Les communautés charismatiques
Depuis les années 1970, le « renouveau charismatique » se déve¬loppe rapidement au sein de l’Eglise catholique. Portés par l’enthousiasme d’une foi intense et communicative, des chrétiens se lancent dans des expériences spirituelles qui tranchent apparemment avec la vie traditionnelle de l’Eglise : ils se rassemblent même dans les rues pour prêcher l’Evangile, prier et chanter. Convaincus de la toute-puissance de Dieu, ils se livrent sans réticence à l’action de l’Esprit-Saint et se rassemblent en communautés rayonnantes de joie spirituelle et manifestent des charismes1 divers tels que des dons de prophétie ou de guérison.
La hiérarchie catholique, un peu bousculée par cette spontanéité, montre une certaine prudence envers ces manifestations, peut-être parce qu’elles évoquent celles des protestants pentecôtistes. Elle souhaiterait surtout que l’accent mis par les charismatiques sur l’expérience religieuse sensible n’occulte pas trop la réflexion doctrinale. Cependant l’enthousiasme que suscite le « renouveau » est considéré avec d’autant plus de sympathie que l’Eglise occidentale avait besoin d’un souffle nouveau.
Les charismatiques proviennent des horizons les plus divers ; on y trouve des pratiquants traditionnels conquis par cette expérience vivifiante, aussi bien que des membres de mouvements non-violents, des protestants ou des adeptes convertis des philosophies orientales. Tous les milieux socioprofessionnels sont représentés.
Cependant le « renouveau charismatique » ne suit pas un modèle unique. Rien qu’en France, il existe quatre grandes communautés : L’Emmanuel, fondé par une femme médecin de Paris, est l’un des plus importants. Il a essaimé en France et à l’étranger. Sa sensibilité insiste sur la fragilité de l’homme, instrument aux mains de Dieu.
Les membres vivent fréquemment en « maisonnées » regroupant 5 à 8 personnes ou 2 à 3 familles. Chacun verse 10 % de son salaire à la communauté qui tire également des ressources de la vente de cassettes et de la revue II est vivant. De nombreuses vocations sacerdotales et religieuses sont nées de ce mouvement.
– Le Chemin neuf, fondé à Lyon en 1972 par un jésuite a pour objectif la formation théologique et spirituelle. Structuré en fraternités de vie ou de quartier, il est très ouvert au dialogue avec les protestants.
– La Communauté des béatitudes anciennement du lion de Juda et de VAgneau immolé a été fondée à Cordes, dans le Tarn, en 1972 par des protestants attirés par le catholicisme qui ont ouvert un « monastère » pour prêtres, laïcs et même familles avec enfants. Cette vie monastique suit une règle à laquelle obéissent les membres de la communauté. Une femme peut être désignée comme « bergère », c’est-à-dire supérieure du monastère. Les Béatitudes s’intéressent au judaïsme, à la liturgie orthodoxe et aux guérisons par des voies spirituelles.
– la Communauté chrétienne de formation (C.C.F.) a été créée, en 1974, à Poitiers pour les jeunes de 18 à 25 ans. Elle s’est ensuite diversifiée mais reste axée sur la formation, la connaissance de soi et les relations humaines, sans négliger les études bibliques et spirituelles.
Il existe bien d’autres branches du charismatisme dont certaines ont pris un rayonnement international.
La grande variété de vocations des mouvements issus du Renouveau a toutefois un dénominateur commun, une étonnante perception du surnaturel : les guérisons miraculeuses semblent aller de soi, aussi bien que les apparitions de la Vierge Marie à Medjugoije, en ex-Yougoslavie, auxquelles les charismatiques sont très attachés.
Mais l’élan du cœur vers Dieu et la réflexion théologique seraient bien creux s’ils ne s’accompagnaient d’actions concrètes envers les plus faibles et les plus défavorisés que Jésus-Christ a recommandé d’aimer comme Dieu lui-même.
Hélas, ce champ d’activités est inépuisable et les chrétiens les plus dévoués s’efforcent d’apporter aide et amour là où les gouvernements les plus sociaux n’apportent guère qu’un soutien financier.
Il faut parfois une dose d’abnégation qui confine à la sainteté pour consacrer toute sa vie, ou même tous ses loisirs, à s’occuper d’handicapés Mentaux, de vieillards impotents et rabâcheurs ou de détenus inquiétants, ourtant les volontaires ne manquent pas plus que les organisations où Peuvent se dévouer.
Chacun connaît le Secours catholique, branche française de Caritas
International, Emmaüs, fondé par l’abbé Pierre, ou encore l’Arche, de Jean Vanier, qui se consacre aux handicapés mentaux. Il faudrait aussi citer les œuvres des visiteurs de prison qui suivent les détenus jusqu’à leur réinsertion, les Conférences de Saint-Vincent de Paul qui soutiennent les nécessiteux et leur apportent de multiples services à domicile, les Petits Frères des pauvres qui donnent leur amitié chaleureuse aux personnes âgées, le mouvement ATD-Quart Monde, les Foyers de charité fondés par Marthe Robin, les activités des Tiers Ordres franciscain ou carmélitain et bien d’autres encore.
Les exemples cités ci-dessus n’épuisent pas, loin de là, la diversité des activités catholiques. De nombreux mouvements s’occupent de la spiritualité des couples et de la préparation au mariage (Equipes Notre-Dame, Anneau d’or), d’autres se consacrent à maintenir l’activité des personnes âgées (Vie montante), au développement du Tiers-Monde (C.C.F.D., Comité catholique contre la faim et pour le développement), à la formation professionnelle des orphelins, des aveugles ou des mal entendants, etc.
D’autres mouvements enfin ont des activités multiples, de formation, de spiritualité et d’action sociale. A titre d’exemple, les textes ci-après évoquent trois de ces mouvements, l’Opus Dei, les Focolari et les Chevaliers de Colomb, qui ont une importance numérique considérable, au moins hors de France.