L'Empire othman
La faiblesse de l’économie
L’Empire ottoman est un vaste monde rural dominé par une caste militaire qui détient les concessions d’impôts ( timar) accordées par l’État en échange du service militaire. Une partie des concessions est destinée à l’entretien des fonctionnaires civils et religieux.
Le paysan ne voit que le possesseur de la concession dans laquelle il vit. Le monde rural, qui a beaucoup souffert des différentes invasions et de fléaux naturels ou humains, sécheresse, peste, malaria, offre un visage de stagnation et même de décadence. Le sort des paysans, écrasés par des taxes de plus en plus nombreuses, alla en empirant au fur et à mesure que l’administration financière et l’armée se confondaient, l’aristocratie militaire devenant de plus en plus puissante.
Les villes connurent aussi des difficultés, sauf Istanbul qui redevint un grand port, un grand entrepôt et un centre d’affaires important. L’artisanat déclina dans l’ensemble à cause de la concurrence des articles européens. les Turcs détenaient et contrôlaient le commerce caravanier, mais ils laissèrent totalement échapper le commerce maritime qui était effectué par des Grecs, des Juifs, des Arméniens et surtout des Italiens (Vénitiens, Génois, Florentins) puis des Français à partir de la signature des Capitulations de 1535 entre Soliman et François Ier, lesquelles accordaient la pleine liberté de circulation aux Français dans l’Empire ottoman. Ils apportaient des draps et emportaient des laines, des cuirs, des épices.
Le mal le plus profond dont souffrit l’Empire ottoman est l’« asphyxie maritime » provoquée par les grandes découvertes. La pénétration européenne dans l’océan Indien entraîna une baisse considérable du commerce des marchands arabes dont souffrirent surtout les villes Égypte : Le Caire et Alexandrie. Les Portugais ont ravi aux Turcs le rôle d’intermédiaire entre l’Extrême- Orient et l’Occident.
L’éclat de la civilisation : « Le siècle de Soliman »
Dans le domaine littéraire, la poésie illustrée par Fouzouli et Baki est très prisée, mais elle vise de plu plus à la perfection de la forme. L’histoire est représentée par Saadeddine et la géographie, par Piri-Reis qui fournit dans le Livre de la mer de la description des cartes remarquables du monde méditerranéen C’est l’art surtout qui, grâce aux énormes richesses accumulées à Istanbul, connaît un extraordinaire épanouissement. La capitale avec ses quelque cinq mille habitants, suscite l’admiration par ses palais, mosquées, ses bains…
L’art ottoman subit plusieurs influences : byzan (coupole de Sainte-Sophie), persane (céramique), égyptienne (minarets à tours superposées et à balcons) chinoise (motifs floraux).
Sainte-Sophie
La cathédrale marque profondément l’architecture de la mosquée de Bajazet II, construite de 1500 à 1508 par l’architecte Khaireddine, mais c’avec Mimar Sinan (1490-1588), architecte de qua sultans et créateur de plus de trois cents mosquées que l’art ottoman atteint sa plénitude. Dans la m quée Suleymaniyye (1550-1557), Sinan épaule la c pôle centrale de deux demi-coupoles dans l’axe principal et élève quatre minarets aux coins de la cours chef-d’œuvre est la mosquée Selimiyye d’Andrinop (1570-1574), avec une énorme coupole centrale reposant sur huit piliers et avec quatre tours particulier ment hautes, minarets à aiguille mince et de nombreux bâtiments annexes, tombeaux medersas, hôpitaux, bains, etc., eux-mêmes pourvus coupoles sphériques, tandis que les minarets « l’effet de flambeaux brandis vers le ciel avec un sorte de véhémence exaltée » ou, comme on l’a dit d’une « invocation d’Allah pétrifiée » Otto-Dorn.
Mosquée bleue Sinan influença tous les architectes postérieurs, et son art se répandit dans tout l’Empire. La mosquée de sultan ou « Mosquée bleue» (1609-1617), très connue est originale par ses piliers cannelés appelés « patte d’éléphants », ses faïences bleues et ses six minarets. Dans la décoration, le principal rôle revient a 188 magnifiques carreaux de faïence qui sont organisés de façon à composer de grands panneaux à décor florale où les motifs d’inspiration chinoise viennent se mêle aux arabesques. « L’exubérante richesse florale l’Orient s’introduit dans le répertoire islamique. Tout un jardin bigarré de tulipes, œillets, narcisses […] est gracieusement cueilli et ordonné sur vaisselle et carreaux » (K. Otto-Dorn). Les motifs sont peints sur 1 faïence et la glaçure, cuite à haute température, es appliquée après. Le grand centre de production céramique et de récipients fut Isnik (Nicée). Les plu belles pièces de cette magnifique céramique étaier réservées aux mosquées et aux palais d’Istanbul. L production de tissus de soie et de velours d’une admrable qualité se développa à Brousse, tandis que l’ai du tapis, art populaire, fournit de très beaux spécimens. L’art de la miniature, dans un style beaucoup plus réaliste que chez les Perses, fut illustré par Ahmed Musa, qui osa représenter le Prophète, et par Mehmet Siyah, « l’un des artistes les plus accomplis d toute la peinture musulmane ».