La venue de Jésus de Nazareth
La venue de Jésus de Nazareth
Jésus naît à Bethléem, mais pour tout le monde il est un Galiléen, car il a passé toute son enfance et sa jeunesse en Galilée, à Nazareth, plus précisément ; ce qui n’est pas une référence. Tout le monde sait que les Galiléens ne sont que des têtes brûlées ! Il entend sûrement parler du Messie autour de lui, c’est un grand sujet de conversation, et aussi de prières, bien sûr.
Devenu homme, il se lance sur les routes de Palestine, sa mission l’appelle, de toute évidence, mais elle restera discrète au début, semble-t-il. Son cousin, Jean-Baptiste, est autrement spectaculaire ; il est habillé comme un vrai prophète, il est un ascète et, finalement, avec toutes ses rudesses de langage, il séduit, c’est vraiment un homme de Dieu.
Jésus, lui, est plus déroutant : lui aussi en a séduit plus d’un ; lui aussi a parfois un langage de prophète, il peut se montrer exigeant avec ses interlocuteurs. Mais que de gestes incompréhensibles, choquants même parfois, pour les gens bien-pensants ; il prend des libertés avec les choses sérieuses : le shabbat par exemple. Il a ses fans, c’est évident, mais aussi de plus en plus d’opposants ; l’ennui, c’est que les fans sont du côté des petites gens sans influence et que les opposants sont ce qu’il y a de mieux, de plus religieux et de plus influent dans la société du temps. Alors que penser ?
Et pendant ce temps-là, tout le monde continue à prier pour la venue du Messie ; et alors, peu à peu, va naître une question : ne serait-il pas le Messie, celui-là ? Il y a des arguments pour, des arguments contre : du côté du pour, ces innombrables témoignages de guérisons et le bon sens tend à faire penser que Dieu est bien là ; mais du côté du contre, il faut bien reconnaître qu’il ne ressemble en rien à ce qu’on attendait.
Des sentiments mélangés
Depuis le jour où Jésus a débuté sa prédication dans les villes et les villages de Galilée, il a donc fait naître dans son entourage des sentiments mélangés. Quelques privilégiés seulement ont sans doute su à qui ils avaient affaire ; je pense à Marie, à Joseph, quelques autres peut-être, que nous ne saurons jamais ; cela fait très peu de gens en définitive. Pour les autres, ils avaient tous un point commun, probablement : l’attente partagée par la grande majorité des juifs à l’époque, l’attente du salut, de ce que l’on appelle « l’ère messianique ». Matthieu et Luc, par exemple, rapportent la question posée à Jésus par les disciples de Jean-Baptiste : « Es-tu celui qui doit venir ? » (Matthieu 11,3; Luc 7, 19). Mais là s’arrêtait l’unanimité ; en revanche, sur la personnalité du Sauveur, l’Élu de Dieu, le Messie, nous avons vu à quel point les courants de pensée étaient divers. Et si Jésus a été éliminé, c’est bien parce qu’il ne correspondait guère (à première vue) à l’idée que les plus influents de ses contemporains se faisaient du Messie.
Surprise, interrogations, agacement, hostilité
Nous avons un effort d’imagination à faire sûre¬ment, pour comprendre à quel point Jésus de Nazareth a surpris ses contemporains. Il en a fait rêver quelques-uns, de toute évidence, mais il en a déconcerté et même exaspéré bien d’autres.
Et d’ailleurs on peut se poser la question : si c’était si simple, Jésus de Nazareth aurait-il été crucifié ?
La preuve, justement, que ce n’est pas si simple : la majorité de ses contemporains, et non des moindres, ont répondu que ce n’était pas lui qu’on attendait. Et, aujourd’hui encore, des millions d’hommes ne le reconnaissent pas.