Les pèlerinages hindouistes: lieux de pèlerinage hindouisme
Les lieux de pèlerinage sont si nombreux en Inde qu’on peut en faire une approche statistique. Certains s’y sont essayés et ont établi que 42 % d’entre eux sont situés au bord de rivières, 15 % au sommet de collines, 8 % au bord de la mer, 5 % à un confluent, 4 % auprès d’une source… En ce qui concerne les divinités vénérées, 36 % des pèlerinages sont dédiés à Shiva, 30 % à Vishnou, 18 % à la déesse-mère Shakti, à peine plus de 1 % à Brahma et 14 % à d’autres dieux.
Le sentiment religieux est tel qu’un dicton tamoul déconseille formellement d’habiter loin d’un temple… et chaque temple peut attirer des pèlerins.
Certains sites sont cependant particulièrement sacrés :
– Bénarès, la ville religieuse la plus célèbre de l’Inde, où l’on dit que Shiva a créé l’univers, attire chaque année plus d’un million de pèlerins. Ceux-ci longent du sud au nord la rive gauche escarpée du Gange3, sur laquelle est bâtie la ville. Des escaliers monumentaux, les ghats, permettent d’accéder au fleuve quel que soit le niveau de la crue. A chacun des cinq „hats, le pèlerin prie et prend un bain rituel. Une autre forme de pèlerinage pratiqué à Bénarès consiste à contourner la ville à pied en visitant 106 sanctuaires ; ce périple s’effectue en six jours.
Selon la croyance populaire, mourir à Bénarès évite toute réincarnation intérieure. C’est pourquoi de nombreux hindous viennent y attendre la mort. Il n’est pas rare d’assister, dans les gares de l’Inde, aux adieux de familles à leur aïeul qui prend le train pour un voyage sans retour.
Les cadavres sont conduits au bord du fleuve sur des civières en bambous, les hommes enveloppés dans un linceul blanc, les femmes dans un linceul rouge ou doré. Les porteurs répètent la phrase rituelle Ram nam satchhe (« le nom de Rama est vérité »). La crémation a lieu sur un palier de l’un des deux ghats les plus sacrés. Curieusement, ceux qui sont morts de maladies contagieuses comme la peste ou la variole ne sont pas incinérés mais confiés directement à l’eau sacrée du fleuve.
La rive droite, plate et sujette à des inondations, a la réputation d’être impure : celui qui y meurt renaît sous forme d’un âne.
Dans la banlieue de Bénarès se trouve Sarnath, paisible lieu de pèlerinage bouddhiste qui contraste vivement avec sa tumultueuse voisine. Sarnath est considéré comme le berceau du bouddhisme, car Bouddha y prononça son premier sermon.
D’autres sites de pèlerinages importants sont cependant moins connus en Occident :
– Ayudhya, près de Faizabad, à une centaine de kilomètres au nord-ouest de Bénarès, a été la résidence mythique de Rama, le héros du Mahab- harata. Dans le monde hindouiste et bouddhiste, sa renommée a franchi les frontières et l’une des anciennes capitales de Thaïlande, haut- lieu du tourisme, porte son nom (Ayutthaya, capitale de 1350 à 1767).
– Mathura, entre Delhi et Agra, au bord de la rivière Yamuna, est l’une des villes les plus anciennes de l’Inde. Elle fut fondée bien avant notre ère mais il n’y reste aucun monument antique. On y célèbre le culte de Krishna dont c’est le lieu de naissance. Il y passa son enfance mais il fut attaqué par deux démons et s’exila à Dwarka.
Dwarka, au bord de la mer dans la province du Gujarat, non loin du Pakistan passe pour avoir été fondée par Krishna après son départ de Mathura.
Il y organisa la lutte contre les démons puis retourna à Mathura. Le temple de Dwarka, lieu de pèlerinage fort important est supposé avoir été construit en une nuit par le petit-fils de Krishna, Vajranabh.
– Kanchipuram, à 76 km au sud-ouest de Madras, est consacré à la fois à Shiva et à Vishnou. Depuis le VI siècle, de nombreuses dynasties y instruisirent des centaines de temples. Avant le rvc siècle, Kanchipum était un centre bouddhiste important. C’est aujourd’hui le centre de pèlerinage le plus connu de l’Inde du Sud.
A ces villes-phares de l’hindouisme s’ajoutent :
– Pushkar, près d’Ajmer au Rajahstan, célèbre par sa pittoresque foire annuelle vers octobre-novembre, qui est aussi l’un des rares lieux de pèlerinage à Brahma et à son épouse2.
– Madurai, centre de la culture tamoule, surnommée la cité des fêtes religieuses, car celles-ci sont quasi quotidiennes.
– Chidambaram, sur la côte au sud de Madras, ville de la danse cosmique de Shiva, mais où l’on célèbre aussi le culte de Vishnou. Le nom de la ville est parfois devenu nom de famille : on trouve des Sidambarom jusque parmi les Guadeloupéens d’origine indienne.
– Rameswaram, situé sur une île du fameux « pont d’Adam », entre l’Inde et le Sri Lanka, garde le souvenir d’un épisode de l’épopée du Ramayana : Rama y honora Shiva après avoir tué le roi des démons Ravana. Le pèlerinage s’accompagne d’un bain de mer purificateur au confluent de l’océan Indien et du golfe du Bengale.
– Tirupathi, appelé aussi Tirumalai, est situé à la limite des provinces de Tamil Nadu et d’Andhra Pradesh. On y trouve l’un des temples de Vishnou les plus sacrés de l’Inde du Sud. Les pèlerins y sont si nombreux que les commerces sont ouverts toute la nuit1.
– enfin les quatre villes (Allahabad, Hardwar, Nasik, Ujjaïn) où se célèbre le Kumbh Mêla, ainsi que Puri où a lieu un spectaculaire pèlerinage de Vishnou.
Nous allons évoquer ces derniers avec un peu plus de détails.