Le catholicisme : L’Amérique latine
L’Amérique latine constitue un exemple parfait d’un ensemble de pays géographiquement et culturellement très différents mais
partageant une même religion et un même relatif marasme économique. Si l’on considère les vingt-deux pays d’Amérique latine, l’on constate que leur PNBH en 1993 varie de 360 dollars pour le Nicaragua à 7500 dollars pour l’Argentine, soit un rapport de 1 à 20. Celui-ci est plutôt de 1 à 12 si l’on ne prend pas en considération le Nicaragua sortant d’une épuisante et interminable guerre civile et Haïti (PNBH : 440 dollars) qui n’est que formellement catholique, la véritable religion dominante étant le vaudou, syncrétisme d’animisme africain et de catholicisme. Cette caractéristique haïtienne explique sans doute ses très médiocres performances économiques.
Le rapport de 1 à 12 est très faible si on le compare à celui existant entre le pays le plus pauvre et le plus riche du monde qui est de 1 à 336. Pourtant les pays d’Amérique latine au revenu par habitant si homogène, si constant, sont extrêmement divers par leur géographie, leurs peuplements, leurs dimensions et leurs richesses naturelles. Si ce n’est la religion, quels points communs peut-on trouver entre l’Argentine et Panama ou entre le Chili et Costa Rica ?
Le niveau de développement des pays de l’Amérique latine se situe à la limite des pays relativement riches et des pays relativement pauvres. Et cela bien que beaucoup de leurs indices de développement se rapprochent de ceux des pays les plus développés. Ces pays présentent souvent un développement déséquilibré : malgré un réel dynamisme dans divers secteurs de l’économie, ils n’arrivent pas à se doter de structures sociopolitiques modernes, performantes, bref démocratiques. Quelques chiffres montrent le mal développement de l’Amérique latine : en 1948 sa part dans la production mondiale était de 4,4 pour cent. Elle est montée à 5,8 pour cent en 1980 pour retomber à 4 pour cent en 1990 !
Faut-il chercher la cause de ce sous-développement relatif dans la domination économique des Etats-Unis ? La richesse de ces pays s’est elle écoulée par leurs « veines ouvertes » ? La religion n’a-t-elle aucune responsabilité dans cette stagnation ? La population, chrétienne à 90 pour cent, est essentiellement catholique. Les protestants, bien qu’en sensible progression, ne représentent que 5 % de la population. Grâce à quelques figures marquantes telles que celle du théologien de la libération Leonardo Boff, de dom Hélder Camara ou de Monseigneur Romero assassiné en 1980, l’Eglise d’Amérique latine a parfois donné l’impression d’être progressiste. La réalité est assez différente, car dans son ensemble, elle reste très conservatrice.
L’Eglise catholique fut évidemment intimement mêlée à la colonisation du continent : la croix n’était jamais loin de l’épée. Les amérindiens furent décimés par l’envahisseur espagnol et surtout par leurs maladies. Les survivants furent dépossédés de leur identité, de leur croyance par la nouvelle religion conquérante. Encore aujourd’hui les indiens ont souvent une attitude de perdants, de résignés et même de crainte vis-à-vis de la hiérarchie de l’Église.
Cette hiérarchie cléricale s’est trouvée objectivement associée à la hiérarchie civile et militaire et en possédait les attributs : signes extérieurs de richesse et de puissance. Aussi joua-t-elle souvent le rôle de défenseur de l’ordre établi devant les revendications des indiens et des chrétiens pauvres et opprimés. Après Vatican II, qui voulut rapprocher l’Église des pauvres, de nombreux religieux s’engagèrent dans la lutte sociale et se remirent en question. De ce mouvement et de cette nouvelle réflexion devait naître la théologie de la libération qui fut adoptée par la partie la plus progressiste de l’Eglise. Certains prêtres engagés n’hésitèrent pas à entrer dans la guérilla pour faire triompher leurs idées, au Salvador et en Colombie par exemple. Malheureusement ces luttes révolutionnaires ne semblent pas de nature à modifier en profondeur les mentalités et les structures inégalitaires, violentes de l’Amérique latine : elles en résultent et s’en nourrissent sans les changer.
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