Quand le mot « Messie » n ’existait pas: L’Exode
Alors a commencé ce qu’on appelle l’Exode : la traversée du désert du S inaï, puis des territoires d’Edom et de Moab, avant l’entrée en Canaan. A regarder une carte de géographie, ce périple n’était pas considérable, et la Bible elle-même reconnaît qu’une caravane normale l’accomplissait habituellement en onze jours : or, curieusement, il leur a fallu quarante ans : car il a bien fallu quarante années de gestation pour faire de la horde de fuyards conduits par Moïse un peuple d’hommes libres, capables de prendre possession de la Terre promise pour commencer à donner corps au projet de Dieu. Là-bas, le peuple a été conçu par Dieu, il est né.
C’est au cours de cette longue marche dans le désert du Sinaï que Dieu a proposé de nouveau son Alliance à Moïse et à son peuple : « Vous avez vu vous-mêmes comment je vous ai portés sur des ailes d’aigle et vous ai fait arriver jusqu’à moi. Et maintenant, si vous entendez ma voix et gardez mon Alliance, vous serez ma part personnelle parmi tous les peuples – puisque c’est à moi qu’appartient toute la terre – et vous serez pour moi un royaume de prêtres et une nation sainte » (Exode 19, 4). Le contrat d’alliance tient dans ces quelques mots : Dieu accorde sa protection à ce peuple : « part personnelle de Dieu », « royaume de prêtres », « nation sainte»; de son côté, le peuple s’engage à « entendre la voix de Dieu » et à « garder son Alliance » : concrètement, pour le peuple, au niveau de sa vie quotidienne, garder l’Alliance, comme disait Dieu, c’était respecter la Loi ; là-bas, on dit volontiers : « Dieu nous a libérés pour que nous soyons vraiment libres et c’est pourquoi il nous a donné sa Loi. »
Désormais cette conviction d’être bénéficiaire d’une Alliance proposée par Dieu lui-même ne quittera plus Israël ; au long des siècles on percevra de mieux en mieux ce que représente cette Alliance : on s’émerveille d’être le peuple choisi (« élu ») par Dieu sans mérite aucun, ni raison apparente ; mais on en découvrira aussi peu à peu les exigences : la fidélité dans la pratique de la loi, déjà, n’était pas une mince affaire ; et, plus profondément, à travers toutes les vicissitudes de son histoire, garder résolument confiance en Dieu et en lui seul, ne jamais rechercher une autre protection, une autre alliance, tourner résolument le dos à toutes les tentations du polythéisme ambiant était un véritable défi au bon sens, à la raison raisonnante.
C’était tellement difficile qu’on a fait très vite la cruelle expérience de l’impossibilité d’être fidèle à F Alliance : les montagnes du Sinaï résonnaient encore des chants et des danses qui ont suivi la sortie d’Egypte que, déjà, le peuple trouvait des raisons de se plaindre de Dieu et de son envoyé. Toutes les difficultés de la vie au désert devenaient prétexte à procès d’intention à l’égard de Dieu. On est même allé jusqu’à se demander s’il n’avait pas tout simplement prémédité la mort de tout le peuple. Mais il en faut plus pour décourager Dieu ! Moïse se plaignait de ce peuple querelleur et contestataire, mais Dieu n’abandonnait pas son projet et la grande aventure continuait.
Vidéo : Quand le mot « Messie » n ’existait pas: L’Exode
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