Lourdes
Le destin religieux et touristique de lourdes a commencé en 1858 par une série de 18 apparitions de la Vierge Marie à une jeune fille de 13 ans, Bernadette Soubirous. Le message délivré au cours des six mois sur lesquels se sont étendus ces phénomènes recommande de prier pour les pécheurs, de faire pénitence, de construire une chapelle sur les lieux de l’apparition et d’y venir en pèlerinage. La Vierge s’exprime en patois gascon et se présente comme « l’immaculée Conception », conformément au dogme proclamé par le pape en 1854, ce dont Bernadette, illettrée, n’avait jamais entendu parler.
Mais ce qui nous intéresse ici, ce ne sont pas les apparitions elles-mêmes, dont nous avons donné précédemment d’autres exemples, ce sont les miracles qui ont suivi et continuent de se produire depuis plus d’un siècle à lourdes.
D’un point de vue religieux, ils sont considérés comme le signe visible de la réalité des apparitions et de l’authenticité du message de la Vierge. Les miracles les plus communs sont d’ordre spirituel, mais les transformations de l’âme échappent à toute analyse. Assez souvent, on constate aussi des guérisons inexplicables, « miraculeuses ». Il est normal que de tels faits soient l’objet d’observations scientifiques sérieuses. C’est pourquoi les autorités religieuses ont demandé la constitution d’une commission médicale où siègent des médecins croyants et incroyants. Ceux-ci ne se prononcent que sur des dossiers précis de patients suivis avant et après leur guérison. Jamais aucun cas pour lequel les informations sont insuffisantes n’est retenu et la commission ne se prononce que sur le caractère inexplicable de la guérison constatée. Une telle commission n’emploie jamais le mot de miracle : elle constate seulement des guérisons instantanées inhabituelles. Les dizaines de cas retenus, de par la rigueur des critères appliqués, correspondent à un nombre très supérieur de cas où les intéressés se considèrent miraculeusement guéris.
Les guérisons, qui ne sont encore une fois que la partie émergée de l’iceberg des faits étonnants de lourdes, jouent incontestablement un rôle dans la fréquentation de ce lieu de pèlerinage. On y compte près de cinq millions de visiteurs par an : les 3/4 sont des pèlerins et 1/4 des touristes ; les Français ne sont pas plus de 37 %. A certaines périodes, comme lors du pèlerinage national français le 15 août, des trains entiers de malades sont acheminés, dont beaucoup normalement intransportables. De nombreux fidèles effectuent leur pèlerinage comme infirmiers ou brancardiers bénévoles. Environ 80 000 malades visitent lourdes chaque année.
Le surnaturel a-t-il de l’avenir ?
Une analyse sereine de ce qu’on rassemble sous la rubrique de « surnaturel » est rendue difficile par les préjugés personnels de chacun. En nous efforçant de rester objectifs, nous pouvons constater au moins que le surnaturel a la vie dure : d’un point de vue sociologique, la croyance au surnaturel existe dans toutes les cultures, à des degrés divers et sous des formes différentes. Les régimes les plus athées n’arrivent pas, malgré leurs efforts, à extirper complètement ce qu’ils appellent la superstition.
A cet égard, les grandes religions présentent l’avantage de canaliser la croyance spontanée au surnaturel, elles donnent même parfois l’impression d’en être gênées par peur de paraître naïves ou anti-scientifiques.
En fait, la sensibilité au surnaturel comporte à coup sûr des éléments subjectifs et personne ne peut prouver s’il existe ou non une part d’objectivité en cette matière qui, par définition, nous dépasse.
A ce point de notre réflexion, il est possible d’avancer, avec les plus grandes réserves, quelques remarques.
– Les transes, fréquentes dans de nombreuses religions, sont souvent considérées comme le résultat d’une « possession » par un être surnaturel. En fait, médicalement, les transes peuvent être provoquées par des causes très diverses, ce qui, d’un point de vue rationaliste, laisse à penser que la possession par un quelconque esprit n’est que l’effet de l’imagination. Cependant, ce qui reste inexpliqué, c’est le contenu du « délire » de la personne en transes.
– L’expérience individuelle du surnaturel, sous une forme ou une autre comme, par exemple, la certitude d’une réponse à une prière est vraisemblablement un phénomène courant mais qu’il est impossible d’analyser.
– Enfin les miracles et les apparitions spectaculaires semblent être, depuis déjà longtemps, le privilège de l’Eglise catholique.
Quoiqu’il en soit, l’impact du surnaturel sur les foules est tel que, manifestations ou pas, les lieux sacrés de chaque religion attirent chaque année de plus en plus de fidèles.