésies, c’est-à-dire es erreurs doctrinales.
divin compense ses faiblesses et est, pour lui, source permanente de reconnaissance. Sa vie chrétienne s’alimente de la prière, de l’étude des Ecritures et de la pratique des sacrements.
Célébration des dons des dieux
C’est avant tout un remerciement, ce qu’en vocabulaire d’Eglise on nomme action de grâce ou eucharistie1. Jésus-Christ a voulu que cette célébration consiste essentiellement en la commémoration du repas qu’il prit avec ses apôtres la veille de sa mort.
Le choix d’un simple repas, du partage d’un peu de vin et de pain, pour célébrer l’union de Dieu et des hommes souligne à quel point Dieu souhaite être accessible à tous et à tout instant. Sa présence sur terre, il y a plus de 2 000 ans, cette « incarnation » d’un Dieu qui a adopté l’intégralité de la condition humaine, se prolonge ainsi au-delà des siècles dans ces repas quotidiens qu’il invite les chrétiens à partager.
Mais la reconnaissance et la joie que les chrétiens manifestent à Dieu s’exprime aussi au cours des fêtes religieuses qui scandent l’année et rappellent les grands événements de la vie du Christ sur terre : sa naissance à Noël, sa première manifestation publique aux légendaires rois mages à l’Epiphanie, sa résurrection le dimanche de Pâques, sa montée aux cieux à l’Ascension…
Catholiques et orthodoxes font rejaillir une part de leur dévotion sur Marie, mère de Jésus-Christ, et sur les saints qui sont aussi des modèles de réussite à l’échelle humaine.
Toutes ces célébrations se veulent aussi belles que possible ; fidèles et célébrants s’efforcent d’honorer Dieu de tous les moyens dont ils disposent.
Ce « service » de Dieu s’appelle la liturgie. C’est, en quelque sorte, la réponse des croyants à la parole de Dieu apportée aux hommes. En reconnaissance ceux-ci élèvent leur prière vers Dieu. La liturgie est donc, dans sa forme, œuvre humaine ; au cours des siècles, des traditions liturgiques se sont forgées, variables d’une Eglise à l’autre. Cette diversité reflète la sensibilité de chaque peuple, et enrichit le patrimoine culturel du christianisme.
Mais la diversification du christianisme ne tient pas seulement à la liturgie. D’autres différences plus profondes sont apparues dans l’Eglise unique du Christ qui touchent des points de doctrine, importants certes, mais peut-être pas essentiels. De ces divergences sont nées diverses formes de christianisme.