Les pèlerinages chrétiens
C’est par centaines, peut-être par milliers que se comptent les pèlerinages chrétiens. Bon nombre d’entre eux sont des lieux d’apparitions et nous en avons présenté quelques-uns dans les pages précédentes à propos des phénomènes surnaturels dans les religions : Lourdes et Fatima sont les plus célèbres.
D’autres ont vu naître leur popularité à la suite de miracles divers, réels ou supposés. D’autres enfin ne revendiquent pas d’événements surnaturels précis mais sont des centres de rayonnement spirituel, souvent depuis des siècles. Parfois la beauté des lieux de pèlerinage attire les touristes au point que le caractère religieux du site s’estompe et passe au second plan : c’est apparemment le cas de l’abbaye du Mont-Saint-Michel.
Pour illustrer ce que sont les pèlerinages chrétiens et leur diversité, un choix est nécessaire mais il est fatalement arbitraire. Rien que pour la France, il faudrait citer :
– Le Puy-en-Velay, qui eut au Moyen Age l’importance de Lourdes aujourd’hui, attire encore plusieurs centaines de milliers de pèlerins ou visiteurs chaque année.
– Rocamadour, étape de la route de Compostelle, dont la beauté du site approche celle du Mont-Saint-Michel, est visité par près d’un million de personnes tous les ans.
– Sainte-Anne-d’Auray, pèlerinage typiquement breton, bat des records d’afïluence le 26 juillet, jour du « pardon ».
Les Saintes-Maries-de-la-Mer, avec ses pèlerinages gitans le 25 mai et le 22 octobre
Notre-Dame de Chartres, destination du pèlerinage des étudiants, qui rassemble 40 000 d’entre eux chaque année à la fin de l’année scolaire. Comment ne pas mentionner également quelques-uns des pèlerinages célèbres d’autres pays :
Czestochowa, où convergent chaque 15 août des centaines de milliers de Polonais et d’étrangers ; ils viennent à pied de tous les coins du pays pour vénérer la Vierge noire de Jasna Gora (la « montagne claire » qu’on dit avoir été peinte par saint Luc. La ferveur nationale de ce pèlerinage est telle que les participants sont hébergés et nourris gratuitement par les paysans tout au long de leur chemin 2.
– Levoca, en Slovaquie, antique pèlerinage en l’honneur de la Vierge Marie ; malgré l’hostilité du gouvernement communiste qui multipliait les obstacles et les mesures d’intimidation, plus de 100 000 personnes s’y rassemblaient chaque année au mois de juillet. Cette dévotion a retrouvé des foules encore plus nombreuses depuis la chute du rideau de fer.
– Serguei Posad, anciennement Zagorsk, centre de la piété orthodoxe russe, maintenu en activité par le régime pendant la période soviétique comme alibi de la liberté de croyance religieuse3.
– Les pèlerinages de Terre sainte (Jérusalem, Bethléem, Nazareth…) où les dif¬férentes Eglises chrétiennes se sont péniblement réparti les lieux de culte.
– Les innombrables pèlerinages d’Espagne (500 000 personnes au pèle¬rinage andalou d’El Rocio, autant pour le monastère bénédictin de Montserrat en Catalogne…), ceux d’Italie (San Damiano près d’Assise, le monastère bénédictin de Monte Cassino…, à quoi s’ajoute évidemment Rome, fréquentée par des foules atteignant huit millions de pèlerins pendant les années saintes et les jubilés4.
– Vailanganni, le « Lourdes oriental », à 90 km au sud de Pondichéry attire plus d’un million et demi de pèlerins de toutes confessions au début de septembre. On y vénère Sainte Maman, nom donné localement à la Vierge.
Plutôt que de prolonger sans fin cette énumération, nous avons choisi de présenter avec plus de détails deux pèlerinages d’Amérique Ladne Notre-Dame de Guadalupe au Mexique et Copacabana en Bolivie ainsi que deux pèlerinages européens : Saint-Jacques-de-Compostelle, à cause de son passé prestigieux, et Notre-Dame de Fourvière à Lyon, qui nous a semblé représentatif d’un pèlerinage « moyen » comme il en existe tant.
Les pèlerinages d’Amérique Latine
Comme dans tous les pays catholiques, chaque village honore particulièrement un saint dont la fête est l’occasion de processions et de réjouissances. Le religieux et le profane forment un inextricable mélange pittoresque qui attire parfois autant de touristes que de pèlerins.
Comme ce fut le cas à l’époque de la christianisation de l’Europe, les sanctuaires sont souvent situés à l’emplacement d’anciens lieux de culte non chrétiens. 11 est difficile de savoir ce qui subsiste des anciennes croyances au plus profond de ces manifestations de foi.
Deux de ces pèlerinages ont acquis une célébrité internationale : Notre- Dame de Guadalupe et Copacabana.