L'islam
Rares sont les religions qui modèlent autant une société que l’islam fl suffit bien souvent de quelques images d’un film pour reconnaître que le pays où il est tourné est musulman : l’habillement des hommes et des femmes, le minaret d’une mosquée, l’écriture arabe, de multiples indices laissent peu de place au doute. Pourtant l’erreur est possible tant on associe naturellement l’islam au monde arabe et au Moyen-Orient. Si l’on tournait le même film à Java ou chez les Chinois Hui, sans parler des Black Muslims américains, l’ambiance islamique serait beaucoup moins nette.
L’empreinte de l’islam sur la société s’explique parce que c’est une religion totale qui touche tous les moments de la vie personnelle ou sociale. De ce point de vue, on peut le comparer à ce qu’était le christianisme au temps de la chrétienté, quand les lois et les mœurs avaient pour référence exclusive la doctrine de l’Eglise. Aujourd’hui, tous les pays musulmans se réfèrent à l’islam, même si des différences importantes existent entre eux dans l’interprétation qu’ils donnent de cette référence. Par contraste, les pays de culture chrétienne ont tous renoncé à une référence à l’Eglise, catholique ou protestante, même si leur culture est profondément marquée par cette Eglise.
Pour cette raison, on conçoit que l’islam ne soit à l’aise que s’il est dominant dans le pays où il est implanté. On constate d’ailleurs que près de 75 % des musulmans, soit 900 millions sur 1 200 millions, vivent dans les 36 pays où l’islam est majoritaire. Autrement dit, l’islam est très minoritaire ou quasiment absent dans 130 pays qui, pour une population totale de 2 600 millions d’âmes comptent 55 millions de musulmans, soit à peine plus de 2 %. En outre, et c’est partiellement une conséquence de ce qui précède, l’islam s’étend sur un domaine continu et homogène : à des exceptions minimes près, il ne touche ni l’Amérique ni l’Europe et en Afrique il n’est présent en force qu’au nord de l’équateur. C’est en Asie qu’il compte ses plus gros bataillons puisque la moitié des musulmans du monde vit dans quatre pays : l’Indonésie, le Pakistan, le Bangladesh et l’Inde.
L’islam donne à ces peuples divers le sentiment d’appartenir a une communauté, la Umma qui unit les croyants au-delà des évidentes différences culturelles.
Pour entrer dans l’islam, les formalités sont simples : le nouvel adepte
des ablutions, une douche par exemple, et il prononce en se Un ne cérité la formule de la profession de foi, la chahada toute est beaucoup plus difficile d’en sortir. Selon le Coran, abjure l’islam mérite la mort. Il semblerait donc que le célèbre oran «pas de contrainte en matière de religion »2 signifie verset est pas permis de convertir de force les infidèles.
L’islam sel1 en, d’ailleurs à l’intention de certains d’entre eux un statut de propreappelé dhimma3, qui favorise les fidèles des religions du « livre »,véniellement juifs et chrétiens, par rapport aux idolâtres que sont, par exemple les animistes. Toutefois, l’ordre de la communauté musulmane ne doit pas être troublé.
Il n’en reste pas moins que le non-musulman en pays d islam n est as tout à fait un citoyen comme les autres et on lui fait parfois sentir, plus ou moins discrètement, le caractère anormal et affligeant de sa
condition.
Les situations varient considérablement d’un pays à l’autre. En Afrique du Nord et surtout au Maroc et en Tunisie, les principes de non-contrainte sont parfaitement respectés. A l’opposé, en Arabie Saoudite, à l’islam wahhabite, il n’est pas question d’admettre la présence d’une église ou d’une synagogue et il est interdit de célébrer une messe ou tout autre culte dans un local privé. L’intolérance va jusqu’à prohiber des repas de Noël dans les restaurants. Bien entendu la consommation, même très modérée, d’alcool est exclue pour tous, y compris les non-musulmans. Ces différences de traitement s’expliquent par la structure de l’islam sunnite, majoritaire à 90 %, qui ne comporte pas de clergé ni, par conséquent, d’autorité religieuse centralisée.
C’est dire qu’une place importante est laissée à l’initiative des spécialistes du Coran, les ulémas4, et des responsables des mosquées, les imams, pour interpréter les principes de l’islam.