La prière
L’homme s’exprime normalement par la parole. Il est naturel que celui qui croit en Dieu s’efforce de lui parler. Il arrive même que des incroyants ressentent, à quelque tournant de leur existence, le besoin d’une certaine forme de prière, d’un dialogue avec l’inconnu.
L’origine de la prière remonte à la nuit des temps, quand l’homme essayait d’apaiser par des incantations magiques l’hostilité des divinités innombrables dont il se sentait entouré.
Certaines religions attachent encore à la répétition de formules stéréotypées un pouvoir quasi magique. Le comble à cet égard est l’invention du moulin à prière, en usage dans le bouddhisme tibétain Un parchemin où est inscrit une prière est enfermé dans une boîte métallique cylindrique traversée par un axe autour duquel elle peut tourner librement. Par un léger mouvement de la main, on peut provoquer la rotation du cylindre qui est supposée équivaloir à la récitation de la prière qui y est contenue. Il existe aussi des moulins à prière à poste fixe, placés autour d’un sanctuaire : le fidèle peut les mettre en branle en les effleurant d’un geste de la main. Le sens de la circulation autour du temple doit être celui des aiguilles d’une montre.
L’usage du moulin à prière s’explique par la part considérable que tient la magie dans cette forme de bouddhisme : l’acte de réciter une prière porte en lui-même son effet de façon automatique, les dispositions de l’esprit importent peu, au contraire il est recommandé d’y faire le vide. Ainsi, plus on répète la formule de la prière, plus son effet se multiplie. L’idée vient donc naturellement d’augmenter le rendement de ces prières par un automatisme plus performant…
Quelle que soit la forme que prend la prière, celle-ci tient une place considérable dans la vie spirituelle.
Parfois la prière constate simplement que Dieu est le plus grand (le jillahu akbar des musulmans), c’est l’expression de la soumission à la volonté de Dieu, de l’acceptation de la condition humaine. Certains parlent dans ce cas de prière d’adoration.
A d’autres moments, c’est un sentiment de reconnaissance qui domine : la chance de vivre, d’exercer sa liberté, de se sentir guidé par la croyance en Dieu, s’exprime par une prière de remerciement. Les chrétiens parlent alors d’action de grâce, ce qui se dit en grec eucharistie, c’est un autre nom de la messe.
Enfin, de façon plus courante, la prière est une demande. (C’est le sens habituel de l’expression «je vous prie… »). Très fréquemment, devant un événement important, le croyant, même non pratiquant, demande à Dieu la réalisation de ses souhaits.
Cependant de nombreux croyants n’ont pas le talent ou l’inspiration nécessaires pour s’adresser à Dieu de façon personnelle ; ils se contentent des prières standardisées de leur religion, composées pour différentes occasions. Certaines de ces prières, fixées de longue date par la tradition, sont psalmodiées ou chantées pour ajouter à l’hommage des mots celui de la beauté. Dans l’Islam, il en est ainsi de l’appel du muezzin à la prière comme de la récitation des versets du Coran.
Il arrive que certaines religions recommandent de réciter des prières dans la langue de leur texte d’origine, quoique celle-ci soit souvent inconnue ou mal comprise des fidèles. C’est le cas des textes en pali du bouddhisme, de ceux du Coran dans l’Islam non arabe et jusqu’à une date récente, des prières en latin dans le monde catholique.
Les gestes qui accompagnent la prière sont, eux aussi, fréquemment fixés par l’usage ; par exemple les prières juives s’assortissent de balancements du corps et les prières chrétiennes débutent par le « signe de croix » ‘.
Toute vie spirituelle consacre une place considérable à la prière. Nombreux sont les croyants qui prient plusieurs heures par jour. La forme et le contenu de ces prières diffèrent selon les religions mais peut-être plus encore selon les fidèles. Faute de pouvoir être exhaustif, nous décrirons quelques aspects de la prière dans les trois grandes religions monothéistes.