Les douze grands Deva : Ishàna
Cette divinité, qui préside au nord-est, représente l’aspect farouche de Shiva, le dieu brahmanique de la Destruction et de la Création. Il est parfois identifié syncrétiquement, au Japon, à Izanagi, l’un des deux géniteurs primordiaux des îles du Japon selon la mythologie du shintô.Sous sa forme de Maheshvara, Shiva (ou îshâna) est considéré dans le bouddhisme ésotérique comme l’un des huit protecteurs du monde et, sous cet aspect, il préside au sud-ouest dans le Garbhadhâtu Mandata. Il est l’équivalent des formes brahmaniques de Shiva (Shankara Mahâ- deva). Dans le Garbhadhâtu Mandata, il serait également identique (ou confondu) avec Vishnu (jap. Bichû-ten) ou Nârâyana (jap. Naraen- ten), une de ses nombreuses formes. Il ne fait pas l’objet d’un culte particulier et n’est invoqué que dans le cadre collectif des douze Deva. A cette divinité, pratiquement ignorée des bouddhistes des écoles du Nord, il faut associer sa parèdre féminine, déesse de la danse et des arts, Devî (ou Vâch), qui serait née de la frange des cheveux de Shiva-Maheshvara. Cette divinité fut autrefois vénérée au Japon sous le nom de Gigei-ten (parfois tardivement confondue avec Benzai-ten Sarasvatî). Très rarement représentée, nous n’avons pas connaissance d’images de cette Gigei-ten faites après le IXe siècle. En sculpture, elle est montrée comme une jeune et jolie femme souriante, avec un haut chignon. En peinture, elle est debout sur une feuille de lotus, vêtue d’une robe et de chaussures chinoises, les cheveux tombant sur les épaules et un diadème sur la tête. Sa main droite tient un pan de sa robe, sa main gauche supporte à la hauteur de son épaule une coupe de fleurs de lotus. Cette divinité ne fait plus l’objet d’un culte ou même d’une vénération quelconque au Japon. Il est probable qu’elle n’a jamais joui de la faveur populaire car ses fonctions lui furent très tôt enlevées par Kichijô-ten et Benzai-ten.